Valoo (ex-CBien) se risque à l'assurance à la demande

Valoo (ex-CBien) se risque à l'assurance à la demande La start-up qui propose un service d'inventaire de biens en ligne pour faciliter les déclarations de sinistres permet désormais d'assurer des objets à la journée.

Deux changements en un. La plateforme de service d'inventaire d'objets CBien annonce son changement de nom pour Valoo et lance une assurance à la demande. Le principe est simple : il suffit d'enregistrer un bien sur l'application Valoo (via la photo d'une facture, la référence du produit…) et de cliquer sur un bouton pour l'assurer. Même chose pour arrêter l'assurance. "L'utilisateur peut assurer le nombre de jours qu'il souhaite son objet et paie seulement quand il a activé l'assurance. Par exemple, quand il part à la montagne, il peut assurer ses skis et sa GoPro pendant la durée de son séjour. C'est plus logique que de prendre une assurance à l'année", explique David Gascoin, cofondateur de Valoo. Cette offre n'est pas sans rappeler celle de l'assurtech américaine Trov, qui propose aussi une assurance à la journée (ou la demi-journée) au Royaume-Uni, en Australie et bientôt aux Etats-Unis, comme nous l'a récemment raconté son fondateur.

Chez Valoo, l'assurance d'un objet est comprise entre 11 centimes et 1 euro par jour, en fonction de sa valeur. La société, qui référence déjà plus de 10 millions d'objets sur sa plateforme d'inventaire, assure pour le moment les smartphones, tablettes, enceintes, appareils photo, vélos, skis, guitares, consoles de jeux et casques audio d'une valeur de 100 euros minimum. L'application est téléchargeable gratuitement mais l'utilisateur doit payer 6,30 euros lors de la souscription de son contrat (qui comprend tous les objets). "C'est une somme qui correspond à la taxe attentat qu'on doit reverser à l'état et aux frais bancaires (la taxe attentat est prélevée sur chaque contrat incluant une garantie dommages, ndlr)", justifie le cofondateur. Ensuite, il n'aura plus qu'à payer son objet à la journée", ajoute-t-il.

La start-up cible les jeunes et les parents qui voyagent de temps en temps. "Les jeunes aiment assurer des objets qui sont importants pour eux comme leur smartphone et leur guitare. Les parents qui ont besoin d'emporter des objets en vacances et en week-end pour leurs enfants ont aussi tout intérêt à souscrire à une assurance à la demande", souligne David Gascoin. La start-up ne se fixe pas d'objectifs en termes de contrats signés ou de jours protégés.

Cap vers la Suisse et l'Allemagne

Comme Valoo a seulement un statut de courtier en assurance, elle doit s'associer à une assurance. "Nous permettons la souscription, la détection de la valeur du bien, la déclaration de sinistres mais l'assureur fait le pricing de l'assurance, porte le risque et gère le sinistre", résume David Gascouin. Elle a choisi Altima, filiale de la Maif. "Elle est très adaptée pour travailler avec des start-up et elle a déjà des projets innovants à son actif", indique-t-il. "C'était compliqué pour la Maif de se lancer dans ce projet en raison des délais courts envisagés par Valoo (entre mai 2017 et janvier 2018). En plus, ce n'est pas pertinent pour la Maif de commercialiser une offre comme celle-ci à côté de son offre multirisques habitation particulièrement couvrante, y compris sur les objets nomades", confie Florent Villain, directeur général d'Altima Assurances. "En plus, nous avions déjà mené une expérimentation d'assurance à la demande", ajoute-t-il. La filiale de la Maif a testé une assurance pour les deux-roues de loisir pour une durée de 24 heures. L'offre a rencontré du succès et a été réintégrée dans l'écosystème de la Maif. Ce partenariat avec Altima ne veut pas dire qu'il faut obligatoirement être client d'Altima pour bénéficier de l'offre d'assurance à la demande. "Tous ceux qui téléchargent l'application peuvent souscrire à l'assurance", résume David Gascoin.

Valoo a seulement un statut de courtier en assurance. Elle travaille avec l'assureur Altima, filiale de Maif

La start-up souhaite dans un second temps travailler avec d'autres assureurs. D'autant que Macif, Matmut et Covéa, sont au capital de la start-up aux côtés de la Maif. "Contrairement à Trov, qui fonctionne avec un assureur par pays, nous voulons travailler avec plusieurs assureurs en même temps. On peut par exemple imaginer que demain la Macif veuille sortir une offre d'assurance à la demande avec nous. Dans ce cas, ce sera du co-branding", précise David Gascoin.

La jeune société souhaiterait aussi trouver des partenaires étrangers pour s'implanter au plus vite sur de nouveaux marchés. Elle s'est lancée il y a un mois au Luxembourg avec Bâloise Assurances et prévoit de se déployer en Suisse et en Allemagne cette année. Elle est également en discussions avec des acteurs britanniques et canadiens. "Il y a des chances qu'on aille au Canada en même temps que Trov", qui a prévu un lancement fin 2018, se réjouit David Gascoin.

Pour accompagner cette internationalisation, la jeune société compte réaliser une troisième levée de fonds (elle a déjà levé plus de 10 millions d'euros) cette année. Elle ne précise pas le montant souhaité mais elle assure qu'il sera très important. "Quand on voit ce qu'a levé Trov, on se dit qu'on va avoir besoin de beaucoup de fonds", avance le cofondateur. L'assurtech américaine a  levé 45 millions de dollars en 2017, notamment auprès de son partenaire réassureur Munich Re. Mais Valoo a une carte à jouer : Trov n'a pas encore prévu d'aller prochainement en France, en Allemagne, en Suisse et au Luxembourg.