De la voiture à l'usine autonome : accompagner le changement étape par étape
En septembre, les véhicules autonomes de niveau 3, dont l'attention du conducteur n'est plus requise, pourront circuler sur nos routes.
En septembre, les véhicules autonomes de niveau 3, dont l’attention du conducteur n’est plus requise, pourront circuler sur nos routes. La circulation routière n’est pas le seul domaine dans lequel la conduite autonome a des enjeux économiques et sociétaux forts. L’industrie et la conduite de ses lignes de production connaît aussi de profonds changements qui nous mènent au pilotage automatique : l’usine autonome.
Accompagner la conduite du changement…
L’autonomie des véhicules amène à repenser le devenir de la formation à la conduite automobile. Bientôt, l’automobiliste devra reprendre le contrôle du véhicule uniquement dans les situations complexes ou d'urgence. Tel un pilote d’avions, il sera plutôt question de pilotage que de conduite. Dans le monde de l’industrie, la problématique de la formation est tout autre. Les carrières longues où l’ouvrier est un pilote de classe internationale, capable, à l’oreille, de reconnaître le bon réglage pour la machine est révolu. La production industrielle doit s’adapter à la nouvelle génération : passer d’un pilotage à quelques heures de formation, pour un trafic autonome et productif des chaînes de production.
Toutefois, la technologie ne résout pas le problème de la confiance individuelle et sociétale. Notre sentiment de confiance face à une conduite tierce dépend en grande partie de la proximité des comportements de conduite avec nos propres comportements. Si le véhicule apprend de nos comportements, nous apprenons également à faire confiance à l’algorithme embarquée au fur et à mesure. Limiteur, régulateur de vitesse, parking autonome, maintien dans la voie et conduite semi-autonome sur les grands axes… Tous ces systèmes transforment notre rapport au véhicule et construisent notre confiance. Sans cela, il est fort à parier que la transition au véhicule autonome ne passerait que par un renouvellement générationnel des conducteurs.
Le parallèle pour l’usine autonome est évident. Une équipe qui conduit une chaîne de production depuis des années n’a pas de raison d’avoir confiance en un algorithme et de voir sa prise de décisions challengée ou mise de côté. La confiance doit se construire par une transition étape par étape. Un projet industrie 4.0 qui n’embarque pas les équipes et la conduite du changement n’est voué qu’à l’échec.
… en procédant étape par étape
Un projet d’usine autonome démarre, comme pour l'automobile par des actions ponctuelles, telle que l’analyse de situation ou la résolution de problèmes ponctuels. Ces solutions, dont les résultats viennent des données - et donc du passé de la chaîne de production - sont explicables, contextualisables et reposent sur des choix précédents des équipes. La confiance peut alors commencer à s'établir au travers des résultats business concrets.
L’étape suivante consiste à passer du ponctuel à l’action au quotidien. L’analyse ponctuelle ne permet pas de répondre aux aléas. Il devient alors nécessaire d’intégrer l’analyse et la recommandation à la production en temps réel. La confiance pré-établie à l’étape précédente est donc nécessaire pour arriver à ce niveau de maturité. L’utilisation de recommandation prescriptive, c’est-à-dire directement basée sur des expériences de production passées et justifiables est une clef de l’acceptation.
Le troisième niveau de l’usine autonome consiste à automatiser la prise de décision d’application de consignes dynamiques proposées par un système prescriptif. L’usine devient alors autonome et l’ouvrier assiste le système, entre autres lorsque des situations inconnues se présentent. Tout comme notre véhicule sera d'abord autonome sur routes sèches en nous rendant le contrôle sous la pluie avant d’être capable de faire face à toutes situations.
La dernière étape de la transformation se fait en complétant l’approche prescriptive par une prise de décision prédictive. L'algorithme de pilotage va enrichir son IA par un système capable de proposer des configurations, y compris dans des situations auxquelles il n’a jamais été exposé. Une situation qui demande une pleine confiance dans la solution mise en œuvre. Cette transformation vers l’usine autonome est donc un long chemin qu’il faut emprunter en ayant pleinement conscience des étapes à parcourir.
En plus d’adresser des enjeux économiques et écologiques, l’usine autonome libère du temps et permet aux équipes de se focaliser sur des tâches à valeur ajoutée. Elle conduit ainsi à la création de nouveaux métiers qui alimenteront à leur tour la technologie de connaissances nouvelles, au fur et à mesure des évolutions du procédé.