Les dockers américains menacent de mettre l'économie US à genoux avec une grève
À un mois de l'élection présidentielle, alors que l'ouragan Helene a fait 93 morts de la Floride au Tennessee, une nouvelle catastrophe menace les États-Unis : le puissant syndicat des dockers menace d'une grève historique.
L'International Longshoremen's Association, le très puissant syndicat des dockers américains, menace d'une grève historique dès ce lundi soir si leurs revendications ne sont pas entendues. Une grève qui paralyserait 36 ports de la côte Est et coûterait près de 5 milliards de dollars par jour. "Il vaut mieux qu'ils se calment, que nous obtenions un accord et qu'on passe à autre chose" a déclaré Harold Daggett, président de l'ILA. "Dans le monde où nous vivons, je vais vous briser. Je vous paralyse, et vous n'avez aucune idée de ce que cela implique. Personne ne le sait".
Une menace peu prise au sérieux
Créé en 1877, l'ILA compte aujourd'hui 85 000 adhérents, dont 45 000 seraient susceptibles de participer à la grève, qui stopperait net le flux d'une grande quantité de marchandises transitant par les quais de la côte Est et de la côte du Golf, affectant ainsi les usines qui nécessitent ces pièces pour fonctionner… La banque JP Morgan Chase estime donc le coût de cette grève à 5 milliards de dollars par jour, alors que les États-Unis se remettent à peine du pic d'inflation provoqué par la pandémie. Du jamais-vu en un demi-siècle, qui ferait grimper à nouveau les prix, ce dont le syndicaliste a bien conscience, bien qu'il estime ne pas être pris au sérieux par le gouvernement. "Où est le président des États-Unis ? Il n'est pas en train de se battre pour nous. […] Première semaine, ça va être aux infos tous les soirs. Boum, boum. Deuxième semaine, les mecs qui vendent des voitures ne peuvent plus vendre de voitures parce qu'elles ne sont pas débarquées des navires. Ils se font virer. Troisième semaine, les centres commerciaux commencent à fermer. Ils ne reçoivent plus rien de Chine. Ils ne peuvent plus vendre de vêtements".
Une hausse de salaire de 80%
En 2018, l'ILA a renouvelé son contrat avec l'USMX, association des employeurs maritimes, menant, d'après le syndicat, à des profits records pour ces entreprises, alors que les emplois des dockers sont menacés par l'automatisation de la gestion des ports. Selon le ministère du Travail américain, leur salaire annuel, aves les heures supplémentaires, peut dépasser les 250 000 dollars, avec un salaire moyen qui oscille autour de 60 000 dollars. Daggett réclame donc une augmentation des salaires de 80% sur les six prochaines années, alors que des sources proches des négociations citées par le New York Times parlent de 60%, et que l'USMX se dit d'accord pour une hausse de 40%. S'il s'agit de la première grève du syndicat des dockers depuis 1977, la loi Taft-Harley permet au président de forcer les dockers à retourner travailler pour 90 jours : "Qu'il y aille, qu'il sorte Taft-Harley. Les entreprises vont devoir payer nos salaires pendant que les dockers vont faire 8 mouvements à l'heure au lieu de 30", menace Harold Daggett. Une menace justifiée par son fils, Dennis A. Daggett, vice-président du syndicat qui en prendra un jour la tête : "Les grèves ne sont jamais faciles. Mais dans le monde d'aujourd'hui, où les lois du travail sont contre nous et où la cupidité des entreprises est sans limite, cela reste l'un des outils les plus puissants dont nous disposons dans notre lutte pour la justice".