Le prélèvement automatique, un boomer à la jeunesse éternelle

Les moyens de paiement ont évolué avec toujours plus de fluidité et de sécurité. Le prélèvement automatique, qui fête ses 60 ans cette année, n'échappe pas à la règle.

Capable de programmer le versement de sommes dues à un tiers, il n’a en effet cessé de se transformer au cours des dernières décennies pour rejoindre la grande famille des moyens de paiement dits « de compte à compte », aujourd’hui parmi les plus innovants du marché. 

D’une idée anglaise, une success story française

Bien que les premières initiatives du prélèvement automatique soient souvent attribuées aux banques françaises qui cherchaient des moyens de simplifier les paiements récurrents de factures d'eau, de gaz et d'électricité, c'est un entrepreneur et banquier anglais, Alistair Kydd Hanton OBE, qui inventa ce moyen de paiement en 1964. Alors qu’il travaillait au département de recherche économique de la société Unilever, il eut l'idée de collecter automatiquement via les banques les paiements de milliers de petits détaillants de crèmes glacées et ce afin d'éviter les défauts de paiement ainsi que la lourdeur de la gestion du recouvrement. Le prélèvement bancaire était né. Introduit en France pour automatiser les paiements récurrents de factures de services dits essentiels comme nous l’avons vu plus haut, le prélèvement automatique s’étendit progressivement dans les années 1970-1980 à d'autres types de paiements récurrents, comme les loyers, les assurances et les remboursements de prêts, son adoption ayant été facilitée par l'augmentation du nombre de comptes bancaires et l’avènement des paiements électroniques. 

L’âge de la maturité avec Internet et l’informatisation 

A partir de 1990, les avancées technologiques furent déterminantes dans le regain d’intérêt pour le prélèvement automatique : l'introduction des systèmes informatiques dans les banques rendit leur gestion plus efficace et sécurisée tandis que l'essor d'internet permit aux clients de gérer leurs prélèvements en ligne, rendant le processus plus accessible et transparent. Les années 2000 furent également celles de l’automatisation : l'émergence des banques en ligne facilita l'accès aux services de prélèvement automatique, avec des interfaces utilisateur simplifiées et des options de gestion en temps réel. Elles furent par ailleurs celles de la sécurité et de la conformité : des réglementations plus strictes furent introduites pour protéger les consommateurs contre les prélèvements frauduleux, comme ce fut le cas en Europe avec la directive sur les services de paiement (DSP1). Les années 2010 coïncidèrent quant à elles avec l'avènement de la mobilité : grâce à l'essor des smartphones et des applications bancaires mobiles, les particuliers ont pu commencer à suivre et gérer leurs prélèvements directement à partir de leurs appareils mobiles. Enfin, la décennie fut celle de l'harmonisation : 2014 vit le lancement du système de prélèvement SEPA, qui allait uniformiser les prélèvements dans la zone euro, facilitant ainsi les paiements transfrontaliers.

L'open banking, un souffle nouveau pour le prélèvement automatique

Dès 2015, l’adoption de la deuxième directive sur les services de paiement (DSP2) introduit l'ère de l'open banking faisant désormais rentrer le prélèvement dans la grande famille des paiements bancaires, également appelés paiements de compte à compte, c'est-à-dire des paiements effectués directement d'un compte bancaire à un autre. En obligeant les banques à ouvrir leurs données de paiement et de compte à des tiers via des API sécurisées, l'open banking favorise une plus grande automatisation des transactions et une meilleure expérience utilisateur. Contrairement aux prélèvements automatiques qui, comme leur nom l’indique, « prélèvent » de l'argent sur un compte bancaire, l'open banking permet à chacun « d’initier » des paiements directement à partir de son compte bancaire. Par ailleurs, en remplissant automatiquement les coordonnées bancaires, ces types de paiements réduisent les erreurs de saisie manuelle et, grâce à la possibilité de vérifier si le compte bancaire est suffisamment approvisionné, ils diminuent également le nombre d'échecs de paiement. Les fintechs commencent également à utiliser les API d’open banking pour développer de nouvelles solutions de gestion financière. Enfin, la DSP2 introduit des exigences d'authentification forte augmentant la sécurité des prélèvements automatiques grâce, par exemple, à l'open banking pour vérifier la propriété du compte bancaire du payeur.

IA et DSP3 en ligne de mire

Dernièrement, l'arrivée de l'intelligence artificielle a permis de rendre les prélèvements plus efficaces et plus sûrs. Par exemple, son utilisation dans les services financiers permet de prédire les besoins en trésorerie des clients et d'optimiser les dates et montants des prélèvements automatiques pour éviter les découverts. Du côté des entreprises, elle est le gage d'une meilleure gestion financière : aujourd'hui, certaines solutions utilisent l'apprentissage automatique, un sous-ensemble de l'IA, pour identifier et programmer automatiquement le moment optimal pour relancer et récupérer les paiements qui ont initialement échoué. La récente introduction de la DSP3 est un pas de plus pour faire tendre les paiements bancaires, dont le prélèvement automatique, vers encore plus de sécurité, de contrôle et de simplicité à la fois pour les particuliers et les entreprises.

Le prélèvement automatique a parcouru un long chemin depuis ses débuts en 1964. Il a évolué grâce aux avancées technologiques, à l'introduction de réglementations strictes et, plus récemment, grâce à l'open banking lequel le fera très certainement gagner encore plus en popularité à mesure que les banques continueront de se digitaliser et de développer leur connectivité. Selon une étude, si la carte bancaire est le premier choix des Français pour le paiement de leurs factures ponctuelles, le règlement par paiement bancaire arrive en seconde position et est le moyen de paiement préféré de six entreprises tricolores sur dix*.


 

*« Payer Experience Report », une étude YouGov pour GoCardless menée au Royaume-Uni, aux Etats-Unis, en France, en Allemagne et en Australie. Le travail sur le terrain a été réalisé entre le 1er et le 9 juin 2022.