Banques françaises : comment elles croquent les start-up

Banques françaises : comment elles croquent les start-up Fonds de corporate venture, financements directs, rachats… Voici un panorama des investissements des banques françaises dans les start-up.

Entre les banques et les start-up, il y a comme un air de "je t'aime moi non plus". Certaines jeunes pousses se limitent à des collaborations ponctuelles tandis que d'autres laissent entrer les banques dans leur capital. Ces deux dernières années, les mariages entre les deux acteurs se sont accélérés. Prises de participations, partenariats technologiques, rachats… Le JDN a demandé aux six principales banques françaises une série de données liées à leurs investissements dans les start-up. Toutes ont répondu à notre sollicitation. Certaines n'ont en revanche pas souhaité communiquer sur tous les points.

BNP Paribas est une des banques les plus actives sur la planète start-up. Elle a investi 62 millions d'euros dans des jeunes sociétés innovantes depuis 2012. La banque de la rue d'Antin a d'abord commencé par investir de manière indirecte (40 millions d'euros) via 18 fonds d'amorçage régionaux et des fonds de capital-risque comme Partech Ventures, Elaia, Breega ou encore Serena Data Venture. Depuis 2012, 22 millions d'euros ont été injectés dans des start-up (directement et indirectement) via sa filiale BNP Paribas Développement. Le montant moyen d'un ticket est de 100 000 euros en phase d'amorçage et de 500 000 euros en phase de développement. Pour les trois années à venir, le groupe entend investir chaque année entre 30 et 60 millions d'euros, soit entre 10 et 20 millions d'euros par an.  

*Ce montant est incomplet. Il ne ccomprend que les investissements dont les montants ont été communiqués. **Les 100 millions d'euros correspondent au montant de deux fonds lancés début 2017. © JDN

Le Crédit Agricole est également un gros investisseur dans le monde du digital. En 2016, la banque verte était le troisième investisseur dans des start-up en France, à égalité avec le fonds Partech Ventures, selon une étude de CB Insights. Seuls Bpifrance et le fonds d'investissement de Xavier Niel, Kima Ventures, l'ont devancé. Le montant total injecté ces dernières années dans des start-up n'est pas connu. La banque communique seulement sur le chiffre de 100 millions d'euros, qui ne correspond pas au total investi à ce jour dans des start-up mais au montant de deux fonds de capital innovation (de 50 millions d'euros chacun) lancés en mars 2017. Le premier dédié au financement des start-up hors Île-de-France est spécialisé dans des domaines considérés comme stratégiques : l'agriculture, l'agroalimentaire, l'énergie, l'environnement, le logement, la santé, le tourisme et la mer. Le deuxième concerne les fintech utilisant des technologies telles que le big data, la blockchain ou encore la cybersécurité. L'enveloppe pourrait passer de 100 à 200 millions d'euros, selon le Crédit Agricole. 

Crédit Agricole a lancé deux fonds de capital innovation d'un montant total de 
100 millions d'euros 

Crédit Mutuel Arkea est aussi connu pour son engagement auprès des start-up, que ce soit sous forme d'accompagnement ou de prises de participations. Elle a déjà investi dans six d'entre elles (les montants ne sont pas communiqués) : Fluo (assurance), Grisbee (agrégation), Linxo (agrégation), Younited Credit (prêt), Masuccesion.fr et Yomoni (robo-advisor). La banque mutualiste a aussi investi 20 millions d'euros cette année pour créer sa propre start-up, Max, un assistant personnel qui propose des services d'agrégation et de conciergerie.

Le groupe BPCE a quant à lui participé aux levées de fonds de six fintech, via son fonds Seventure Partners, une filiale de sa banque d'investissement Natixis. Le montant total de ses investissements n'est pas connu car le groupe a communiqué sur seulement cinq de ces investissements, pour un total de 14,5 millions d'euros. Par ailleurs, le fonds Seventure Partners a investi dans d'autres start-up mais toutes les données ne sont pas disponibles.

* Ce chiffre désigne seulement les fintech. Le groupe BPCE a investi dans d'autres start-up dont les détails n'ont pas été transmis. © JDN

La Banque Postale et Société Générale ont chacune investi dans seulement une start-up. Société Générale a pris 8% du capital de TagPay, un fournisseur en technologie de paiement mobile, tandis que La Banque Postale a pris 10% du capital de WeShareBonds, une plateforme de crowdlending. Les deux banques privilégient les partenariats avec les jeunes pousses. Société Générale a récemment lancé un dispositif d'accompagnement de start-up partout en France et un incubateur fintech à La Défense. De son côté, la banque du groupe La Poste s'est associée à TalkToPay en 2011. Ensemble, ils ont lancé en 2017 un service d'authentification vocal de paiement en ligne.   

Investissements connus des banques françaises dans les start-up
Banques  Nom Date  Montant (en millions)
BNP Paribas Smartly.io  sept-16 NC (15% du capital) 
  Ulule  sept-16 1,3
  PayCar  nov-16 NC 
  Saagie  nov-16 NC
  Fortia févr-17 NC 
  Realytics  mars-17 NC 
BPCE Streamdata.io  sept-13 3
  Payleven (ex-SumUp) févr-16 3
  Anytime  nov-16 4,5
  Idnow nov-16 2
  Yelloan  déc-16 1,75
  Aston Trade Finance févr-17 NC 
Crédit Agricole  Linxo   janv-16
 sept-17
NC 
  MiiMosa juin-16 NC 
  Stokkly  juil-16 NC 
  Helpfood  sept-16 NC 
Crédit Mutuel Arkéa  Younited Credit  oct-11
mai-12
juil-15
sept-17
NC
  Linxo  mai-12
 sept-17
0,53 (en 2012)
  Yomoni juin-15
 fév-17
NC
  Grisbee oct-16 3
  Masuccession.fr  janv-17
nov-17
NC (30% du capital)
  Fluo  févr-17 2
La Banque Postale WeShareBonds oct-16 10% du capital
Société Générale  TagPay  juil-16 1

Avec une trentaine d'investissements, BNP Paribas détient le record des banques françaises en la matière. L'établissement de la rue d'Antin a pris des participations dans une trentaine de start-up comme la plateforme de crowdfunding Ulule, la regtech Fortia, le spécialiste du big data Saagie ou encore la solution pour acheter une voiture d'occasion PayCar. Elle multiplie les contacts avec les jeunes sociétés innovantes : programme de mise en relation avec des ETI et grands groupes, lieux d'innovation… Elle envisage d'ouvrir un programme d'accélération fintech et insurtech à Station F, en partenariat avec l'accélérateur américain Plug and Play.

Outre les investissements, les banques se livrent également à des rachats de start-up. Le plus gros d'entre eux (encore un record) a été réalisé par BNP Paribas. En avril 2017, elle a acquis pour plus de 200 millions d'euros Compte-Nickel. L'année 2017 a aussi été marquée par le rachat de la plateforme de crowdfunding KissKissBankBank par La Banque Postale pour un montant non communiqué. BPCE a racheté cinq start-up toutes issues du monde du paiement et la banque en ligne allemande Fidor Bank. Le groupe a d'ailleurs créé une entité chargée de ces rachats, S-Money, rattachée à Natixis.

BPCE a racheté cinq start-up dans le paiement (cliquez pour zoomer). © JDN