L'assurance : un secteur à la croisée des chemins en matière d'adoption de l'IA

Après des années d'incertitude, 70 % des assureurs prévoient de déployer des modèles d'IA prédictive au cours des deux prochaines années.

Une nouvelle étude du secteur révèle que les compagnies d'assurance sont prêtes à adopter l'IA de manière significative dans les deux ans. Cependant, beaucoup admettent être à la traîne dans leurs efforts plus globaux de modernisation technologique. Selon l’étude 2024 « Industry Trends » sur l’état du marché de l’assurance, réalisée par Market Strategy Group, LLC, qui a interrogé plus de 400 dirigeants d'entreprises d'assurance internationales (dont 43 en France, 44 au Royaume-Uni, 44 en Allemagne et 44 dans les pays nordiques), 70 % des répondants prévoient de déployer des modèles d'IA qui réalisent des prévisions à partir de données en temps réel, d’ici deux ans, alors que moins de 30 % d'entre eux ont actuellement de telles fonctionnalités en place.

L'impact de l'IA sur les décisions opérationnelles devrait presque tripler au cours de l'année à venir, marquant une accélération spectaculaire de son adoption dans de multiples fonctions de l'entreprise. Cette adoption rapide reflète la reconnaissance croissante par l'industrie que les analyses alimentées par l'IA sont essentielles pour améliorer l'efficacité opérationnelle, stimuler l'innovation et maintenir un avantage concurrentiel sur le marché d'aujourd'hui.

Un défi central : la modernisation technologique 

Cependant, le chemin vers la mise en œuvre de l'IA est semé d'embûches. Près de la moitié (49 %) des assureurs admettent qu'ils ont pris du retard dans la transformation de leurs anciens systèmes (encore cloisonnés et disparates) et la modernisation complète de leurs opérations. Cette dette technologique crée des difficultés, de la conformité réglementaire à l'efficacité opérationnelle. Plus préoccupant encore, les équipements technologiques actuels de près de la moitié des assureurs (47 %) sont inadaptés pour accueillir l'innovation dans des domaines clés tels que le développement d'offres, l'analyse optimisée par l'IA et les stratégies de tarification et de déploiement tarifaire.

La conformité réglementaire reste un enjeu fort

Le contexte réglementaire semble particulièrement exigeant, plus des deux tiers des personnes interrogées indiquant qu'elles consacreront plus de temps à ce sujet l'année prochaine que cette année. Les récents litiges en matière de conformité pourraient être à l'origine de ce regain d'attention - plus de la moitié des entreprises interrogées ont déclaré avoir dû payer des amendes ou effectuer des remboursements, en raison d’erreurs de conformité réglementaire commises au cours de l'année écoulée. Les assureurs européens et australiens semblent avoir une longueur d'avance, puisque 68 % d'entre eux ont déjà renforcé leurs efforts en matière de conformité réglementaire, contre 62 % des entreprises nord-américaines.

L'amélioration continue du processus de souscription

La rapidité opérationnelle reste une préoccupation pour un grand nombre d’assureurs. L'enquête a révélé que près de 60 % des répondants mettent plus de cinq mois à mettre en œuvre un changement de règles de souscription, et plus de 20 % ont besoin de plus de sept mois.

Ce délai de mise en œuvre allongé pourrait avoir un impact sur la capacité des assureurs à répondre aux changements du marché et à maintenir leur position concurrentielle. La complexité des environnements de règles de souscription automatisées accentue ce challenge, 71 % des personnes interrogées décrivant leurs systèmes actuels comme complexes ou extrêmement complexes, gérant des centaines, voire des milliers de règles.

Des investissements accrus pour étendre l’IA à tous les processus

L'étude a également mis en lumière les difficultés de collaboration au sein des compagnies d'assurance. Moins d'un quart des personnes interrogées ont fait état d'une collaboration régulière au sein de l'équipe, et près de sept sur dix n'ont fait état que d'une collaboration ponctuelle entre les services à cause des infrastructures existantes.

Les conditions macroéconomiques - telles que l'inflation, le changement climatique, le risque de cybersécurité et les conditions économiques incertaines - continueront à poser des défis aux assureurs. Pour faire face à ces enjeux et utiliser les analyses alimentées par l'IA, au-delà des processus opérationnels, les assureurs continueront d'accroître leurs investissements dans les données de tiers au cours des trois prochaines années, augmentant dans certains cas les niveaux actuels de plus de 20 %. Leurs principaux sujets d'intérêt portent sur l'Internet des objets (IoT), les prédictions issues des modèles d'apprentissage automatique, la télématique et les données de la blockchain.

Les résultats de cette étude montrent que si le secteur de l'assurance reconnaît le potentiel de transformation de l'IA et de l'analytique avancée, une mise en œuvre réussie nécessitera une modernisation importante des systèmes et des processus essentiels. Les compagnies qui relèveront ces défis technologiques et opérationnels bénéficieront d'un avantage concurrentiel significatif sur un marché en constante évolution.