"C'est l'enfer d'investir en France" : les patrons de TotalEnergies et d'EDF étrillent la bureaucratie
"Ce n'est pas possible de continuer comme ça", tranche Patrick Pouyanné. Lors du colloque annuel de l'Union française de l'électricité (UFE) à Paris, le patron de TotalEnergies a déploré la complexité de l'administration française : "Je ne peux pas continuer à investir dans un pays, à avoir autant de personnes qui me coûtent de l'argent pour un rendement aussi faible", a-t-il déclaré ce mardi, selon Les Echos, pointant "un problème d'espace", de "réglementation", et "de volonté collective".
"Il faut qu'on simplifie le processus. Je suis désolé mais quand je regarde, [en France], j'ai 500 développeurs d'énergies renouvelables qui arrivent à faire péniblement 300 à 400 mégawatts par an […]. Aux Etats-Unis, j'ai construit 2 GW en un an", a comparé le PDG du groupe privé français. Celui-ci a d'ailleurs indiqué que TotalEnergies avait revu à la baisse de moitié son objectif d'atteindre une production électrique de 10 GW d'ici à 2030 dans le pays.
"Ce n'est pas juste l'enfer pour faire du renouvelable"
Patrick Pouyanné a notamment pointé du doigt la loi d'accélération des renouvelables, adoptée en 2023 et qui, selon lui, a "tout ralenti". "Quand je dois rencontrer la patronne de la CRE [Commission de régulation de l'énergie], j'ai 50 pages à lire de trucs divers et variés car le diable est dans les détails. Quand je vois le ministre du pétrole d'Arabie, c'est plus simple", a-t-il raillé.
"C'est vrai, c'est l'enfer d'investir en France pour des raisons réglementaires et ce n'est pas juste l'enfer pour faire du renouvelable", a abondé Luc Rémont quelques minutes plus tard. Pour le PDG de l'entreprise publique EDF, "c'est l'enfer pour un industriel qui veut se raccorder, pour raccorder un data center au réseau électrique, c'est des délais administratifs qui sont juste incommensurables avec ce qu'on vit ailleurs dans le monde."