Épargne : anticiper sur l’avenir en diversifiant son portefeuille

Même si les Français ont pour tradition de privilégier l’investissement immobilier, il faut tout de même ajouter des produits d’épargne financiers à son portefeuille.

Nous nous trouvons aujourd’hui dans un contexte économique morose, avec des taux d’intérêt bas voire négatifs sur le marché. Difficile, donc, de songer à épargner lorsque l’argent ne fructifie pas ou pire, se dévalue. Pour analyser cette situation, il faut comprendre qu’elle est d’abord la conséquence d’une croissance au ralenti, tout particulièrement dans les pays développés. Ensuite, qu’elle est en partie liée aux changements systémiques que connaît actuellement notre planète : transition démographique et remise en cause du capitalisme, sur fond de crise écologique.

Le corollaire naturel d’une croissance en berne est une inflation qui peine à se maintenir à des taux corrects. Traditionnellement, les banques centrales estiment que le taux d’inflation idéal est de 2%. Il incite ainsi à la consommation sans pénaliser le pouvoir d’achat des foyers. L’inflation pour l’année 2019 est aujourd’hui estimée à 0,9% en France, et, à titre de comparaison, à 0,7% en Italie et 1,5% en Allemagne. L’Europe dans son ensemble connaît actuellement une croissance excessivement faible et des taux d’intérêt très bas. Cet été a ainsi été historique en France, où les taux d’intérêt à 10 ans sont devenus négatifs.

Épargner pour anticiper sa retraite

Si cette tendance présente certains avantages, en particulier pour l’achat sur le marché immobilier, elle constitue dans son ensemble un problème, qui accentue celui du financement des retraites. Le problème du financement des retraites est particulièrement français. Nous sommes aujourd’hui le pays où le système par répartition a le plus de poids. Avec l’inversion en cours de la pyramide des âges, nous nous dirigeons vers un modèle où les actifs ne seront plus assez nombreux pour financer les retraites de la catégorie senior de la population.

Les Français doivent donc se préparer à se constituer un petit capital, afin qu’il vienne compléter ce que le système par répartition pourra leur offrir dans le futur. C’est d’ailleurs l’inflexion voulue par l’État, qui tente actuellement de piloter des réformes pour inciter les épargnants français à se constituer eux-mêmes un capital – en combinant donc un système par répartition et par capitalisation. Dans un contexte où l’épargne ne fructifie pas sans risques, les épargnants ont donc besoin de varier leur portefeuille de produits financiers pour diversifier la prise de risque associée – et ainsi la réduire.

Désintermédiation : de nouveaux produits d’épargne sont disponibles

Le monde économique est aujourd’hui sujet à un mouvement de désintermédiation. Dans le domaine bancaire, les banques ne sont plus les uniques pourvoyeuses de produits d’épargne. Aujourd’hui, un particulier peut en effet effectuer la plupart de ses opérations en ligne et donc se tourner vers de nouveaux acteurs financiers, qui lui proposent des produits d’investissement inédits et ce, à moindres frais. Une réalité particulièrement soulignée en matière d’épargne, tant sur des produits traditionnels – assurance vie, épargne salariale ou encore épargne retraite – que sur de nouveaux produits, tels que le crowdlending (prêt aux particuliers ou aux entreprises) ou le crowdfunding.

Cette entrée de nouveaux acteurs bénéficie aux épargnants, car une plus forte concurrence implique une meilleure transparence et des produits plus avantageux. Les épargnants doivent donc tirer profit de cette mutation du marché financier, en faisant jouer la concurrence pour trouver la meilleure offre. Afin de bénéficier de ces nouvelles sources de rentabilités malgré la baisse des taux d’intérêt, il est surtout nécessaire de se tenir informé, car l’épargne demeure malgré tout un domaine complexe.

En France, la tendance dominante reste d’être propriétaire de sa résidence principale et d’investir son épargne dans son remboursement. À moins d’un changement de paradigme fiscal, qui remettrait en cause le modèle de la propriété, celui-ci a encore de beaux jours devant lui. Néanmoins, il importe de diversifier autant que possible son épargne en allant chercher de nouveaux produits à faire fructifier. À ce titre, l’État crée aujourd’hui des mesures incitatives pour donner un nouvel essor à l’épargne salariale, afin de faire participer les salariés à la performance de l’entreprise, et d’en constituer ainsi un pilier de l’épargne des Français.