Les prochains gagnants de l'IA restent à déterminer

L'IA, ou le potentiel d'une technologie qui réalise actuellement un énorme bond en avant. Mais quels seront les acteurs qui en sortiront gagnants ?

Intelligence Artificielle : ce mot est partout depuis plusieurs mois. L’arrivée de logiciels d’IA dite « générative », capable de converser par écrit ou encore de produire des images et même des vidéos inédites, nous fait découvrir chaque jour un peu plus, le potentiel d’une technologie qui réalise actuellement un énorme bond en avant.

L’impact dans l’actualité est d’autant plus fort qu’il rejoint dans l’imaginaire collectif les futurs dystopiques décrits par les grands auteurs et cinéastes de science-fiction.  Des robots d’Asimov à Terminator en passant par l’ordinateur dans 2001, L’Odyssée de l’espace, tous décrivent ce moment où l’être humain voit les machines qu’il a créées le dépasser.
Plus proche de nous, l’emballement médiatique et financier que suscite l’IA n’est pas sans rappeler celui qu’ont généré la blockchain et les cryptomonnaies il y a quelques années. 

Après avoir mobilisé une énergie et des financements considérables, ces écosystèmes naissants se sont largement effondrés en 2022. Aujourd’hui on serait tenté de dire qu’en dehors du mystérieux Bitcoin, il n’en reste plus grand-chose.

Quid du cadre réglementaire

L’une des raisons communément admises pour expliquer cet effondrement est l’arrivée très tardive voire l’absence complète d’encadrement réglementaire autour de ces usages.

Concernant l’IA, les autorités semblent prendre la mesure des enjeux. L’Europe devrait d’ailleurs publier une première mouture de réglementation sur l’IA d’ici la fin de l’année. Aux Etats-Unis, l’administration Biden a publié en 2022 son « Blueprint for an AI Bill of Rights », une charte d’orientation à destination des entreprises travaillant sur l’IA. Les Américains y sont incités, dans un premier à temps, à s’autoréguler dans le respect des grands principes listés dans ce document.

Mais malgré ces perspectives de règlementation, cela ne semble pas rassurer. Récemment, les syndicats de pilotes de compagnies low cost s’alarmaient de projets visant à remplacer le copilote par un programme. De nombreux autres professionnels s’inquiètent également de voir leurs métiers menacés aux profits de logiciels.

Une nouvelle ruée vers l’or

Il est malgré tout encore très difficile de déterminer quels seront les premiers usages de l’IA qui perceront et seront générateurs de valeurs pour les entreprises qui les développent. Lors de la présentation de ses résultats, le géant Adobe expliquait qu’il n’attendait pas un retour immédiat de ses investissements dans l’IA. Après une première phase de test, celle-ci intègrera progressivement son offre à partir du mois de novembre. L’idée est de couper l’herbe sous le pied des concurrents qui tenteraient de lui prendre des parts de marché en exploitant cette technologie. Dès lors, les entreprises qui se sont positionnées tôt dans le rôle de fournisseurs d’équipements et de services dédiés à l’IA ressortent dès à présent comme les grands gagnants de cette nouvelle ruée vers l’or.

Les GAFAM jouent sur deux tableaux : loueurs d’infrastructures et développeurs

Sans surprise, on retrouve parmi ces entreprises les fameuses GAFAM, dont plusieurs ont massivement investi sur la thématique. Ils devraient logiquement être parmi les premiers à en récolter les fruits. Le cas Microsoft est particulièrement remarquable. La société s’équipe depuis bientôt 10 ans de datacenters à même d’héberger Azure, son offre de service Cloud. Depuis 2016, la firme met à disposition d’Open AI, le créateur de ChatGPT, une partie de ses infrastructures pour développer et faire fonctionner ses logiciels. Ceux-ci se retrouvent de fait, intimement liés à la firme de Redmond. Ce partenariat vient de déboucher sur l’intégration de ChatGPT dans Bing, le moteur de recherche de Microsoft. Les dirigeants du groupe ne cachent pas leur ambition : prendre des parts de marchés à Google qui domine très largement le marché des moteurs de recherches depuis la fin des années 2000. Elle sert également de vitrine pour mettre en avant les capacité d’Azure à héberger d’autres logiciels d’IA.

Microsoft bénéficie donc dès à présent de revenus liés à ses investissements dans l’IA et celle-ci va progressivement intégrer son offre logiciel pour alimenter sa croissance future. Cette stratégie multiple se retrouve chez Google, qui ne compte pas se laisser distancer, mais aussi chez Amazon qui devance d’ailleurs encore largement Microsoft dans les infrastructures dédiées au Cloud.

Des équipementiers au rendez-vous

Les membres du Comité d’Investissement dédié au secteur des technologies et des télécom de Portzamparc suivent, parfois de longue date, un certain nombre de fournisseurs d’équipement pour ces fameux datacenters. Pourquoi ? Car en amont du processus final, ils sont des acteurs déterminants de ce secteur en croissance.

Si le gros de cette industrie est localisé en Asie, l’Europe, et notamment les Pays Bas, l’Allemagne mais aussi la France, compte bon nombre de spécialistes qui fournissent les machines et le matériel de haute technologie nécessaires à la fabrication des composants de dernière génération.

Vous l’aurez compris, à défaut de pouvoir identifier clairement les futurs grands gagnants de l’IA et en attendant de voir s’établir un cadre réglementaire adapté, nous concentrons notre attention sur leurs fournisseurs : équipementiers, créateur de logiciels, hébergeur et producteurs de semi-conducteurs.