Sis ID lève 5 millions d'euros pour lutter contre la fraude au virement

Sis ID lève 5 millions d'euros pour lutter contre la fraude au virement Cette start-up permet aux entreprises de valider les coordonnées bancaires d'acteurs tiers en France et à l'étranger. Elle va ouvrir des filiales en Europe.

C'est l'une des conséquences néfastes du télétravail. La fraude aux virements a explosé depuis le premier confinement, en mars 2020. Habituées à des process manuels et sous format papier, les entreprises ont été déstabilisées et attaquées en masse par les fraudeurs. Plusieurs entreprises en France sont spécialisées dans la lutte contre ce fléau, à l'image de Sis ID, qui annonce une levée de fonds de 5 millions d'euros menée par le fonds Digital Venture de Bpifrance, aux côtés du fonds de capital-risque Opera Tech Ventures de BNP Paribas et Aonia Ventures.

Créée fin 2016, Sis ID propose une plateforme collaborative qui mutualise les historiques de paiement de ses clients et recense toutes les tentatives de fraude subies (quelles coordonnées bancaires ont été utilisées, quel fournisseur a été victime d'usurpation d'identité…). La plateforme permet également de certifier les Ibans grâce à un partenariat avec BNP Paribas. Pour résumer, Sis ID s'assure qu'une entreprise paie bien la bonne personne.

"C'est relativement facile de se faire passer pour un fournisseur"

La fraude au changement de fournisseur est devenue monnaie courante. "Un fournisseur appelle son client et lui signifie un changement de coordonnées bancaires. Il paie en fait un fraudeur. C'est relativement facile de se faire passer pour un fournisseur", explique Laurent Sarrat, CEO et cofondateur de Sis ID. "Beaucoup de fraudeurs ont par exemple surfé sur le changement d'Ibans de Revolut. Avec le Brexit, Revolut a obtenu une licence bancaire en Lituanie. Ces nouveaux Ibans commencent par LT au lieu de RU", ajoute le dirigeant.

Ce type de fraude arrive chez toutes les entreprises, grandes ou petites. C'est pourquoi Sis ID s'adresse à toutes en proposant un abonnement qui dépend du nombre de fournisseurs. A ce jour, la start-up revendique 50 sociétés clientes (Bouygues Telecom, Orange, L'Oréal…) pour qui elle effectue des centaines de milliers de contrôles tous les mois. En 2019, elle a bloqué 263 tentatives de fraudes avérées (les chiffres de 2020 ne sont pas encore comptabilisés). Avec une fraude qui coûte en moyenne 150 000 euros, d'après SMA (l'assureur de Sis ID), le préjudice s'élevait donc à 40 millions d'euros. Cet assureur français propose d'ailleurs aux clients de Sis ID une offre complémentaire au contrat d'assurance classique de cybercriminalité pour couvrir le risque de fraude. 

Ouvrir des filiales européennes

Sis ID utilisera cette levée de fonds pour investir dans son produit, notamment pour détecter la fraude dans un secteur particulier, et pour se connecter à davantage de partenaires. A ce jour, la technologie de Sis ID est intégrée à de nombreux ERP, logiciels de dématérialisation ou encore portails de données fournisseurs. Pour ce faire, elle utilise la plateforme d'API d'IBM. "Nous ne sommes pas un portail supplémentaire sur lequel une entreprise doit se connecter à chaque fois qu'elle en a besoin. Nous préférons nous intégrer à la chaîne de paiement, que ce soit à la réception d'une facture ou avant l'émission d'un paiement", explique Laurent Sarrat. 

Ce financement permettra aussi à Sis ID d'ouvrir des filiales en Europe, à commencer par le Royaume-Uni et l'Espagne, deux pays particulièrement touchés par la fraude. Comme pour la France, la start-up compte mutualiser les historiques de paiement des sociétés. Ces projets s'accompagneront d'un plan de recrutements qui triplera les effectifs de la société, actuellement de 15 salariés.