Services financiers : les métiers d'avenir sont encore (trop) peu développés

L'industrie de la finance souffre depuis longtemps d'un héritage d'infrastructures technologiques dépassées et d'un déficit de nouvelles compétences humaines, paralysant tout un secteur qui a besoin d'un vent de fraîcheur.

D’après le Forum Économique Mondial, 74% des entreprises sont dans l’incapacité de recruter des personnes qui ont les compétences requises pour certains postes clés. Bien que les besoins en investissements technologiques du secteur ont souvent été requalifiés au cours des dernières années, un grand nombre d’entreprises en sont toujours au stade de l’acceptation.

En 2020, la pandémie de la Covid-19 n’a fait qu’ajouter de la pression pour s’adapter aux nouvelles règles de fonctionnement et d’expérience client, rendant certains métiers obsolètes, mais prouvant aussi que des transformations rapides peuvent fonctionner, malgré un contexte difficile.

Un manque de compétences aux lourdes conséquences

Seules quelques entreprises ont jusqu’ici mené avec succès les efforts de transformation numérique nécessaires permettant d’offrir de la valeur ajoutée à leur entreprise et à leurs clients. L’un des plus grands problèmes de transformation est le manque de main-d’œuvre compétente qui ne peut pas seulement être comblé par des recrutements. L’impact de l’automatisation se fait également ressentir, avec plus de la moitié des entreprises qui s’attendent à voir une diminution des effectifs humains, quand une autre moitié pense le contraire. Pour l’entreprise, le manque de compétences se manifeste autour de plusieurs phénomènes. Le premier étant le retour sur investissement.

Une étude de McKinsey révèle que les employés ont un effet déterminant pour réussir sa transformation digitale. Il faut donc une main d’œuvre formée pour pouvoir adopter pleinement des nouvelles solutions qui seront efficaces. Ces mêmes employés sont des parties prenantes de ces projets ambitieux et doivent être capables d’accompagner les clients dans leurs attentes, d’autant que la pandémie actuelle appelle à plus d’empathie et d’écoute. Mais dans une époque où l’automatisation tient une place de plus en plus grande, il est important de former les employés afin qu’ils soient le plus agiles possibles et qu’ils puissent maitriser le plus de compétences nécessaires pour répondre aux problématiques se présentant à eux.

Une feuille de route pour une transformation parfaitement synchronisée

Il y a aujourd’hui urgence pour combler les lacunes en compétences et pour réorienter les salariés intelligemment. Les entreprises de la fonction finance ne doivent surtout pas opposer le besoin en nouvelles compétences avec une main d’œuvre peu qualifiée.

En 2018, BNP Paribas a investi 3 milliards d’euros sur 3 ans dans un plan stratégique de transformation numérique. Dans le cadre de ce plan d’envergure, le groupe bancaire français a revu son architecture technologique mais également l’ensemble des métiers pour les orienter autour d’un objectif principal : l’accompagnement client dans toutes les étapes. L’entreprise a également mis en place un plan de formation spécifique pour que l’ensemble des compétences des salariés convergent vers cet objectif.

Cet exemple démontre bien qu’avec une stratégie claire, il est possible de réunir l’ensemble d’une structure vers un objectif commun, de grande ampleur, tout en valorisant et motivant les salariés.

Mais pour certaines banques et institutions financières, le problème est aggravé par les défis démographiques et la nécessité d’arriver à attirer une nouvelle génération de travailleurs, comme le font si bien les entreprises de la Silicon Valley, la City de Londres ou encore d’autres métropoles mondiales. Leur méthode pour séduire les talents consiste à nouer des partenariats avec des universités à l’occasion de bootcamps, afin de combler certaines lacunes de façon rapide et efficace.

Au sein même des entreprises, la création de pôles de compétences et de formations croisées laisse imaginer un bourdonnement d’échanges et de montées en compétences communes. Les entreprises historiquement installées doivent réaliser que non seulement la technologie change la typologie structurelle des équipes en place, mais également la nature de leurs fonctions. De nouvelles embauches seront bien évidemment nécessaires pour pallier le manque de compétences sur des fonctions essentielles ; cependant la véritable valeur derrière une transformation numérique réalisée avec brio sera efficace uniquement lorsque l’ensemble des effectifs effectuera ces nouvelles tâches naturellement. D’ici là, le paradigme de la finance 4.0 continuera à se manifester sous la forme d’un plafond de verre, que beaucoup d’entreprises ne parviendront pas à briser sans des efforts structurels et stratégiques ambitieux.