Info JDN : Monetivia lève 2,5 millions d'euros pour développer son alternative au viager

Info JDN : Monetivia lève 2,5 millions d'euros pour développer son alternative au viager Créée en novembre 2016, l'entreprise spécialisée dans l'immobilier souhaite multiplier son effectif par deux sous 18 mois. Objectif affiché, accélérer son activité dans un contexte dominé par la question des retraites et de la prise en charge des seniors dépendants.

Après cinq ans d'existence, le français Monetivia, spécialiste de l'ingénierie patrimoniale, annonce en exclusivité au JDN une levée de fonds de 2,5 millions d'euros. Pour ce tour de table sans dette bancaire, la société s'est associée au fonds d'investissement Initiative & Finance. Ce dernier entre ainsi au capital, les fondateurs, Thomas Abinal et Amaury de Calonne restant toutefois majoritaires.

Monetivia défend aujourd'hui une solution de viager "éthique" de démembrement de propriété, en partenariat avec l'assureur Allianz. "Notre mission est de sécuriser la monétisation du patrimoine immobilier par les seniors, explique Thomas Abinal. A l'heure actuelle, la très grande majorité d'entre eux sont propriétaires. Ils cherchent à tirer profit de cette épargne immobilière, soit pour répondre à une problématique de revenus dans le cadre de leur retraite, soit pour anticiper la transmission de leur patrimoine, afin de donner des liquidités à leurs enfants plus tôt."

Dans le détail, l'entreprise permet à des personnes âgées de vendre leur bien, tout en conservant l'usufruit. En tant qu'investisseur de long terme, l'acheteur, lui, acquiert la nue-propriété, et bénéficie ainsi d'une décote sur le prix du bien. La différence majeure avec le viager réside dans l'établissement du prix de vente du bien immobilier. "Le contrat Monetivia repose sur un prix qui s'ajuste dans le temps en fonction de la durée d'occupation réelle", soutient le PDG de Monetivia.

Environ 200 transactions depuis 2016

En viager classique, le prix du bien est calculé en fonction d'une espérance de vie, établie par l'Insee. En cas de décès prématuré, il existe donc un risque, pour les héritiers, que le bien soit "bradé". "La solution créée par Monetivia est plus sophistiquée : l'idée est de dire 'on vous donne tant maintenant, en faisant l'hypothèse que vous habiterez dans votre bien encore quinze ans', détaille Thomas Abinal. Si le vendeur reste moins de temps que la durée initialement prévue, on va demander à l'acheteur de remettre au pot. Un capital complémentaire sera versé à la succession. Le prix sera ajusté à la hausse en cas de décès prématuré".

Quid de l'acheteur si le vendeur reste en vie au bout de ces quinze années, et souhaite finalement occuper son bien plus longtemps ? "Une assurance, souscrite auprès d'Allianz, va indemniser l'acheteur qui patiente, détaille le PDG de Monetivia. Cela permet d'avoir une rentabilisée maîtrisée." Au total trois solutions sont proposées : le démembrement temporaire, la vente à prix ajusté et la vente en nue-propriété classique. 

Pour se rémunérer, la société applique des honoraires d'ingénierie et de commercialisation, aussi bien au vendeur qu'à l'acheteur. Depuis sa création, Monetivia revendique environ 200 transactions réalisées, pour un montant total de 200 millions d'euros d'immobilier vendu. Elle refuse, en revanche, de communiquer le montant de son chiffre d'affaires, qui a tout de même augmenté de 120% en 2021, par rapport à l'année précédente. "Notre objectif est désormais de passer à la vitesse supérieure, car le marché va très vite, argue le cofondateur. La transition démographique s'accélère, l'immobilier est très haut.

Un objectif d'une dizaine de bureaux en France

Monetivia désire aussi surfer sur la question des retraites, alors que le dossier revient sur le devant de la scène. "La prise de conscience qu'il faut épargner pour sa retraite se développe, note Thomas Abinal. C'est aussi la raison pour laquelle nous pensons que le marché de la nue-propriété va se développer : c'est un bon moyen d'épargner pour sa retraite."

Autre enjeu majeur, la prise en charge de la dépendance, dans un contexte récemment marqué par le scandale qui a touché le groupe Orpéa en ce début d'année. Pour Thomas Abinal, la logique du maintien à domicile devrait être amenée à se renforcer dans les années à venir. Raison pour laquelle les seniors ont tout intérêt à monétiser leur patrimoine immobilier, dans la perspective où ils envisagent de rester chez eux, plutôt que d'opter pour une maison de retraite.

Afin d'accroître son activité, Monetivia souhaite avant tout développer son maillage géographique. L'entreprise compte aujourd'hui six bureaux en France (Paris, Lyon, Marseille, Cannes, Bordeaux, Rennes), et veut en atteindre une dizaine sous 18 mois dans de grandes villes comme Montpellier, Nantes et Toulouse. Forte de 15 collaborateurs, elle désire ainsi doubler son effectif, à la fois ses conseillers afin de dénicher des profils "plus spécialisés, et pas simplement axés sur l'immobilier classique", et ses services supports.