Microsoft réactive une centrale nucléaire pour répondre à la demande croissante de l'IA

Microsoft réactive une centrale nucléaire pour répondre à la demande croissante de l'IA Un projet d'envergure qui prévoit un investissement de 1,6 milliard de dollars pour moderniser une centrale nucléaire et fournir une électricité décarbonée à Microsoft d'ici 2028.

Pour répondre à l'évolution des besoins énergétiques liés à l'intelligence artificielle, Microsoft explore diverses solutions énergétiques. Parmi celles-ci, la réactivation de sites énergétiques historiques apparaît comme une option viable, s'inscrivant dans une démarche visant à renforcer ses capacités énergétiques tout en poursuivant ses objectifs environnementaux.

Un investissement stratégique pour Microsoft et Constellation

Microsoft a officialisé un partenariat avec Constellation, l'opérateur énergétique qui possède la centrale nucléaire de Three Mile Island, en Pennsylvanie. Cet accord de 20 ans prévoit la remise en service du réacteur numéro un, mis à l'arrêt en 2019 pour des raisons économiques.

L'objectif est de fournir 835 mégawatts d'électricité à Microsoft, principalement pour alimenter ses centres de données, dont la consommation énergétique explose avec l'adoption de l'intelligence artificielle.

"Cet accord constitue une étape importante dans les efforts déployés par Microsoft pour contribuer à la décarbonisation du réseau, conformément à son engagement de devenir neutre en carbone", a déclaré Bobby Hollis, vice-président de l'énergie chez Microsoft, cité dans Reuters.

La société a récemment reconnu que ses émissions de gaz à effet de serre avaient augmenté de 30% entre 2020 et 2023, un constat en contradiction avec ses objectifs environnementaux. Cette hausse est en grande partie attribuable à la croissance exponentielle des besoins énergétiques de ses centres de données.

L'investissement prévu s'élève à 1,6 milliard de dollars, selon Constellation, une somme destinée à moderniser la centrale et ses infrastructures essentielles, dont les systèmes de refroidissement et de contrôle. Si le projet se concrétise comme prévu, la centrale devrait être pleinement opérationnelle d'ici 2028.

Le rôle de Three Mile Island dans la course à l'énergie décarbonée

Three Mile Island est surtout connue pour l'accident nucléaire survenu en 1979 dans le réacteur numéro deux, provoquant une fusion partielle du cœur du réacteur. Cet incident avait fait la une des journaux et entraîné la fermeture définitive de l'unité affectée. Le réacteur numéro un, non touché par cet accident, avait continué de fonctionner jusqu'à sa mise en retraite en 2019.

Ce projet s'inscrit dans une stratégie plus large de relance des infrastructures nucléaires, comme en témoigne également la remise en service de la centrale de Palisades dans le Michigan, prévue pour 2025.

Les centres de données de Microsoft, en particulier ceux dédiés à l'intelligence artificielle et aux technologies du cloud, sont parmi les plus gourmands en électricité. En réponse, l'entreprise cherche à sécuriser des sources d'énergie décarbonée, pilotables et stables, pour garantir la continuité de ses services tout en limitant son empreinte carbone.

Défis réglementaires et retombées économiques

Cependant, le projet ne pourra aller de l'avant sans l'approbation de la Nuclear Regulatory Commission (NRC), l'autorité américaine de régulation nucléaire. Constellation doit encore soumettre sa demande officielle pour relancer le réacteur, une étape cruciale qui pourrait retarder le projet si des obstacles de sécurité ou environnementaux sont identifiés.

Scott Burnell, porte-parole de la NRC, a précisé : "Il appartient à Constellation d'exposer ses raisons pour justifier le redémarrage", relayé par l'Usine Digitale.

Le redémarrage de la centrale de Three Mile Island devrait avoir des retombées économiques significatives. Outre les 835 mégawatts d'électricité produits, le projet prévoit la création de 3 400 emplois directs et indirects en Pennsylvanie, selon les estimations de Constellation.

Cela inclut des postes dans la maintenance, l'ingénierie et la sécurité nucléaire. À son apogée, avant sa mise en retraite, la centrale employait plus de 600 personnes à plein temps et contribuait à hauteur de 60 millions de dollars par an à l'économie locale.

La relance de cette infrastructure intervient à un moment où la demande énergétique mondiale, et particulièrement celle des entreprises technologiques, est en forte croissance. D'après l'Agence internationale de l'énergie (AIE), la consommation d'électricité des centres de données dédiés à l'intelligence artificielle pourrait être multipliée par dix d'ici 2026.