Cloud, IA, digital workplace... Les prédictions de Gartner et Forrester pour 2023
Entre la consolidation du cloud et un accroissement des investissements dans les espaces de travail virtuel, les deux cabinets d'analyse dessinent leurs projections pour la nouvelle année.
En ce début 2023, l'heure est aux prévisions. Un jeu auquel les deux principaux cabinets d'analyse du secteur numérique, Gartner et Forrester, n'ont pas manqué de se prêter comme chaque année sur le terrain de la tech.
Les espaces de travail virtuel à l'honneur
Pour le Gartner, 2023 sera marqué par le renforcement des investissements dans les espaces de travail virtuel ou digital workplace. Une tendance que Salesforce a largement anticipé en rachetant la messagerie collaborative Slack fin 2020 pour 27,7 millions de dollars. Une solution qu'il a depuis érigée en socle pivot de sa stratégie produit de digital headquater.
Selon les estimations du Gartner, les virtual workspaces vont représenter 30% de la croissance des investissements des entreprises dans les technologies de métaverse d'ici 2027. Pour les organisations hybrides ou en télétravail complet, ils pourraient à terme devenir, selon l'institut, le centre névralgique de l'expérience des salariés.
Des contenus générés par l'IA
Pas moins de 10% des entreprises du Fortune 500 vont générer du contenu par le biais d'outils d'intelligence artificielle en 2023, estime Forrester. "La création humaine ne sera jamais assez rapide pour répondre au besoin toujours croissant en informations personnalisées à grande échelle", commente le cabinet. Les IA de création d'images comme Dall-E ou Stable Diffusion ont déjà démocratisé ces pratiques auprès du grand public, tout comme ChatGPT dans la génération de textes, qu'ils soient administratifs, techniques, scientifiques, historiques ou philosophiques. "Des start-up comme Synthesia et HourOne.ai recourent aussi à l'IA pour produire des contenus vidéo, et Taichi Graphics l'utilise pour automatiser la réalisation de CV", ajoute le Gartner.
L'IA plus énergivore que la force de travail humaine
L'alerte est lancée par le Gartner. Sans pratique d'IA durable, l'emprunte énergétique de l'intelligence artificielle va exploser dans les années qui viennent, notamment du fait de la consommation nécessaire aux processus d'entrainement des modèles de machine learning.
D'après l'institut, la dépense de l'IA en électricité dépassera celle de la main d'œuvre humaine d'ici 2025 si l'on ne fait rien. Elle progressera au fur et à mesure de l'accroissement de l'automatisation des process. Le cabinet reconnait l'émergence de bonnes pratiques visant à réduire cette empreinte. "Pour inverser la tendance, elles devront être appliquées de manière proactive dans un maximum de projets", prévient-il.
La surveillance des télétravailleurs mieux encadrée
Avec l'émergence du travail à distance, certains employeurs n'ont pas hésité à se tourner vers des outils de monitoring pour s'assurer de la productivité des salariés en télétravail. Dispositifs de capture d'écran, surveillance par webcam, suivi du rythme de saisie au clavier... Diverses méthodes ont fleuri. "On peut s'attendre à ce que les législateurs se penchent davantage sur ces pratiques qui sont contraires au principe de respect de la vie privée notamment édicté par le RGPD", anticipe Forrester. "Partant de là, attendez-vous à davantage de réactions négatives des salariés, à des mouvements de grève et des actions de syndicat en réponse à cette surveillance." Conclusion : pour le cabinet, les équipes de gestion des risques devront composer en priorisant notamment avec le respect de la vie privée et l'expérience de travail.
Kubernetes déployé partout
En 2022, Kubernetes (K8) s'est imposé comme l'architecture applicative de référence en matière de cloud. Dans son dernier baromètre annuel sur le sujet, Forrester estime que la moitié des organisations de taille intermédiaire et grande déploie l'orchestrateur sur un large périmètre. Pour la société du Massachusetts, K8 devient de plus en plus l'épine dorsale sur laquelle déployer toute nouvelle application : machine learning, data management, IoT, 5G, edge computing, blockchain... "Il s'agit également d'un socle pour piloter la modernisation du processus applicatif, de l'automatisation du DevOps au déploiement du low-code", ajoute Forrester.
Le paysage du cloud va se consolider
C'est le Gartner qui le prédit. L'écosystème du cloud devrait se consolider de 30% d'ici 2025. Le marché des fournisseurs indépendants de technologies cloud va se consolider au profit de cloud providers toujours plus puissants. Pourrait-on voir un Snowflake ou un Databricks acquis par Amazon et Microsoft ? La question se pose. En parallèle, Forrester anticipe l'acquisition par Google d'un ou deux fournisseurs de SaaS en 2023. Le groupe de Mountain View pourrait bénéficier de la faiblesse des cours de bourse sur ce marché pour réaliser ces opérations. Objectif : combler son retard sur AWS et Azure dans l'applicatif.
Du côté d'AWS, Forrester entrevoit la possibilité d'un rapprochement avec un provider de service managé de détection et de réponse aux incidents ou managed detection and response (MDR). Une brique qui manque cruellement à Amazon face au cloud Microsoft. Ce point est en effet l'une des marques de fabrique du cloud américain, via sa suite Defender. Quant à Google, il a finalisé en septembre dernier le rachat de la solution de MDR de Mandiant pour 5,4 milliards de dollars. AWS n'aurait donc plus le choix… A moins que le groupe décide de développer cette solution en interne. Mais c'est peu probable tant les compétences qu'elle implique sont spécialisées.