Bleckwen lève 9 millions d'euros pour aider les banques à détecter les fraudes

Bleckwen lève 9 millions d'euros pour aider les banques à détecter les fraudes Avec ces fonds, la fintech française compte financer sa recherche en intelligence artificielle et attaquer les marchés britannique, allemand et américain cette année.

744 millions d'euros. C'est le coût de la fraude aux moyens de paiement en France en 2017, d'après le dernier rapport de La Banque de France. Même si le montant total a baissé en un an, le nombre de fraudes a quant à lui augmenté. Les banques développent soit des outils en interne pour lutter contre ce fléau ou font appel à des prestataires comme la fintech française Bleckwen, qui annonce au JDN une levée de fonds de 9 millions d'euros auprès de Ring Capital, de la société de gestion Tempocap, Engie Ineo et Bpifrance. Fondée en 2016 au sein d'Ercom, société experte en cybersécurité, Bleckwen a pris son envol début 2019 suite au rachat de sa maison-mère par Thales.

La jeune pousse propose une solution de détection et prévention de fraude sur les paiements basée sur du maching learning et non des moteurs de règles (quand un humain définit quelles sont les règles). "Nous utilisons le machine learning car cela permet d'obtenir une analyse de la fraude plus granulaire et d'améliorer la technologie car elle apprend au fur et à mesure. Surtout,  cela permet de détecter les fraudes en temps réel alors que cela met plus de temps pour un humain de changer des règles", explique David Christie, CEO de Bleckwen, qui vient tout juste d'être nommé. Un élément non négligeable avec l'instauration de l'instant payment en Europe depuis quelques mois. La technologie de Bleckwen réduirait de 99% les "faux positifs", (quand le système détecte une fraude alors qu'il n'y en a pas).

La start-up s'adresse aux institutions financières ainsi qu'aux prestataires de services de paiement (Adyen, Ingenico ePayments, Wordline…). Depuis le lancement de la technologie début 2019, Bleckwen a conquis plusieurs clients (elle ne précise pas combien), dont une grande banque française, et est en test avec une autre banque de l'Hexagone. "Nous avons entamé des discussions avec des banques britanniques, allemandes et des pays nordiques", complète le dirigeant. Côté business model, la start-up facture une licence et ajoute des frais de services en fonction des besoins de l'entreprise (aide pour gérer les outils par exemple).

Cap sur les Etats-Unis

La levée de fonds permettra à Bleckwen d'améliorer ses algorithmes et de créer des produits pour lutter contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme. "Cela représente un coût énorme pour les banques chaque année car elles doivent mobiliser beaucoup de personnes pour analyser les transactions. Les profils des terroristes changent énormément ce qui complique leurs tâches. Et les sanctions financières peuvent être élevées", fait remarquer David Christie.  Selon une étude de la société britannique Fortytwo Data, 18 des 20 plus grandes banques européennes ont déjà été sanctionnées pour des infractions aux dispositifs de lutte anti-blanchiment.

Le tour de table vise également à recruter majoritairement des data scientists et des profils produit. Bleckwen devrait passer de 35 à 50-55 personnes d'ici fin 2019. Et ces embauches ne concernent pas seulement la France mais aussi le Royaume-Uni, les pays nordiques, l'Allemagne et les Etats-Unis. "Le marché américain est deux fois plus grand en nombre de banques que le marché européen. Et l'instant payment commence à arriver, c'est donc le bon moment d'y aller", conclut David Christie.