Paiement : comment Paylib veut faire mieux qu'Amazon

Paiement : comment Paylib veut faire mieux qu'Amazon La solution de paiement créée par les principales banques françaises prépare une expérience similaire à celle du géant américain.

"Cliquez, c'est payé", c'est un peu le rêve de tous les e-commerçants. Le paiement en un clic est le graal de l'expérience utilisateur et l'assurance de réduire les abandons de panier. Aujourd'hui, Amazon est un des rares sites en France à proposer le paiement en un clic. Paylib travaille sur un projet similaire afin de permettre à ses plus de 3 000 e-commerçants partenaires de proposer cette option.

L'offre de paiement créée par les principales banques françaises propose déjà à ses partenaires une solution de paiement en ligne qui ressemble à PayPal. Sur la page de paiement, il suffit de cliquer sur le bouton Paylib (au lieu de Visa, Mastercard, PayPal...) et remplir ses identifiants. Ensuite, le client reçoit une notification sur son téléphone mobile où il confirme qu'il souhaite bien effectuer le paiement. Avec le paiement en un clic, l'étape de l'identification sera supprimée (sauf si c'est le premier paiement Paylib réalisé, il faut évidemment s'enrôler). "En fait, on fournit au marchand un ID Paylib qui va identifier l'internaute comme utilisateur Paylib acceptant le one clic", explique Luc Laffon, directeur du développement de la solution française.

"On fournit au marchand un ID Paylib qui va identifier l'internaute comme client Paylib"

Pour le marchand, cette nouveauté n'implique pas de changements. "Il n'y aucune évolution à faire dans le back office. On s'occupe toujours de gérer le lien entre Paylib et le numéro de la carte du consommateur", précise Luc Laffon. Pas de changement de prix non plus. "Cela ne coûte rien en plus aux marchands. C'est le même coût que l'encaissement par carte bancaire. Il n'y a pas de contrats spécifiques à signer. On est donc loin du niveau de tarification de PayPal qui commence à inquiéter les marchands", ajoute-t-il. L'Américain prélève une commission de 2,9% +0,35 euro par transaction (pour des paiements en euro), mais sa tarification peut être personnalisée en fonction des volumes du e-commerçant. Les tarifs de Paylib ne sont pas publics mais ils sont "moins élevés que PayPal" d'après un bon connaisseur du secteur.

Compatible avec la DSP2

Avec ce paiement en un clic, Paylib a un gros avantage par rapport à Amazon : il est compatible avec la directive sur les services de paiement (DSP2) qui comporte un volet sur l'authentification forte. A partir du 14 septembre 2019 (un délai pourrait cependant être accordé par les régulateurs européens), les transactions en ligne de plus de 30 euros seront vérifiés à l'aide d'au moins deux éléments d'authentification sur les trois suivants : un mot de passe que seul l'utilisateur connaît, un appareil (téléphone, carte à puce…) que seul l'utilisateur possède, une caractéristique personnelle de l'utilisateur (empreinte digitale, reconnaissance faciale…). Paylib coche bien deux cases : il enregistre les identifiants de l'utilisateur et il envoie une notification sur mobile. Le parcours d'Amazon ne semble pas adapté puisque pour acheter via le paiement en un clic, il suffit de cliquer sur le bouton "acheter cet article" puis "faire glisser pour acheter". Le produit est acheté ! Il n'y a donc pas de double authentification. Mais Amazon pourrait avoir recours à des exemptions, prévues dans le texte. Dans cette hypothèse, "le one click payment d'Amazon n'est pas incompatible avec la DSP2 dans la mesure où il exploite les exemptions, mais Amazon devra supporter une authentification forte pour les cas où ces exemptions ne s'appliquent pas", explique Alain Martin, président du groupe de travail européen de l'Alliance FIDO, qui milite pour des  standards d'authentification forte. 

"Cela ne coûte rien en plus aux marchands. C'est le même coût que l'encaissement par carte bancaire"

Paylib a développé le one clic tout l'été pour être prêt en octobre. D'ici début novembre, il sera capable de reconnaître un utilisateur Paylib via un cookie, qui sera positionné au niveau des navigateurs web. Cela ne demande aucune évolution technique côté marchand, ni d'efforts côté client. Au premier trimestre 2020, un nouveau cookie sera installé automatiquement si l'utilisateur Paylib change de navigateur et qu'il donne son accord.

Ce paiement one click est une façon pour Paylib de booster l'adoption de sa solution en ligne, qui ne semble pas décoller (aucun chiffre de volumes n'est communiqué). "Jusque-là, la traction de Paylib on-line n'a pas été 'formidable'", affirme une récente étude de Syrtals, un cabinet spécialisé dans le paiement, la monétique et le cash management. "Les volumes de transactions ne sont pas énormes", confirme notre connaisseur du secteur. Seul chiffre partagé : 2 millions d'utilisateurs, mais sur l'ensemble de ses services (paiement entre particuliers, paiement en ligne et paiement en magasin). A titre de comparaison, PayPal va bientôt atteindre les 10 millions d'utilisateurs en France. Pour le moment, Paylib mise plutôt sur le paiement de pair à pair, disponible dans les applications de toutes les banques françaises. "Le peer-to-peer reste notre cas d'usage phare et nous nous devons d'être aussi efficients sur les autres services", souligne Luc Laffon, qui espère que l'essor du paiement entre particuliers participera à celui du paiement en ligne, et donc du one clic. 

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