Facturation électronique : il faut aller plus vite !
Bientôt obligatoire pour toutes les entreprises, la facturation électronique ne présente que des avantages qui doivent les inciter à anticiper le basculement.
Dans le sillage d’une petite moitié des États membres de l’Union européenne l’ayant déjà déployée, la France passe aux travaux pratiques de la facturation électronique généralisée avec une feuille de route à marche forcée. À compter du 1er juillet 2024, la réception des factures électroniques sera obligatoire pour l’ensemble des assujettis, tout comme l’émission par les grandes entreprises. Cette émission deviendra à son tour obligatoire pour les entreprises de taille intermédiaire à compter du 1er janvier 2025, puis pour les PME et TPE à compter du 1er janvier 2026.
L’Italie comme l’Espagne livrent depuis respectivement 2019 et 2017 (pour une partie des entreprises) des retours d’expérience plus que prometteurs. La numérisation de l’administration fiscale italienne au travers de la facturation électronique aura généré dès la première année une économie de 3,5 milliards d’euros. En Espagne, plus d’un tiers des PME ont rapidement adopté la facturation électronique lorsqu’elles ont pris conscience de son potentiel d’économies. La facturation électronique ibérique a progressé de près de 18 % entre 2019 et 2020, pour des économies de temps de gestion massives et quantifiées : 737 212 heures pour la réception des factures et 119 089 heures pour leur émission, soient 433 années de travail ! L’argument de l’impact environnemental pèse également, puisque la mise en œuvre de la réforme aurait déjà permis d’éviter l’abattage de 11 296 pins.
En France, alors que 2,5 milliards de factures sont émises chaque année, 70 % l’étaient encore sous format papier en 2021 et environ 1 entreprise sur 4 n’est toujours pas informée des perspectives maintenant rapides de la généralisation de la facture électronique. Pourtant, alors que les nuages s’amoncellent au-dessus des entreprises dans le contexte d’augmentation du prix des matières premières, de renchérissement du coût de l’énergie, de difficultés de recrutement ou de délais de paiement n’ayant pas encore retrouvé leur niveau d’avant crise Covid, le passage à la facture électronique généralisée est une bouffée d’oxygène dont toutes les entreprises ont intérêt à profiter.
La facturation électronique apporte en effet 6 atouts à l’entreprise :
- Économie, avec un coût de 50 centimes pour le traitement d’une facture électronique contre 15 euros en moyenne pour une facture papier ;
- Durabilité, avec la suppression du papier et de l’acheminement ;
- Rentabilité, avec un envoi gratuit, une économie de papier et d’espace physique pour l’archivage ;
- Sécurité, avec la suppression des erreurs de saisie par des intermédiaires et la transparence du suivi de transmission ;
- Efficacité, avec la suppression de toute erreur de saisie ;
- Rapidité, avec des délais de réception et de paiement plus courts, moins de tâches administratives nécessaires et des procédures comptables pouvant être automatisées.
Le volet de la réduction des délais de paiement est clé pour l’entreprise. Les défaillances d’entreprises ont en effet progressé de 27 % en Europe au quatrième trimestre 2022 et sont au plus haut depuis 2015. Rien moins que 25 % des défaillances en France sont directement imputables aux retards de paiement, chaque jour de retard représentant, en particulier pour les TPE-ME, 1 milliard de trésorerie en moins.
La facturation électronique permet à l’entreprise de récupérer de la trésorerie, lui apporte des gains financiers immédiats via l’allégement des charges administratives, la simplification de la réception, de la saisie et du traitement de la facture, la réduction des délais de paiement et la simplification de la gestion de la TVA.
Mieux encore, la facturation électronique constitue aussi, bien plus qu’une contrainte, une formidable opportunité de transformation positive pour l’entreprise, via l’externalisation des tâches hors du cœur du métier et la refonte des processus clients et fournisseurs. C’est en effet uniquement en abordant ainsi la réforme - à l’échelle du processus et non pas de la seule facture - que les organisations pourront tirer pleinement parti des bénéfices escomptés : réduction des coûts, maitrise des délais de paiements, pilotage de la performance…
Dès lors que les bénéfices attendus sont certains et que le spectre des sujets à couvrir est large - informatique, fiscal organisationnel… - l’anticipation est la meilleure des méthodes. L’entreprise gagnera à tout coup à envisager son propre basculement vers la facturation électronique comme un véritable projet de transformation, avec tout ce que cela implique en termes d’évolution des organisations et de conduite du changement.