Paiement : Curve lève 95 millions de dollars pour s'attaquer aux Etats-Unis

Paiement : Curve lève 95 millions de dollars pour s'attaquer aux Etats-Unis La start-up britannique propose une carte qui agrège toutes les cartes bancaires d'une personne. Elle revendique 2 millions d'utilisateurs en Europe.

Il n'y a pas que les fintech françaises qui ont la cote ces derniers temps. Leurs homologues britanniques continuent aussi à séduire les investisseurs. Moins d'un mois après la levée de fonds de 95 millions de dollars de GoCardless, c'est au tour de Curve d'annoncer un tour de table de… 95 millions de dollars également. Cela auprès d'IDC Ventures, Fuel Venture Capital et Vulcan Capital (fonds d'investissement du co-fondateur de Microsoft, Paul G. Allen), OneMain Financial et Novum Capital. Certains investisseurs historiques ont également remis au pot à l'image du VC français Breega. Au total, la jeune pousse britannique aux 2 millions d'utilisateurs a levé près de 175 millions de dollars depuis sa création en 2015.

Curve permet de réunir toutes ses cartes bancaires en une seule. Concrètement, il suffit de renseigner les coordonnées de toutes ses cartes dans l'application et de choisir laquelle on souhaite utiliser lors d'un achat, qu'il soit en ligne ou en physique. La start-up propose tout un panel de fonctionnalités telles que la catégorisation des dépenses, du cashback chez des marchands partenaires, du paiement entre particuliers, la possibilité d'affecter des dépenses antérieures à une carte différente jusqu'à 90 jours après l'achat et, prochainement l'agrégation de comptes. 

"Dans chaque marché, il y aura un ou deux gagnants. Il faut donc s'exporter vite"

 

Avec cette nouvelle levée de fonds, Curve s'apprête à lancer une solution de paiement en plusieurs fois (le taux d'intérêt est nul pour l'instant) disponible chez n'importe quel marchand. Baptisé Curve Credit, il était en version bêta au Royaume-Uni depuis juin dernier. Ce produit requiert beaucoup de fonds puisque le start-up doit avancer l'argent auprès des marchands. Sans compter qu'il est sujet à beaucoup de fraudes.

En multipliant les services, Curve veut devenir l'unique point d'entrée financier des consommateurs, comme souhaite le faire le français Lydia. Ou comme ce qu'ont déjà réalisé les chinois Alipay et WeChatPay. "Dans chaque marché, il y aura un ou deux gagnants. Il faut donc s'exporter vite, que ce soit en termes géographiques ou en termes de produits", explique Shachar Bialick, CEO de Curve. Ce nouveau produit va également lui permettre de rajouter une ligne à ses revenus (via un pourcentage prélevé au marchand) aujourd'hui composés d'offres payantes (le nombre de clients n'est pas dévoilé), de la commission d'interchange et de la commission partagée avec le marchand pour le cashback. Son chiffre d'affaires n'est pas connu.

Faire mieux que les néobanques

La levée de fonds permettra aussi à Curve de se lancer aux Etats-Unis au deuxième trimestre 2021. Elle a ouvert un bureau à New-York en février 2020, composé actuellement de trois personnes, et qui devrait en accueillir entre 15 et 20 supplémentaires cette année. Le marché US est très adapté au produit de Curve : les Américains ont tous plusieurs cartes bancaires (débit, crédit…) et ils sont friands de cashback. Mais très peu de fintech BtoC européennes arrivent à percer outre-Atlantique. N26 est l'une des rares à tirer son épingle du jeu avec 500 000 utilisateurs américains conquis en un an.

"Nous trouverons un partenaire local en France pour le paiement en plusieurs fois"

Outre l'expansion américaine, Curve compte poursuivre sa croissance en Europe. Elle est désormais présente dans 31 pays. L'Allemagne, la France, l'Italie et la Pologne sont ses plus gros marchés. "La France connait depuis quelques mois une forte adoption de la fintech grâce à tous ses entrepreneurs et au dynamisme du régulateur", souligne Shachar Bialick, sans dévoiler le nombre d'utilisateurs de Curve dans l'Hexagone. La fintech comptait ouvrir un bureau en France courant 2020 mais, Covid oblige, a reporté cette décision à plus tard. Tout comme le recrutement d'un country manager et d'une équipe dédiée au marché français. Contrairement au Covid, les conséquences du Brexit ont pu être anticipées. En octobre dernier, Curve a créé une filiale en Lituanie (comme Revolut) et obtenu une licence EMI (établissement de monnaie électronique) qui pourra être passeportée dans tous les pays de l'Union européenne. Mais encore faudra-t-il s'adapter aux spécificités françaises concernant notamment le paiement fractionné qui est limité à trois fois, alors que Curve Credit va au-delà. "Nous trouverons un partenaire local", confie le CEO.

Le Brexit n'a pas été le plus gros challenge à gérer en 2020 pour Curve. La fintech a fait partie des victimes de Wirecard. La star allemande du paiement s'est retrouvée au cœur d'un vaste scandale financier. Le régulateur britannique a ordonné le 26 juin 2020 à Wirecard Card Solutions, filiale de la fintech, de cesser ses activités. Une décision qui a eu un impact sur Curve, qui avait choisi Wirecard pour émettre ses cartes. Curve a dû suspendre ses services pendant un weekend. "C'était une course contre la montre. Notre équipe a travaillé tout le weekend, en plus en télétravail, pour remettre le système en marche", se souvient Shachar Bialick. La start-up avait entamé quelques mois auparavant une migration des services bancaires de Wirecard vers son propre système développé en partenariat avec Mastercard. Une migration très accélérée.