Chronique du virus : les entrepreneurs face à la pandémie

L'épidémie est très compliquée à gérer pour les entreprises françaises. Malgré les mesures annoncées par le gouvernement, la survie n'est pas simple pour autant. Voici quelques points sur la vie de ces entrepreneurs.

La France entière tourne au ralenti. Recul des marchés boursiers, annulation des salons, commandes, déplacements… Malgré les mesures annoncées par le gouvernement (jugées insuffisantes par certains) les entrepreneurs se serrent les coudes, et la ceinture ! Sur les réseaux sociaux et au sein des groupes d'entrepreneurs de nombreuses initiatives d’entraide se créent.

L’économie mise à mal 

Comme en témoignait ce matin Pascal Lorne dans un article “Après l'allocution d'Emmanuel Macron, ma société Gojob a perdu deux tiers de son activité dans la journée”, les retombées économiques sont lourdes et directes pour la majorité des entreprises.

Quand certaines structures peuvent s’adonner au télétravail, ce n’est tout simplement pas possible pour d’autres. Restaurants, bars et cafés se voient obligés de fermer rideau, d’autres moins soucieux du confinement imposé s’organisent en toute clandestinité.

Petit rappel pour les contrevenants, les mesures se durcissent, l’amende forfaitaire est désormais de 135 euros et de 375 euros pour l’amende forfaitaire majorée (non paiement, réitération des faits…) l'exécutif pense même à durcir les sanctions prises à l’encontre des contrevenants avec une éventuelle comparution immédiate devant le tribunal correctionnel. Face au non respect des consignes sanitaires, la Seine-Saint-Denis comptait ce matin une quinzaine de gardés à vue, pour “mise en danger de la vie d’autrui”, passible de 15 000 euros d’amende, et d’un an de prison. Il est également à noter qu'un homme a été placé en garde à vue dans le Pas-de-Calais, à Bruay-la-Buissière, pour "mise en danger d'autrui par violation délibérée des mesures destinées à prévenir et limiter les conséquences des menaces sanitaires sur la santé".

Conséquence directe du virus et des mesures drastiques mises en place, l’exécutif table désormais sur un déficit de 3,9% du PIB à la fin de l’année. Avec une  légère remontée de l’indice boursier du CAC40 de -5,52% ce vendredi aux alentours de midi, la situation se ressent directement sur le marché. Même pour ce qui est des cryptomonnaies, monnaies totalement digitales issues de la blockchain, le bitcoin -plus célèbre et onéreuse des cryptomonnaies - subit violemment l’atmosphère ambiante avec une dégringolade de 47,04% sur les 30 derniers jours.

Malgré l’atmosphère ambiante, de nombreuses entreprises et indépendants en profitent pour peaufiner leur stratégie et travailler tout ce qu’ils n’ont habituellement pas le temps de faire, tout en préparant la reprise économique, attendue avec impatience par tous. Le Français, dans sa majorité du moins, fait une fois de plus preuve d’une résilience exemplaire face aux événements.

Le gouvernement prend des mesures inédites 

Face à la crise, le gouvernement se veut rassurant et annonce la création d’un fond de solidarité d’un montant de 2 milliards d’euros, permettant aux TPE et indépendants de bénéficier d’une indemnité d’un montant de 1 500 euros, sous conditions. 

Cette indemnité supplémentaire s’ajoute aux nombreuses autres mesures prises afin d’amortir le choc économique (report des charges fiscales, sociales…). Malgré les mesures annoncées, les entrepreneurs, moins couverts que les salariés et non éligibles au chômage partiel, l’inquiétude grandit.

Le gouvernement se veut rassurant : pas de pénurie alimentaire !

Comme le martèlent quotidiennement nos ministres face à la ruée des Français vers les grandes surfaces, notre pays traverse une crise sanitaire et non alimentaire. “La garantie d'approvisionnement sera assurée, indique Bruno Le Maire. Ce qui s'est passé hier, on s'y attendait, c'est sans surprise”. L’activité étant maintenue dans le secteurs primordiaux de l’agro-alimentaire, aucune pénurie n’est à prévoir pour les prochains mois.

Cependant, face à la réaction de certains Français, Bruno Le Maire, ministre de l’économie appelle au calme : 

“J’appelle les Français à faire preuve de responsabilité et à ne pas se précipiter dans les grandes surfaces ou les commerces de proximité. Continuez à faire vos courses de produits alimentaires et de première nécessité comme avant”.

Olivier Véran prévient “ le confinement durera autant de temps qu’il le faudra”

Si l’annonce n’est toutefois pas encore officielle, c’est déjà une certitude pur l’ensemble du corps médical. Une prolongation du confinement sera nécessaire en France, afin d’endiguer au mieux l’épidémie de coronavirus

Dans les colonnes du Figaro, celui-ci reconnaît : "Le confinement durera autant qu’il faudra. (...) La situation va d’abord se dégrader, avant de s’améliorer: dans un premier temps l’épidémie va continuer à progresser, car les malades qui décèdent aujourd’hui ont été contaminés avant le confinement. C’est quelque chose d’attendu", souligne-t-il.” Dans la nuit de jeudi à vendredi, le sénat a donné son feu vert au projet de loi, permettant l’instauration d’un état d’urgence sanitaire, permettant, outre le report des élections, de nouvelles mesures de soutien aux entreprises.

