La start-up Ynsect placée en redressement judiciaire
En procédure de sauvegarde depuis septembre, l'appel d'offres pour sauver Ynsect et éviter la cessation de paiements n'a pas trouvé chaussure à son pied. Selon Les Echos, aucune proposition d'investissement ou de reprise n'a été déposée à la date limite du 17 février. Pionnière dans la production de protéines et d'engrais à base d'insectes, la start-up devrait donc être prochainement placée en redressement judiciaire. Un plan de cession pourrait permettre de faire émerger de nouvelles offres.
Nestlé intéressé
Habituellement, les offres de reprise sont organisées après un placement en redressement judiciaire, mais l'administrateur judiciaire a préféré prendre les devants, car Ynsect devrait être en cessation de paiements fin mars. Selon un article des Echos fin janvier, "s'il n'y a pas de solution trouvée, on s'achemine tout droit vers une liquidation judiciaire". Nestlé, par l'intermédiaire de sa filiale d'alimentation pour les animaux domestiques Purina Petcare, serait intéressé par la start-up industrielle française. Mais aucun projet de sauvegarde n'a pour l'instant été déposé. Bpifrance serait prête à investir pour sauver la start-up selon Les Echos, mais cela nécessite un co-investisseur. L'Usine Nouvelle affirme, elle, que Mars serait intéressé par Ynsect pour fournir Mars Petcare (Whiskas, Sheba, Royal Canin…).
Un choc pour la French Tech
La start-up aurait besoin de 130 millions d'euros, somme qui lui permettrait d'achever sa giga-usine de Poulainville dans la Somme et d'augmenter une production trop modeste. En 2024, l'agritech a réalisé un chiffre d'affaires de 5,8 millions, enregistrant une perte nette de 80 millions d'euros. Les comptes de 2024 ne sont pas disponibles. Depuis deux ans, Ynsect cherche des liquidités. Fin 2023, ses principaux actionnaires étaient Astanor Ventures (22,77%) et Bpifrance (13,62%). Ynsect a déjà fermé un site aux Pays-Bas en 2023 afin de réduire ses dépenses, cédé en 2024 une filiale dans le Nebraska et taillé dans ses effectifs. Fin 2024, l'agritech comptait 214 salariés, contre 360 il y a deux ans.
La chute de la start-up est une véritable onde de choc pour la French Tech, la société ayant souvent été présentée comme un symbole des jeunes pousses industrielles conjuguant innovation, développement durable et création d'emploi dans les territoires. Ynsect a levé 600 millions de dollars depuis sa création en 2011, bénéficiant d'un large soutien de Bpifrance et de l'État français, l'intégrant pendant plusieurs années dans le Next40, qui réunit les jeunes pousses les plus prometteuses du pays. Mais l'ensemble de l'écosystème des protéines entomiques est mal en point. Agronutris, deuxième fabricant de farine d'insectes, est en procédure de sauvegarde depuis fin janvier.