L'envolée des drones français, perturbée après 2015

L'envolée des drones français, perturbée après 2015 Si les constructeurs hexagonaux ont une longueur d'avance, ils risquent de se faire rattraper et doivent s'adapter. Découvrons les options d'évolution qui s'offrent à eux.

En 2015, les ventes de drones de loisir et professionnel devraient réaliser un chiffre d'affaires de 170 000 d'euros, soit une hausse de 79% par rapport à 2014. Une forte croissance qui se tassera dans la foulée, pour n'atteindre que 17,6% sur deux ans, pour 200 millions de chiffre d'affaires en 2017 (dont 15% par les drones professionnels), selon l'étude "Le marché des drones professionnels et de loisir en France" de notre partenaire Xerfi.

Mais avant de s'intéresser au scénario prévisionnel de Xerfi, notons que ses estimations sont faites sans considération d'un potentiel accident qui paralyserait l'ensemble de la filière, dont le risque est de plus en plus élevé (vols au-dessus de foules, à proximité des aéroports…), d'un rejet de la part de la population, fatiguée des vols au-dessus de sites sensibles, ou encore de la mise en place d'une réglementation européenne stricte.

Pour Xerfi, le ralentissement de la croissance  des ventes de drones de loisir des constructeurs et exploitants français sera avant tout dû à une saturation  du taux d'équipement de la clientèle. De plus, des concurrents à forte réputation, très appréciés du grand public comme l'Américain Go Pro, montent en puissance.

Du côté des nouveaux marchés, l'agriculture et la cartographie sont technologiquement matures. L'agriculture, avec plus d'une centaine de milliers d'exploitations agricoles, offre de vastes débouchés. L'entretien régulier et plus poussé des ouvrages d'art, des usines et des bâtiments d'habitation peut également être réalisé par des drones. Tout comme le repérage des déperditions thermiques des bâtiments. De quoi séduire les secteurs de l'efficacité énergétique et de l'assurance. Mais pour y parvenir, quelque-soit le domaine d'activité, les constructeurs et exploitants de drones devront répondre à un besoin primordial : réduire les coûts et gagner en productivité.

Le ralentissement de la croissance  des ventes de drones de loisir français sera avant tout dû à une saturation  du taux d'équipement de la clientèle

Des efforts seront aussi à fournir sur le développement de l'appareil en lui-même. Les professionnels du secteur devront notamment concentrer leurs recherches et leurs efforts de développement sur la miniaturisation de l'objet et sur une plus grande autonomie (le constructeur américain Skyfront travaille au développement d'une technologie permettant au drone de voler pendant 4 heures). 

Autre axe de développement pour les constructeurs et exploitants : la proposition d'offre de formation. Nombreux sont ceux qui se sont diversifiés dans l'offre de formation au pilotage et à l'utilisation des drones. Ce qui leur apporte un double avantage : augmenter leurs revenus et accélérer la diffusion du savoir-faire, et par conséquent, le nombre de clients potentiels. Des constructeurs français comme Delta Drone ou Drone Volt ont créé leur école de pilotage. 

La diversification ne s'arrêtera pas là. La profession des drones civils va se transformer en "marché de fourniture de données et de services à valeur ajoutée directement exploitables pour les clients finaux", selon les auteurs de l'étude. Autrement dit, la technologie devra laisser place à l'usage et les opérateurs devront proposer des offres "clés en main" à forte valeur ajoutée, et se spécialiser dans la formation de nouveaux métiers comme le traitement des données issues des drones. 

Enfin, la hausse de la demande à l'international, notamment en Amérique, en Europe de l'Est et en Afrique, pourrait être bénéfique aux constructeurs français. Aujourd'hui, entre autres, Parrot est présent à San Francisco et sur la plateforme d'e-commerce chinoise Alibaba, Drone Volt est installé au Danemark, et Delta, en Afrique du Sud. Afin de continuer cette expansion internationale, et devancer la concurrence, les opérateurs français devront trouver les bons partenaires, s'adapter à la demande et aux réglementations locales, et réussir à financer ces nouveaux investissements. 

Source

L'étude "Le marché des drones professionnels et de loisir en France" est publiée par Xerfi, éditeur indépendant d'études économiques sectorielles.