Face à la crise sanitaire, les entrepreneurs se serrent les coudes 

Au même titre qu’en Italie, où des ingénieurs, designers et autres professionnels s’allient pour fabriquer, via impression 3D des respirateurs pour les hôpitaux en manquant, les initiatives de solidarité se multiplient en France. Les auto-entrepreneurs et patrons, en plein cœur de la tempête font preuve d’une solidarité et d’une résilience exceptionnelle, plus que bienvenue en ce moment !

Alors que de nombreuses institutions, médias et musées mettent gratuitement leurs service à disposition des Français pour les aider à s’occuper, et à occuper leurs enfants durant le confinement ; de nombreux auto-entrepreneurs du digital se rassemblent pour faire face ensemble à la crise. Rendu possible par les nouvelles technologies de communication,  le télétravail est adopté, avec plus ou moins de facilité par de nombreuses entreprises.

Peut-être un changement à venir sur la perception du télétravail en France ?

Partout, de nombreuses initiatives solidaires fleurissent, comme celle de la ville de Gisors, en Normandie, qui a mis en place un système de livraison de produits de première nécessité, à l’intention des personnes âgées, ou en situation de handicap. Il en est de même au sein des start-up edtech (entreprise spécialisée dans l’éducation en ligne), de nombreuses entreprises mettent gracieusement à disposition leurs systèmes de classes virtuelles afin de permettre une continuité dans le système éducatif de nos enfants (à leur plus grand désespoir).

Cependant, c’est au sein des réseaux d’entrepreneurs et pépinières digitales que les réactions sont les plus rapides : création de collectifs d’auto-entrepreneurs, mise en place de bureaux et d’espaces de co-working en ligne, création de sites Internet pour permettre à des petits commerçants alimentaires de continuer leur activité…

Les prestataires de service subissent des dégâts collatéraux 

Retombée indirecte du virus, les prestataires de service web que l’on aurait pensé épargnés par les retombées économiques subissent eux aussi une baisse d’activité notable, parfois totale (agence événementielles, spécialisées dans le tourisme...). Travaillant en lien direct avec de nombreux secteurs d’activité, ceux-ci prennent également de plein fouet les annulations de commande et d'événements, bien que pour certains secteurs d’activité, la demande soit en constante augmentation (plateformes de streaming, sites de formations en ligne…).

Situation paradoxale pour les cabinets de recrutement 

Bien que les agences d'intérim classiques voient leur activité très sérieusement affectée, voire suspendue par les événements actuels, du côté des cabinets de recrutement numériques, la situation est totalement paradoxale. Même si certains comptes clients sont gelés par l’actualité, particulièrement dans les secteurs du tourisme et de la restauration, d’autres secteurs d’activité comme la distribution, le funéraire, les éditeurs de logiciels et bien d’autres, se trouvent en situation “d’hyper-urgence” en terme de recrutement, faisant face à une demande accrue.

Nous avons posé la question suivante à Hervé Bourdon, recruteur chez Digirocks, cabinet de recrutement spécialisé dans les métiers du numérique (hors développement) :

Comment vous adaptez-vous à la situation actuelle ? Celui-ci nous répond : “Pour chacun des recruteurs Digirocks, on ne s’adapte pas, on attend la fin de la vague en soignant le service, en mode “urgence” pour les clients qui continuent le recrutement et en mode préparation pour la reprise”

Vous l’aurez compris, pour la majorité des cabinets de recrutement la situation est tendue. Ceux-ci continuent à faire face afin que les entreprises en ayant besoin puissent continuer leurs processus de recrutement afin de faire face à la demande émergente.

Contre mauvaise fortune, bon cœur 

C’est ce que se disent de nombreux prestataires de services web et coachs, allant jusqu’à offrir leurs services aux entreprises en ayant besoin en ce moment.

Interrogé par un de nos correspondants en région Sud, Samuel, consultant en stratégie marketing et en charge du marketing chez National Clôture, revendeur de clôture et matériaux de jardin, nous confie : “J'ai déjà dû tempérer des clients qui étaient prêts à investir beaucoup d’argent en publicité en ligne pour "limiter les dégâts"... Même au niveau de la publicité en ligne, les résultats sont instables : les comportements d’achat changent, les gens sont déjà agacés par le confinement. 

Résultat, les requêtes informationnelles explosent et les algorithmes publicitaires ont du mal à effectuer les "match”. Donc si ça vous passe par la tête, demandez conseil avant d'agir, sinon vous n'allez que continuer à creuser. "Chez National Clôture nous avons vite mis en place des mesures face au virus afin d’assurer la santé des collaborateurs, mais aussi de l’entreprise. "

En effet, même Google n’est pas insensible à ce virus. 

Premier symptôme : 

Les requêtes autour du coronavirus en France totalisent  déjà plus de 47 millions de requêtes sur Google.

Face à la situation actuelle tous les sons de cloche sont les mêmes : faire contre mauvaise fortune bon cour et se serrer les coudes. Attendre que la tempête passe en limitant les dégâts, et préparer la reprise de plus belle ! Si tout le monde respecte scrupuleusement les mesures de confinement et limite ses déplacements au strict minimum, en respectant les mesures barrières préconisées, l’épidémie sera rapidement endiguée, assure le gouvernement.