Immobilier d’entreprise : la bombe à retardement est enclenchée

Les acteurs de la gestion immobilière doivent impérativement anticiper pour faire face aux échéances en matière de réglementation environnementale, et conserver la valeur des patrimoines immobiliers qui leur sont confiés.

Le challenge est de taille : les besoins en rénovation globale sont estimés dans une fourchette de 60 à 80 milliards d’euros.

L’approche de gestion globale est la plus à même de protéger les propriétaires d’une dévalorisation de leurs biens

Les gestionnaires du parc immobilier d’entreprise vont devoir, au cours de la prochaine décennie, s’adapter et anticiper comme jamais auparavant. Pourquoi ? Parce que ce parc constitue aujourd’hui une vraie bombe à retardement pour ses propriétaires.
Depuis 2005, les normes et réglementations environnementales se sont en effet considérablement durcies, générant de nouvelles obligations à plus ou moins long terme. Et ce qui était parfois du long terme se rapproche aujourd’hui à grand pas…
Tout d’abord, il y a eu la loi Pope (programme fixant les orientations de la politique énergétique) de juillet 2005, qui vise notamment à réduire de 2 % par an l’intensité énergétique des bâtiments.
Ensuite, dans le sillage des lois dites « Grenelle », de 2009 et 2010, le code de la construction et de l’habitation impose de réaliser des travaux d’amélioration de la performance énergétique, dans les bâtiments existants à usage tertiaire, sous 8 ans à compter du 1er janvier 2012.
Or, l’intensité énergétique du parc tertiaire se situe aujourd’hui, d’après une étude de Sintéo, autour de 440 kWh par m² et par an (données Ile-de-France). En 2020, dans 6 ans, l’objectif à atteindre sera de 280 kWh, ce qui signifie une réduction de près de 40 % de la consommation énergétique. Lorsqu’on songe aux normes BBC, selon lesquelles un bâtiment doit consommer au maximum 50 kWh, on perçoit bien le « gap » existant.
Pour la seule Ile-de-France, qui concentre environ un quart du total des 220 millions de m² d’immobilier d’entreprise en France, les besoins en rénovation sont estimés à 15 milliards d’euros pour restructurer, rénover ou rafraichir dans la perspective des mises aux normes. Rapporté à l’ensemble du pays, le total à investir d’ici six ans se situerait dans une fourchette de 60 à 80 milliards d’euros.

Il est impératif que les acteurs de la gestion immobilière se mobilisent pour anticiper les travaux, au bénéfice de ceux qui leur confient des biens

En effet, pour ces derniers, les risques sont particulièrement élevés. Les bâtiments qui n’auront pas été mis à niveau, en concurrence avec ceux qui auront respecté les échéances, pourraient bien ne plus pouvoir être loués, et se trouver de fait doublement exclus du marché : « non louables » et « non vendables » car en situation de forte perte de valeur.
C’est pourquoi, les propriétaires de biens immobiliers tertiaires ont aujourd’hui grandement intérêt à ne plus s’en tenir à des systèmes de gestion traditionnelle, qui consistent à gérer l’immeuble au quotidien, pour ainsi dire « au fil de l’eau ». Pour conserver toute la valeur de leur patrimoine, et plus encore la faire progresser, il leur convient de privilégier des solutions de gestion globale dynamique.  Celles-ci s’attachent à prendre en considération la valeur des biens gérés à moyen et long terme, procèdent à un diagnostic des besoins et mettent en œuvre les actions nécessaires.
Cette méthode de gestion, appliquée dès aujourd’hui, permettra de faire la différence sur le marché de l’immobilier d’entreprise, passé le cap de 2020.

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Chronique co-rédigée par Fadi CALEDIT, président d’ADYAL et cofondateur d’INOVALIS et Nicolas JACQUET, président exécutif d’ADYAL