Uber : la double victoire du CEO, l'IPO en ligne de mire
Le compromis trouvé avec Google qui accusait le groupe de vol de technologie est moins important que prévu. Surtout, Dara Khosrowshahi a la voie libre pour organiser l'introduction en bourse.
"Mon rôle comme CEO d'Uber est de préparer l'avenir de la société : innover et croître de façon responsable, ainsi que de reconnaître et corriger les erreurs du passé." Dara Khosrowshahi a mis en application ces sages paroles, lorsque le groupe de locations de voitures avec chauffeur a annoncé avoir trouvé un compromis avec Waymo, la filiale d'Alphabet (maison-mère de Google) dédiée aux recherches sur la voiture autonome, après quasiment un an de démêlés judiciaires. Cette dernière reprochait à Uber d'avoir racheté la start-up Otto et recruté son fondateur Anthony Levandowski, un ancien ingénieur de Waymo qui avait travaillé sur la voiture autonome et aurait volé des brevets propriétaires sur la technologie laser. Après quatre jours d'auditions à la Cour Fédérale de Californie, Uber a finalement consenti à offrir 0,34% de son capital à Waymo, soit un montant de près de 250 millions de dollars sur une valorisation de 72 milliards pour le groupe de VTC, pour clore le dossier.
S'il a certes sorti son portefeuille pour rétribuer Google – qui a aussi investi dans le passé dans le groupe, via son véhicule venture, Uber sort gagnant à deux points de vue de cette affaire. D'une part, il a significativement réduit la part de capital offerte à son adversaire car, avant le début du procès, il avait envisagé d'allouer 0,68% de son capital – soit près de 500 millions de dollars – avant de se rétracter et d'autoriser le fondateur Travis Kalanick à témoigner pour raconter sa version des faits. Ce dernier a réfuté avoir recruté Anthony Levandowski dans le but d'obtenir des données confidentielles de Waymo, et si elle a montré que les deux avaient été en contact lorsqu'il était encore chez Google, l'accusation a eu du mal à apporter les preuves de cette intention, d'où la baisse du montant de la transaction.
"Voilà à quoi ressemble un vrai leadership. Reconnaissance, excuses, engagement, optimisme"
Mais surtout, Dara Khosrowshahi sort grandi de cet accord, qui démontre ses qualités de leader et dégage la voie pour une potentielle IPO. "Voilà à quoi ressemble un vrai leadership. Reconnaissance, excuses, engagement, optimisme", s'est exclamé sur Twitter Chris Sacca, grande figure du venture américain et investisseur de la première heure dans Uber. Le ton qu'il a employé dans cette affaire dénote avec les derniers mots du fondateur Travis Kalanick, connu pour ses manières brusques : "Aucun brevet secret n'est jamais parvenu chez Uber. Les preuves lors du procès l'ont démontré, et si le procès avait été jusqu'à sa fin, Uber aurait gagné".
Arrivé en septembre, le nouveau CEO a quant à lui choisi la manière douce : il a sillonné la planète pour assurer des régulateurs échaudés par le comportement de la start-up qu'Uber était prêt à revenir dans le droit chemin. Il s'est excusé platement lorsqu'a été révélé le piratage de 57 millions de comptes, qui implique pourtant l'ancien management. En interne, il a engagé de nouveaux dirigeants et instauré des valeurs afin d'améliorer la culture d'entreprise du groupe.
Tous ces gages ont aussi pour but de dégager les conditions d'une introduction en Bourse réussie pour la start-up la mieux valorisée au monde, à plus de 70 milliards de dollars. Dara Khosrowshahi est déjà en contact avec le régulateur américain pour expliquer les méthodes du groupe et faire preuve de la transparence qui a manqué à Uber jusqu'à présent.
Article originel publié sur WanSquare par Anne-Laure Peytavin le 12/02/2018.
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