Opérateurs télécom : les technologies qui bouleverseront la donne dans les années à venir

Différentes tendances technologiques vont bouleverser les règles du jeu au sein du secteur des télécommunications dans les trois à quatre années qui viennent. Voici 7 pistes de réflexion à suivre.

 « A l’arrivée de chaque nouvelle technologie, c’est le cadre qui change, pas simplement l’image à l’intérieur du cadre » – Marshall McLuhan, philosophe canadien de la théorie de la communication. 
Dans le secteur des télécommunications, en particulier, l’environnement a sans aucun doute évolué, et ce changement est appelée à se poursuivre.
Rares sont ceux ayant prévu que les opérateurs télécom se trouveraient d’abord aux prises avec une crise économique mondiale, avant de faire face à de nouveaux défis et opportunités qui vont au-delà des évidences, comme la mobilité. Avec les progrès de la technologie, c’est la capacité même des opérateurs à identifier et exploiter rapidement les opportunités et à stimuler la croissance générée par certaines des tendances les plus prometteuses, qui est aujourd’hui mise à l’épreuve. 

Plusieurs défis auxquels les opérateurs ont été confrontés l’an passé sont encore d’actualité en 2013.
A titre d’exemple, le revenu moyen par abonné ne cesse de baisser, alors que le nombre de concurrents non traditionnels va croissant. L’envoi peu coûteux, voire gratuit de SMS, les forfaits économiques voix/données/multimédia et la prolifération de toutes sortes de terminaux – des téléphones aux moniteurs de santé en passant par les consoles de jeu – vont continuer de peser sur la capacité et la gestion des réseaux.  De fait, une nouvelle étude Accenture[1] révèle que plus de la moitié des personnes qui n’utilisent pas encore l’Internet mobile envisagent de le faire à brève échéance. 

Parallèlement, les entreprises sont toujours aussi séduites par la migration du trafic voix classique vers les réseaux de données et par l’adoption de technologies de convergence fixe-mobile, afin de créer une expérience mobile continue et « sans couture ». 
Les tendances technologiques sont sources de défis et d’opportunités. Différentes tendances technologiques vont bouleverser les règles du jeu au sein du secteur des télécommunications dans les trois à quatre années qui viennent. En conséquence, les opérateurs seraient bien avisés de prendre un certain nombre de mesures.

Ne pas perdre de vue les services contextualisés

Imaginons un scénario dans lequel un opérateur identifie des abonnés en situation d’itinérance et leur propose des offres spéciales sur des voyages, des hébergements et d’autres services utiles dans la localité où ils viennent d’arriver. Pour s’imposer en tant qu’acteurs sur cette scène, les opérateurs doivent collecter et exploiter des informations contextuelles spécifiques – environnement commercial, lieu, contexte social, habitudes de consommation, préférences d’achat – mais aussi prendre en considération de nouvelles sources telles que la géolocalisation, le moment de la journée et les informations issues des plates-formes sociales, tout en conciliant l’aspect pratique avec la législation sur le respect de la vie privée et les attentes des clients dans ce domaine.

Adopter et gérer les « big data »

Avec les interactions des clients par le canal du téléphone, de l’e-mail, de la messagerie instantanée et des plates-formes sociales, couplées à la prolifération des nouveaux équipements, la demande de données va sans cesse en augmentant. Les opérateurs ont commencé à harmoniser les technologies et services au sein de leurs réseaux. À titre d’exemple, pour un client « quadruple play » utilisant des services voix-vidéo-multimédia-données, différentes règles de facturation doivent s’appliquer pour prendre en compte correctement les divers types de données. Au Kenya, l’activité banque mobile de Safaricom, M-Pesa, intègre des services tels que les virements à distance, les dépôts et retraits d’espèces, mais aussi la facturation des services collectifs (électricité, gaz, eau…).
De toute évidence, il sera nécessaire d’« industrialiser » la gestion des données, mais également de mettre en place des équipes de gouvernance afin de faire le tri dans la masse des données et de créer de nouvelles architectures, interfaces et règles pour la validation et la gestion de ces données.
Le problème ne réside plus tant dans l’absence de données suffisantes que dans celle de données pertinentes, et dans la rapidité de leur exploitation pour des prises de décisions en temps réel, susceptibles d’orienter les investissements d’infrastructures, la gestion des services, les règles réseau et les offres haut de gamme. 

