Vers une automatisation des réseaux

Le passage à l'automatisation des réseaux est sans doute le problème le plus difficile à résoudre pour les fournisseurs de services de communications actuellement : le réseau est-il en bon état ?

Cet enjeu est au centre de nombreuses conversations entre les équipes informatiques et fait l'objet d'un nombre croissant de conférences dans le monde entier.

D’ailleurs, une enquête récente menée par Heavy Reading a révélé que 81% des personnes interrogées estiment qu’une plus grande automatisation du réseau est nécessaire pour rester compétitif et augmenter la valeur pour le client. En outre, 78% des personnes interrogées estiment que l'évolution vers l'intelligence artificielle (IA) pour les opérations informatiques (AIOps) est essentielle pour l'avenir de l'automatisation, 77% pensent que l'automatisation des réseaux est nécessaire pour faire face aux demandes de trafic et 75% pensent que la complexité du réseau est une raison essentielle d'investir dans l'automatisation.

Comprendre l’automatisation des réseaux

Des multiples conversations et études conduites sur le sujet, il ressort principalement que les réseaux sont de plus en plus volumineux et complexes. En cause, le multicloud, les réseaux définis par logiciels (SDN), la 5G ou encore les connexions inter réseaux toujours plus nombreuses, pour ne citer que quelques exemples. Or, les entreprises et les organisations n'augmentent pas pour autant le nombre de personnes en charge de l’exploitation des réseaux, car en réalité, l’automatisation des réseaux n’en est qu’à ses débuts. Aujourd’hui, les fournisseurs de services et les entreprises donnent la priorité à ce qui doit être automatisé, en s’appuyant sur un éventail de solutions allant des applications « maison », aux solutions commerciales, en passant par le soutien d’un opérateur réseau (OSS) ; en raison de la jeunesse de la technologie, les entreprises manquent encore de spécialistes de l’automatisation pour mener à bien ce projet.

L'approvisionnement en services et le dépannage des réseaux/services figurent, en tête de la liste des choses à automatiser. Le déploiement des appareils, les mises à jour des microprogrammes de fourniture de services, la planification des capacités, l'ingénierie du trafic et la conception des réseaux figurent également parmi les principales cibles de l'automatisation. De plus, l’augmentation considérable et continue du trafic réseau et sa transformation – comme ce fut notamment le cas des « nouveaux » modèles de trafic ayant émergé durant et depuis la pandémie –, ainsi que le passage au cloud, rendent le contrôle manuel du réseau de plus en plus difficile. En d'autres termes, il n'y a pas assez de mains pour tourner tous les cadrans.

Comprendre les défis de l'automatisation des réseaux

Le défi de l'automatisation des réseaux est peut-être le mieux illustré par les réseaux autonomes 5G. Le mouvement vers le cloud avec la 5G promet d'inaugurer une nouvelle vague de services d'entreprise spécialisés qui nécessitent une latence ultra-faible et une bande passante et une fiabilité ultra-élevées pour des applications telles que la fabrication robotique, la réalité augmentée/virtuelle (AR/VR), l'exploitation minière, la médecine à distance, les jeux, les villes intelligentes, et bien plus encore. Mais le passage à une infrastructure virtualisée, désagrégée et conteneurisée pose des défis inédits aux équipes d'exploitation et d'ingénierie chargées de faire fonctionner ces réseaux. Le trafic du plan de contrôle peut être chiffré avec Transport Layer Security (TLS) 1.2/1.3, les paquets n'identifient plus les fonctions réseau, lesquelles peuvent être désagrégées et instanciées de manière variable sur différentes ressources de calcul. Se pose alors la question du maintien de la visibilité dans ce réseau 5G « nuageux » ?

Par ailleurs, si de prime abord, la tâche parait simple, il est de plus en plus difficile pour les équipes d’exploitation et d’ingénierie de maintenir le bon fonctionnement du réseau, en raison de sa complexité croissante. Elles doivent le surveiller en permanence et signaler toute anomalie en apportant le plus de contexte possible, afin de pouvoir maximiser la connaissance de la situation.

Enfin, nombreux sont ceux qui considèrent les paquets IP comme la source d’information la plus fiable au sein du réseau par rapport à NetFlow, aux journaux d'erreurs ou à d'autres méthodes de visibilité du réseau, car ils représentent le mieux la signalisation réelle et le trafic du plan de l'utilisateur sur le réseau. Cependant, l'accès aux paquets IP doit être rentable et efficace afin que les opérateurs réseau disposent d’une visibilité de bout en bout, au moins en temps quasi réel. La mise à jour constante de la construction du réseau ou de la cartographie des dépendances de service est également essentielle pour fournir une visibilité et des informations exploitables. Les réseaux n'étant pas statiques, la conception du réseau d'hier ne reflète pas toujours la configuration réelle du réseau d'aujourd'hui. Tout aussi important, les applications de surveillance des performances et d'assurance des services doivent fournir non seulement un triage réactif et proactif des services, mais aussi évoluer pour devenir prédictives et prescriptives avec l'aide de l'intelligence artificielle (IA) et du machine learning (ML).

L’automatisation vit aujourd’hui ses premières heures, et reste encore à l’état de concept ou de projet futurs pour de nombreuses entreprises. Grâce aux technologies telles que l’IA ou le machine learning, les complexités inhérentes aux réseaux en perpétuels mouvements, sont vouées à disparaitre progressivement et les équipes IT et réseaux qui adopteront l’automatisation pourront retrouver de la sérénité dans la gestion quotidienne de leurs réseaux, et se concentrer davantage sur leur maintien, leur évolution et leur protection. C’est cette confiance qui doit encourager les équipes à adopter l’automatisation dans les mois et années à venir.