Les GAFA dominent l'économie ! FAUX

Les GAFA ont une position économique indiscutable sur le marché, mais nous dominent-ils pour autant ? Trois arguments, par la logique, tendent à nous faire penser le contraire grâce à l'IA.

Depuis plusieurs années, des personnalités décrétent la fin de la concurrence mondiale à cause de la domination des GAFA par la puissance numérique et l’intelligence artificielle. Cependant, les GAFA sont extrêmement loin d’avoir dissout la concurrence ou encore, de dominer le monde.

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Les entreprises du futur qui domineront l'économie seront pleinement dotées d'intelligence artificielle. C’est précisément cet aspect qui déterminera quelle entreprise subsistera ou sortira du marché. À partir de ce postulat, nous sommes capables de déceler deux effervescences intellectuelles fallacieuses, qui depuis plusieurs années, s’accorderaient à souligner le caractère permanent et irréversible de la domination des GAFA

La première concerne la valeur boursière croissante des GAFA qui devrait nous inquiéter sur les proportions capitalistiques à disposition. Cet argument ne présente aucune véracité économique pour évoquer une supposée domination des GAFA. En effet, lorsque nous parcourons l’histoire de la cotation boursière, nous décelons une augmentation continue et naturelle des montants des valeurs boursières des entreprises en général. Nous pourrions même affirmer, sans aucune crainte, que les valeurs continueront à exploser dans les prochaines années avec même des nouvelles entreprises concurrentes qui émergeront.

Le deuxième argument populaire fait référence à la traditionnelle comparaison entre le niveau astronomique de la valeur boursière des GAFA et le PIB d’un État. Aussi, cet argument n’aucune teneur économique. Un PIB correspond à la quantification de la richesse annuelle produite d’un État qui ne sera jamais en faillite, alors que la valeur boursière renvoie plutôt à une indication sur la santé actionnariale, calculée quasiment en temps réel, d’une entreprise, qui elle, peut faillir. Nous constatons la base comparative extrêmement fragile qui est évoquée continuellement sur la place publique. Il est aussi important de ne pas omettre un principe phare du capitalisme cognitif. Celui-ci permet aux entreprises d’accumuler des richesses rapidement, mais aussi d’en perdre au même rythme.

IA (intelligence artificielle) - Technovhugogassinc31Dg2
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Cependant, l’argument le plus criant réfutant la domination ultime et irréversbile des GAFA  concerne la relation commerciale par la donnée avec le consommateur.  

Chaque jour, nous partageons nos données avec les GAFA. Celles-là constituent la matière première permettant de générer de l’information productrice de valeur ajouté. Ensuite, cette information est déployée pour augmenter la qualité de la prise de décision dans l'entreprise. Chaque jour, les volume et valeur de ces données, se développant sur base de nos itinéraires ou encore nos achats en ligne, augmentent quasiment exponentiellement. Ces données sont la propriété du "consutoyen"* (=néologisme conceptuel associant l’action économique à l’action politique d’un individu) et permettent de lui donner la possibilité de ne pas être sous-considéré dans la relation commerciale.

En effet, malgré l’aspect contre-intuitif du raisonnement, notre capacité à négocier le prix des données que nous fournissons aux GAFA est destiné à grimper. D’une part, car les données ne cessent d’augmenter en volume et en valeur. D’autre part, car l’efficacité marginale décroissante de la donnée pour alimenter une IA provoque une dépendance de ces entreprises à notre égard. Une donnée précédente contribue toujours plus au développement d’une IA que la donnée suivante. Autrement dit, la centième donnée qui alimente une IA a plus d’impact que la millième.  Par conséquent, les IA des GAFA nécessitent chaque jour de plus de données pour continuer à développer de nouvelles offres et maintenir leur position économique. Sans cela, aucune croissance n'est possible.

Toutefois, il existe une limite à cette puissance du consutoyen sur les GAFA. Celle-ci peut être représentée par ce que je qualifierais de "seuil de non-retour dans la prédiction". Ce seuil de non-retour fait référence à la situation où une entreprise pourrait prédire l’achat ou comportement futur du consutoyen avec un taux de réussite qui approcherait les 99,99%. Ceci signerait en effet la fin de la concurrence privée et aussi, coïnciderait avec la baisse nette de notre capacité à négocier le prix d'une donnée face à ces entreprises. Car nos moindres désirs seraient prédits. Mais nous sommes extrêmement loin de nous trouver dans cette situation. A tite d’exemple, Amazon a à peine franchi un taux de réussite de 10% dans la prédiction de nos achats sur son site. Ce qui démontre le caractère caduc des arguments en faveur d'une domination "gafaïenne" sur notre capacité à créer ou concurrencer.

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Enfin, il est possible d'aller plus loin dans le raisonnement. En réalité, les GAFA ouvre une nouvelle ère de la concurrence. Celle qui permet à toute entreprise de les concurrencer, non pas seulement sur base d’un capital monétaire, mais aussi sur base d’un capital de données.

* =néologisme conceptuel associant l’action économique à l’action politique d’un individu. Voir "L'intelligence artificielle: notre meilleur espoir" (2020).