Trouver leur place dans le cloud mobile

Le cloud mobile est en marche, les particuliers comme les professionnels faisant appel à un éventail de solutions de stockage dans le cloud pour conserver, récupérer et consommer des contenus en situation de mobilité. Les opérateurs télécom attirés par ce marché lucratif doivent affronter certains géants du Web qui ont été les pionniers de ce type de services. En dépit de la concurrence, de nouvelles opportunités s’offrent aux opérateurs mobiles de développer leurs propres solutions pour le stockage sécurisé des données personnelles de leurs clients, dont le volume est en plein essor. Sachant que la plupart des abonnés utilisent des équipements de différentes marques, il est primordial qu’ils puissent accéder à leurs données et à d’autres médias par-delà les cloud personnels des fabricants, et les opérateurs mobiles sont idéalement placés pour leur proposer de tels services. 

Surfer sur la vague du M2M

La formidable croissance attendue dans les télécommunications de machine à machine (M2M) intensifie la concurrence dans l’ensemble de l’écosystème. Certains opérateurs misent sur la connectivité embarquée (télématique) pour dégager de nouveaux revenus.
De fait, en 2012, des opérateurs mobiles américains ont signé avec les grands constructeurs automobiles d’importants contrats qui pourraient s’étendre à d’autres marchés verticaux, tels que la santé, la gestion de flotte automobile ou la domotique. Avec la multiplication des équipements connectés, il deviendra de plus en plus difficile pour les opérateurs de convertir l’« Internet des objets » en un marché rémunérateur. Les opérateurs doivent donc s’intéresser aux tendances qui se dessinent dans les segments verticaux porteurs, à l’exemple de la santé ou de la distribution, et étudier les possibilités de partenariats stratégiques en vue d’exploiter de nouveaux gisements de valeur. 

Utiliser les médias sociaux pour échanger avec les clients

Les plates-formes sociales drainent les consommateurs vers des sites Web où ils s’attendent à avoir accès 24 heures sur 24 à des informations et à une communauté. Même si la monétisation des médias sociaux n’en est encore qu’à ses prémices, les opérateurs devraient s’efforcer d’élargir la gamme de services disponibles sur ces plates-formes (gestion des réclamations, état du réseau, assistance en libre-service ou encore avis clients) et mettre ces dernières à profit, pour promouvoir leurs nouvelles offres et renforcer leur image de marque. 

Proposer un hébergement de qualité

Le modèle PaaS (Platform as a Service), qui désigne les télécommunications hébergées, va continuer de se développer, offrant aux opérateurs l’occasion tant attendue de se concentrer sur l’innovation en lieu et place de la réduction des coûts. Certains opérateurs proposent par exemple des outils M2M pour aider les entreprises à gérer leur infrastructure à partir d’un environnement hébergé. Un opérateur européen permet ainsi aux entreprises d’effectuer la surveillance, le suivi et la gestion de leurs équipements dans une cinquantaine de pays. 

Orchestrer les ressources et les réponses en matière de sécurité

À mesure que les opérateurs développent leurs relations avec les fournisseurs de contenus et d’autres partenaires, ils se trouvent confrontés à des menaces potentielles pour la sécurité, allant du vol d’identité au piratage de SMS. Il sera donc essentiel d’adopter des plates-formes de données et des méthodes d’orchestration permettant de réunir les ressources appropriées - rapidement - au moment voulu, afin de prévenir et de traiter les problèmes de sécurité.
En conclusion, les opérateurs et leurs DSI devraient d’ores et déjà intégrer les grandes tendances technologiques évoquées, afin de pouvoir centrer les discussions sur les technologies et – plus important encore – leur impact sur l’activité et sur les nouveaux projets susceptibles d’en découler.