Pouvoir d'achat et réseaux de distribution sous tension : pourquoi le paiement à l'usage représente une solution gagnant-gagnant ?

Face à l'inflation, la location sans engagement, avec des coûts liés à l'usage, offre une solution gagnant-gagnant. Mais sa mise en place reste complexe pour les retailers, freinant son déploiement.

L’inflation et la baisse du pouvoir d’achat poussent consommateurs et distributeurs à innover dans leur manière de commercer. Les premiers veulent mieux maîtriser leurs dépenses, et les seconds doivent trouver des sources de revenus complémentaires à leur activité d’achat/vente. La location sans engagement - un modèle basé sur des dépenses proportionnelles à l’usage d’un bien d’équipement - apparaît comme une solution prometteuse pour toutes les parties prenantes (industriels, distributeurs et consommateurs). Toutefois, son déploiement reste à ce jour limité en raison de la très grande complexité de mise en place pour les retailers. L’essor de l’économie de l’usage passera donc par l’innovation.

Le paiement à l’usage : une réponse aux contraintes du pouvoir d’achat des ménages ? 

Les ménages cherchent des solutions qui permettent de consommer sans altérer leur niveau de vie. Ils comparent les prix, privilégient les marques distributeurs, et se tournent vers le marché de la seconde main. Le Baromètre GreenFlex – ADEME de la Consommation Responsable 20241 révèle que 55 % des Français limitent leurs achats de produits neufs et se tournent vers des solutions alternatives dont la location. Le principal problème ne réside pas dans la demande mais bel et bien dans l’offre quasi inexistante chez les grands distributeurs de biens d’équipement de la personne. 

En effet, aujourd’hui il reste difficile de louer des outils de bricolage, des instruments de musique ou des équipements sportifs sans engagement de durée, chez les enseignes où les clients ont l’habitude de les acheter. 

Il existe bien des offres locatives spécialisées chez LOXAM ou KILOUTOU, mais elles sont en réalité très tournées vers les professionnels et peu adaptées aux besoins de consommateurs, que ce soit en termes de gamme, de prix et où d’accessibilité. Certains biens comme les voitures bénéficient de solutions de leasing ou de location avec option d’achat, mais ces modèles impliquent un engagement à long terme du consommateur, ce qui s’apparente plus à du crédit déguisé qu’à une véritable formule de paiement à l’usage. 

Avec une offre plus diversifiée, le paiement à l’usage pourra s’imposer comme un modèle de consommation durable, répondant à des besoins pratiques des consommateurs (réduction des dépenses inutiles, flexibilité, optimisation de l’espace de vie) et générant une croissance économique profitable pour les distributeurs. L’exemple de la location de matériel de ski illustre parfaitement ces avantages : 60 % des skis utilisés en France sont désormais loués, et le secteur de la vente et de la location d’équipements de sport en montagne affiche une croissance de 6 % en 2023/2024, portée par une hausse de 8 % sur la seule activité de location.

Accompagner les distributeurs dans leur transition vers l’économie de l’usage 

De nombreux distributeurs peinent encore à déployer la solution de paiement à l’usage à grande échelle, limitant ce modèle à des projets pilotes. Ces obstacles proviennent principalement de la complexité et du coût des transformations nécessaires au sein des entreprises. 

Proposer un modèle complémentaire basé sur l’usage représente un projet structurant pour les distributeurs nécessitant des investissements long terme qui, quand ils sont intégralement portés en interne, peinent à être rentables : financement prolongé des stocks locatifs, nouvelles chaînes logistiques, digitalisation coûteuse des parcours clients, intégration de nouveaux process opérationnels… Bien que cette transition soit complexe, dépasser la phase pilote est essentiel pour en exploiter les opportunités stratégiques. Contrairement à la LLD et la LOA, peu accessibles aux ménages modestes, le paiement à l’usage, plus flexible et adapté à la consommation réelle, permet de toucher un public plus large, de relancer le trafic en points de vente et de fidéliser sa clientèle. 

Par ailleurs, le paiement à l’usage répond aux enjeux majeurs de transition énergétique et numérique. Grâce à la gestion digitale performante permettant la réservation, le suivi en temps réel des équipements, l’analyse des usages grâce à la data et la maintenance optimisée, il contribue à prolonger la durée de vie des produits, limitant ainsi le gaspillage et la surproduction. 

La réussite du paiement à l’usage repose sur une coordination efficace entre toutes les fonctions de l’entreprise et sur un choix bien réfléchi entre réalisation en interne ou via des partenaires spécialisés dans le financement, l’informatique et la gestion opérationnelle. Les conditions sont désormais réunies pour que de nombreux secteurs de biens d’équipement de la personne et de la maison arrivent à répliquer l’incroyable succès du paiement à l’usage dans l’industrie du ski, alliant flexibilité pour les consommateurs et opportunités de croissance pour les autres acteurs économiques, qu’ils soient fabricants ou distributeurs.