Bruno Marguet (Alstom) "Nous allons inclure les navettes autonomes d'EasyMile dans nos réponses aux appels d'offres"

Après le train, le tramway et le métro, Alstom investit dans les navettes autonomes. Le groupe prend une participation minoritaire dans le constructeur français EasyMile.

Bruno Marguet est vice-président en charge de la stratégie et de la transformation digitale d'Alstom. © Alstom / Arnaud Février

JDN. Vous venez d'investir 14 millions d'euros dans le fabricant français de navettes autonomes EasyMile, accompagné d'un partenariat commercial. Pourquoi ?

Bruno Marguet. Nous avons décidé de renforcer notre positionnement sur le transport intelligent pour étendre nos solutions de pur transport via le rail vers la mobilité globale. C'est notre deuxième investissement sur ce marché après le rachat fin décembre du leader mondial des solutions de connectivité pour l'industrie ferroviaire, le britannique Nomad Digital. Il est important pour nous de toucher l'ensemble de la population et pour cela il faut proposer des moyens de transport dédiés au dernier kilomètre tels que les minibus sans chauffeur d'EasyMile.

Il y a d'autres fabricants de navettes autonomes, notamment le français Navya. Pourquoi avoir choisi EasyMile ?

Comme dans beaucoup de contrats de ce type, c'est une question d'opportunité et d'entente. Nous nous sommes rencontrés, le courant est bien passé et le sujet est venu naturellement sur la table. Nous avons été séduits par les nombreux essais qu'EasyMile a réalisés partout dans le monde. La société est en pleine expansion et a déjà séduit les Etats-Unis et Singapour, par exemple.

A quelles synergies faut-il s'attendre entre vos activités respectives ?

Nous avons une vision de système : nous opérons des trains, des tramways et des métros et nous voulons intégrer l'offre d'EasyMile dans des projets globaux de mobilité. Nous allons leur ouvrir notre réseau commercial pour proposer ce genre de solution complète. Nos principales cibles seront les aéroports. Nous allons très prochainement répondre à l'appel d'offres d'un aéroport belge dans lequel nous pourrons inclure les navettes d'EasyMile. Nous postulerons probablement à plusieurs appels d'offres de ce type avec eux dès cette année. Nous voulons aussi proposer leur solution à des campus universitaires américains ou des parcs d'attractions, par exemple. Ce sont dans ces types de lieux que les minibus sans chauffeur à vitesse limitée et au parcours prédéfini, comme l'EZ10 d'EasyMile, ont un avenir. Les besoins sont très importants.

"Nous voulons proposer la solution d'EasyMile à des campus universitaires américains et des parcs d'attractions"

EDF utilise des navettes autonomes pour organiser les déplacements de ses ouvriers dans la centrale nucléaire de Civaux (Vienne). Pourriez-vous faire de même sur vos sites ?

Ce n'est pas prévu pour l'instant. Mais à terme, je pense que l'on utilisera plutôt leur technologie pour automatiser le transport des pièces de nos entrepôts de magasinage vers les chaînes de production.

Faut-il s'attendre à d'autres investissements sur ce marché ? Quelles autres technologies vous intéressent ?

Nous regardons de près le secteur de l'intelligence artificielle, qui pourrait permettre d'optimiser les flux entre les différents types de transport et optimiser leur consommation d'énergie. Nous y travaillons déjà avec plusieurs start-up. Nous sommes aussi très intéressés par tout ce qui tourne autour de la cybersécurité. Dans ces deux domaines nous serons particulièrement sensibles aux solutions des entreprises qui ont, comme EasyMile, déjà développé de nombreux cas d'usage.