Le grand mécano des opérateurs télécoms finira bien par s'enclencher

Le grand mécano des opérateurs télécoms finira bien par s'enclencher Même si Bouygues oppose un démenti formel à de nouvelles négociations en vue d'une cession de son pôle télécoms, les experts sont persuadés que le marché français ne restera pas en l'état.

C'est Bouygues qui le dit lui-même sous forme d'un démenti : il ne discute avec aucun opérateur en vue de lui vendre sa filiale télécoms. La rumeur revient pourtant régulièrement, tant les experts du secteur sont convaincus qu'elle finira bien par se traduire dans les faits. Depuis l'échec des négociations entre Stéphane Richard et Martin Bouygues au début de 2016, tout le monde reste persuadé que le marché français ne pourra rester en l'état. Mais ce qui est vrai sur le papier, ne l'est pas forcément dans la pratique. Car même si les acteurs locaux sont toujours au nombre de quatre, les solutions de rapprochement possible ne sont pas légion. Pour des raisons objectives, mais surtout subjectives. Orange, lui, s'est reporté sur d'autres terrains de jeu. Son patron discute actuellement avec Vincent Bolloré en vue, éventuellement, de mettre la main sur Canal +. Et ce, afin de contrer les ambitions de Patrick Drahi résolument tourné vers les médias. Une façon habile pour Stéphane Richard d'enrichir son offre de contenus (films et sport) au moment même où il s'apprête aussi à lancer sa banque en ligne.

C'est avec SFR que Martin Bouygues a le plus de chance de trouver un accord

De son côté, Xavier Niel est parti à l'assaut de l'Italie. Il avait commencé en prenant un pied dans Telecom Italia (qu'il a recédé depuis) mais il a manifestement trouvé mieux en récupérant des fréquences vendues par Wind et Hutchinson en vue de leur rapprochement. Il a également acquis des antennes. Le tout pour environ un milliard d'euros. Il a d'ailleurs prévenu tout le monde : il entend "révolutionner" le marché italien, et en prendre, dans un premier temps, 10 à 15%. Xavier Niel et Martin Bouygues ne sont, de toute façon, pas en bons termes depuis que le premier a largement contribué à l'échec de la fusion du second avec Orange.

Ne reste donc plus que la solution d'une consolidation avec Patrick Drahi. Mais là encore, toutes les "bonnes fées" ne sont pas autour du berceau. D'abord parce que l'homme fort d'Altice n'a plus autant les coudées franches pour proposer 10 milliards d'euros à Martin Bouygues, somme qu'il avait trouvée trop juste en 2015. Altice s'est effectivement lancé, depuis lors, dans d'autres projets d'investissement tout aussi onéreux aux Etats-Unis et aurait du mal à mettre autant sur la table, sauf à s'associer à d'autres investisseurs ou à imaginer d'autres montages financiers. Le groupe de Patrick Drahi multiplie d'ailleurs davantage les opérations de désendettement depuis quelques mois. Et s'arrange même pour faire remonter du cash, comme on peut le voir avec ses velléités sur SFR. Il n'empêche. C'est quand même avec ce dernier que Martin Bouygues a le plus de chance de trouver un accord. Mais comme d'habitude, encore faut-il que les parties s'entendent sur le prix et sur les efforts à consentir pour amadouer le régulateur.

Article originel publié sur WanSquare par Pascale Besses-Boumard le 14/02/2017.

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