La crise va sauver les Assurtechs !
La crise économique que nous traversons va forcer les Assurtechs à revoir leur business model, les inciter à corriger leurs dangereuses habitudes et surtout leur permettre d'avoir un réel impact.
Une bulle Tech qui se dégonfle
Le mouvement a commencé aux Etats Unis avec la chute des valorisations du Nasdaq. Il est en train de s’étendre à l’Europe. Les valeurs technologiques sont les plus atteintes et l’indice cloud a chuté de 55% depuis fin 2021. Les Assurtech (contraction d’assurance avec technologie) sont particulièrement touchées avec des levées de fonds moins importantes, un appétit des fonds de capital risque en recul, et des chutes des valorisations pour celles cotées (exemple Lemonade avec une action à 21 dollars contre 160 en février 2021).
Côté investisseurs, le message adressé aux dirigeants a aussi changé : la croissance oui, mais surtout la rentabilité !
Pourquoi les Assurtechs sont particulièrement touchées
Le modèle des Assurtechs qui s’est développé très récemment a aiguisé les appétits des fonds d’investissement qui n’ont pas voulu rater “the next big opportunity”.
La conséquence a été une course effrénée à la croissance encouragée par les investisseurs et des valorisations totalement déconnectées de la réalité économique de ces acteurs. Un cercle vicieux puisque les Assurtechs sont devenues totalement dépendantes aux levées de fonds et structurellement déficitaires. En effet, pour afficher de la croissance, et donc pouvoir passer le prochain tour de table, elles devaient dépenser des fortunes en acquisition et perdre encore plus d’argent.
Les Assurtechs qui distribuent les produits sont les plus touchées par ce nouvel environnement, mais l’ensemble de la chaîne de valeur (gestion des sinistres, détection de fraude etc.) est aussi concerné et va affronter un climat plus délicat.
Cette semaine, c’est l’assurtech espagnole Elma qui annonce sa fermeture pour faute de financement. Elle avait pourtant levé 3 millions d’euros en 2019. Sa chute aura été rapide…
Les utilisateurs ont aussi déchanté et ont réalisé que les parcours séduisants construits n’étaient pas forcément adaptés en cas de sinistre, et qu’il était parfois très difficile d’avoir un conseiller au bout du fil. Avec pour résultat, une défiance toujours forte envers ces nouveaux acteurs.
Comment les Assurtechs peuvent en sortir gagnantes
Si les entreprises de Assurtech ont autant dépensé récemment, c’est principalement pour faire croître rapidement leurs portefeuilles de clients. La moitié de leurs charges passaient en acquisition payante (source : l’Argus de l’assurance), avec une création de valeur par conséquent très limitée. Et surtout, les enchères de la publicité en ligne avaient tellement augmenté que leurs clients leurs coûtent plus qu’ils n’allaient leur rapporter sur la durée du contrat.
La fin de cette frénésie va conduire à une baisse des coûts d’acquisition et va permettre aux Assurtechs d’investir dans leur produit et de créer plus de valeur pour les clients. Cela permettra d’augmenter la satisfaction des assurés, réduire le taux d'attrition et surtout construire des entreprises tournées vers la rentabilité !
Des Assurtechs rentables auront aussi plus de chances d’être intégrées aux assureurs traditionnels et leur apporter leur expertise en matière d’expérience utilisateur, d’utilisation de la data et leur capacité à créer des offres innovantes adaptées aux nouveaux usages et nouveaux enjeux. Et tant pis si on produit moins de nouvelles licornes françaises.
A l’heure ou les plateformes et les Gafam marquent un appétit toujours plus marqué pour les assurances, la souveraineté européenne passe aussi par ce secteur dans lequel nous devons conserver nos champions !