Et maintenant, des arbres OGM qui poussent 20% plus vite

Et maintenant, des arbres OGM qui poussent 20% plus vite L'entreprise israélienne qui les a créés devrait commencer l'exploitation en 2015. Ses clients ? L'industrie du meuble, celles du papier et de l'énergie.

En apparence, rien ne distingue des autres cette petite plantation d'eucalyptus à Angatuba, au sud du Brésil. Elle fait pourtant partie des quatre champs d'essais d'arbres génétiquement modifiés que mène actuellement FuturaGene. Cette start-up israélienne a transféré un gène provenant d'une herbe vivace, Arabidopsis thaliana, dans les cellules de l'arbre afin de stimuler sa production de cellulose. 

Résultat : "le rendement moyen est 20% plus élevé que pour un arbre normal", se félicite Mike May, en charge de la communication de FuturaGene. "Pour la même surface cultivée, nos arbres produisent 54 mètres cubes de bois, 9 de plus que la moyenne".

Le cycle est également accéléré : les arbres peuvent être coupés après cinq ans et demi contre sept ans pour un eucalyptus normal. De quoi alimenter l'industrie papetière, mais aussi fournir des granulés bon marché pour le chauffage, du bois d'ameublement ou même servir à fabriquer de l'éthanol.

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FuturaGene mène des tests d'arbres génétiquement modifiés sur 40 hectares de forêt au Brésil. © FuturaGene

FuturaGene n'est pas une start-up farfelue. Fondée en 1993 en Israël, elle a été rachetée en 2010 par le géant brésilien Suzano, le deuxième producteur mondial de pulpe de bois, qui possède 500 000 hectares de forêt. Ce qui a naturellement facilité ses essais dans le pays, par ailleurs plutôt conciliant en matière de réglementation. Une demande d'autorisation auprès de la National Biosafety Commission (qui régule les activités de biotechnologie au Brésil) est en cours. "Si tout va bien, nous pourrons démarrer l'exploitation commerciale en 2015", anticipe Mike May. Des essais sont également en cours en Chine et "plusieurs autres pays sont intéressés".

"Nos plantations, plus concentrées, exigent moins de surface, moins de transport et moins de produits phytosanitaires"

Les associations écologistes, elles, s'alarment déjà d'un "désastre écologique". Selon elles, ce type de culture ne ferait qu'accélérer le recul des forêts naturelles au profit de la monoculture. De plus, même si les arbres OGM sont stériles, une dissémination est toujours possible par le transport du vent, de l'eau ou d'oiseaux. 

Une crainte balayée par l'entreprise, qui rappelle que "800 essais d'arbres génétiquement modifiés ont été menés dans le monde depuis 1988 et aucun n'a montré d'impact sur la biodiversité, la santé humaine ou l'environnement". Au contraire, FuturaGene se targue de combattre la déforestation grâce à sa technologie. "12 millions d'hectares sont abattus chaque année et la demande en bois augmentera de 25% d'ici 2025. Nos plantations, plus concentrées, exigent moins de surface, moins de transport et moins de produits phytosanitaires" soutient  Mike May.

FuturaGene n'est pas la seule start-up à miser sur les arbres génétiquement modifiés. ArborGen, le plus gros fournisseur de graines pour l'industrie forestière, développe des eucalyptus avec une qualité de pulpe "améliorée" et résistants au gel, ou des peupliers à croissance rapide. Une espèce "parfaitement adaptée aux climats européens". Reste à convaincre les autorités.