Préconisations du HCSF aux banques françaises : quel impact sur l'économie ?

Fin janvier 2020, le Haut Conseil de Stabilité Financière a rappelé aux banques françaises qu'elles devaient respecter certaines règles en terme d'octroi du crédit immobilier. Cela pourrait avoir un impact sur l'économie française.

En janvier 2020, le Haut Conseil de Stabilité Financière (HCSF) a rappelé à l'ordre les banques françaises sur les conditions d'octroi des prêts immobiliers. Les critères demandés sont : le respect des 33% d'endettement et des durées de prêts n’excédant pas 25 ans. 

En 2019, l'ensemble des banques en France a produit 258 milliards d'euros de crédits immobiliers. Les taux d’intérêt historiquement bas ont dynamisé cette production record. 40% des crédits attribués l'ont été avec des durées de plus de 25 ans. Le HCSF a donc voulu remettre les banques dans le droit chemin, sentant que des dérives commençaient à se profiler. 

Les banques n'ont pas réagi tout de suite et ont continué à produire sur le même rythme que celui de 2019. Cependant, comme le crédit immobilier est un produit d'appel, elles n'ont pas pu ignorer longtemps les préconisations du HCSF. Elles ont donc commencé un bras de fer avec les autorités de la Banque de France via l'Observatoire des Crédits aux Ménages. Ce dernier, proche de la Fédération Bancaire Française, a annoncé que si les banques suivaient stricto sensu les recommandations, ce serait près de 100 000 ménages par an qui ne pourraient plus accéder à la propriété.

En tant que Président national du SNB CFE CGC, le 1er syndicat du secteur bancaire je précise qu'en France, nous avons une gestion prudentielle des crédits. Même si l'année 2019 est une année record en terme de production de crédits sur la même période le coût du risque des banques est historiquement bas. Cela signifie que les Français remboursent leurs prêts. Il n'y a pas une explosion des contentieux, bien au contraire.

Sur la durée des prêts, je préconise également de ne pas dépasser des durées d'endettement de plus de 25 ans. Et cela, même si les Français vendent en moyenne leur résidence principale dans les 9 ans après l'octroi du prêt et qu'ils ne vont donc pas au terme de leur engagement  puisqu'ils le remboursent par anticipation. Mais certains vont bien au delà. J'insiste sur le fait que le crédit ne doit pas devenir une dette dont on hérite de génération en génération. Sur du long terme il est également plus compliqué de maîtriser les prix du marché de l'immobilier. Lorsque les prix montent la vente du bien se fera souvent avec une plus-value. En revanche lorsque les prix baissent les clients peuvent se retrouver en difficulté et vendre à perte. 

Sur le taux d'endettement de 33%, personnellement je ne comprends le HCSF. Ce qui compte, n'est pas le taux d'endettement, mais le reste à vivre. Il est évident qu'un ménage gagnant un revenu mensuel de 3 000 euros peut avoir une mensualité de prêt de 1 000 euros et un reste à vivre de 2 000 euros. Par contre, un ménage avec 9 000 euros de revenus peut logiquement aller plus loin que ce taux d'endettement, car le reste à vivre de 6 000 euros par mois peut leur permettre un effort supplémentaire. Je précise que certains font de l'achat immobilier pour du locatif et le taux d'endettement de 33% n'a plus de sens. 

Concernant l'impacte sur l'économie française, je peux affirmer sans problème que les banques françaises sont en grande majorité responsables et non aucun intérêt à avoir des ménages surendettés. Il faut les laisser faire en rappelant les règles de bonnes conduites. L'économie française a plus à craindre d'une pandémie de coronavirus que des préconisations du Haut Conseil de Stabilité Financière.