Neo, la fintech à deux têtes qui s'attaque au paiement international

Neo, la fintech à deux têtes qui s'attaque au paiement international Fondée par six Européens, dont deux Français, cette start-up a la particularité d'être établissement de paiement et prestataire de services d'investissement.

Il y a les fintech qui veulent s'attaquer à un segment particulier de la banque et il y a celles qui veulent devenir des banques. C'est le cas de Neo, une start-up créée en 2017 à Barcelone par six Européens, dont deux Français. "La vocation de Neo est de digitaliser le CIB (corporate and investment banking, ndlr)", résume Laurent Descout, CEO de Neo. Mais avant d'en arriver là, la start-up s'est d'abord attaquée au paiement international. Début 2019, elle a lancé une solution multi-actifs (change au comptant, à terme, options de change…) qui permet de couvrir le risque de change sur plus de 90 devises et cela "à des tarifs plus bas que les banques", assure le dirigeant. La plateforme propose entre autres des fonctionnalités de contrôle et de reporting avancés ainsi qu'une cartographie du risque de change de l'utilisateur qui peut ainsi recevoir un programme de couverture personnalisé. Pour gérer cette activité, l'équipe de Neo a créé une structure baptisée Neo Capital Markets SV SA qui a obtenu le statut de prestataire en services d'investissement (PSI) en 2018 en Espagne et l'a passeporté dans plusieurs pays européens dont la France.

Cet agrément lui permet notamment de faire du conseil en investissement (ici, la stratégie de couverture de change) et de faire bénéficier au client du fonds de garantie des investisseurs (un organisme dont la mission consiste à protéger les clients des banques en cas de défaillance de leur établissement bancaire). Cela permet aussi de faire de la gestion automatisée par ordre. "A terme c'est aussi la possibilité d'étendre notre offre sur les couvertures de taux et/ou de matières premières", souligne Laurent Descout. Côté business model, Neo facture des modules de base et des modules pour des devises très exotiques. Mais ne donne pas plus d'indications. Laurent Descout précise toutefois que la commission est "toujours transparente et donnée au client en amont de l'opération". A noter qu'il n'y a pas de commission minimale.

Bientôt un bureau en France

Neo revendique une trentaine de clients de tous secteurs (technologies, édition…) et vise les 200 pour fin 2020 dans les marchés français, espagnol, polonais et du Benelux. Un chiffre volontairement peu élevé pour "tester les fonctionnalités avec eux", indique le cofondateur. Pour l'instant, la jeune pousse n'a pas de clients français mais quelques prospects. Elle compte ouvrir un bureau en France avec une dizaine de personnes en 2020 (commerciaux, fonctions support et conformité) et vient juste de recruter deux responsables commerciaux pour l'Hexagone. Aujourd'hui, Neo compte 25 salariés répartis entre Barcelone et Cambridge (où sont les développeurs) et 60% du personnel est dédié à l'IT. Une trentaine de recrutements (dont la dizaine en France) est prévue en 2020.

La jeune pousse a un autre gros projet dans les cartons. Elle proposera d'ici le premier semestre 2020 un compte multidevises, une offre similaire au franco-belge iBanFirst. Cette solution, qui sera disponible en Espagne, en France, au Royaume-Uni et en Pologne, permettra de payer et encaisser en 30 devises. Suivront plus tard des outils d'aide à la décision. Une fois lancé, le compte multidevises coûtera 100 euros par mois pour un nombre d'utilisateurs illimités.

"Nous avons créé deux sociétés mais avons unifié les services"

Le compte multidevises dépend d'une autre structure : Neo Fintech Lab SL. Celle-ci détient un agrément d'établissement de paiement en Espagne depuis juillet dernier et sera passeporté sous peu. Ce modèle bicéphale s'explique par des raisons réglementaires. "Nous avons vu une douzaine de régulateurs pour proposer une structure hybride, à la fois société de paiement et prestataire de services d'investissement, mais nous n'avons pas réussi à le faire pour des problèmes légaux. Nous avons donc créé deux sociétés mais avons unifié les services. Quand vous êtes client Get Neo, vous êtes client des deux entreprises comme si c'était le même prestataire", explique Laurent Descout. Toutes les solutions seront accessibles via une seule plateforme, baptisée Get Neo, bien qu'elles dépendent de deux sociétés différentes qui appartiennent au groupe Neo.

Pour développer ses deux solutions, Neo peut s'appuyer sur sa levée de fonds de 5 millions d'euros réalisée fin 2016 auprès de business angels et de personnalités du secteur. Ce premier tour de table correspondait au ticket d'entrée pour avoir le statut de PIS (730 000 euros et la viabilité des fonds sur les trois prochaines années). La prochaine levée ne sera réalisée qu'une fois l'objectif client fin 2020 atteint. En attendant, l'équipe de Neo planche sur de nouvelles fonctionnalités et solutions qui lui permettront d'être le "point d'entrée unique" des entreprises.