La City de Londres veut se redynamiser en attirant les entreprises innovantes
La City de Londres, un des cœurs historiques de la finance mondiale, a vu son attractivité diminuer ces dernières années, particulièrement depuis le Brexit. Pour inverser cette tendance, la Financial Conduct Authority (FCA) a annoncé une simplification radicale des règles de cotation des entreprises. Cette réforme, décrite comme la plus significative depuis trois décennies, entrera en vigueur le 29 juillet. L'objectif est de redynamiser les marchés financiers britanniques en attirant davantage d'entreprises innovantes.
Un changement réglementaire majeur
La nouvelle réglementation de la FCA introduit plusieurs modifications clés. Les distinctions entre cotations premium et standard seront supprimées au profit d'une seule catégorie d'actions. En outre, la nécessité d'un vote des actionnaires sur certaines transactions sera éliminée, et le régime d'actions à droits de vote multiples sera rendu plus flexible.
"Les nouvelles règles impliquent un plus grand risque," mais elles "refléteront mieux l'appétit pour le risque dont l'économie a besoin pour atteindre la croissance", a déclaré la FCA.
Rachel Reeves, la nouvelle ministre des Finances, a salué cette réforme comme un pas crucial pour revitaliser les marchés financiers britanniques. "Ces nouvelles règles représentent un premier pas important vers la redynamisation de nos marchés financiers (...) pour attirer les entreprises les plus innovantes", a-t-elle déclaré, citée par BFMTV.
Impact du Brexit et concurrence européenne
Le Brexit a profondément affecté la City, avec plusieurs entreprises délocalisant leurs activités vers d'autres centres financiers européens. L'introduction en bourse à New York de l'entreprise britannique ARM et le transfert de la cotation principale de CRH vers les États-Unis en sont des exemples notables.
La FCA espère que la simplification des règles de cotation rendra la City plus compétitive face à des rivales comme Paris et Francfort. Selon une étude de E&Y mentionnée par La Tribune, environ 2 800 banquiers ont quitté Londres pour Paris en 2022. En conséquence, la City a perdu sa première place européenne en termes de capitalisation boursière au profit d'Euronext Paris.
Et es chiffres montrent une tendance inquiétante : le nombre de sociétés s'introduisant au Royaume-Uni a diminué d'environ 40% depuis un pic en 2008. Entre 2015 et 2020, le Royaume-Uni ne représentait que 5% des introductions en bourse dans le monde, selon une étude de 2021 citée par la FCA. En réponse à cette situation, la FCA avait déjà assoupli les règles d'introduction en bourse en décembre 2021, réduisant la proportion d'actions à disposition du public de 25 à 10%.
Entre espoir et inquiétude
Le climat politique en France pourrait également jouer en faveur de Londres. La crise politique actuelle inquiète les investisseurs étrangers, incitant certains à envisager un déménagement. "Les dossiers de personnes qui se renseignent pour quitter la France ont augmenté d'au moins 30% ces dernières semaines", a affirmé Philippe Lorentz, avocat fiscaliste au cabinet August Debouzy, dans un entretien avec l'AFP.
La réforme de la FCA suscite diverses réactions parmi les acteurs du marché. Si certains voient dans cette simplification une opportunité de revitaliser la City, d'autres s'inquiètent des risques accrus associés à ces changements.