Etude : le Sommet pour l'action sur l'IA n'a levé aucun verrou pour les entreprises
Quel héritage pour le Sommet pour l'action sur l'IA ? Dans un sondage OpinionWay pour Elastic, 400 dirigeants ou DSI d'entreprises représentatives du secteur privé de plus de 50 salariés ont été interrogés pour le savoir. Et le constat est lourd. Malgré une bonne notoriété de l'événement, l'impact concret sur les organisations reste marginal. Seuls 7% des entreprises déclarent avoir modifié leur stratégie d'intelligence artificielle suite aux annonces gouvernementales. Pour les deux tiers restants (66%), le Sommet n'a strictement rien changé à leur approche de l'IA. Plus préoccupant encore : plus d'un quart des entreprises françaises (27%) reconnaissent ne pas avoir de stratégie IA du tout, révélant un retard structurel.
Le manque de ressources, principal facteur bloquant
Quels sont les principaux freins à l'adoption généralisée de l'IA ? En premier lieu, c'est bien la question des moyens, talents spécialisés, infrastructures et financements, qui revient en majorité. Plus de la moitié des dirigeants (56%) estiment que leur accès aux ressources nécessaires pour développer des projets d'IA reste "trop limité". Seules 20% des entreprises déclarent disposer à la fois de talents spécialisés, d'infrastructures et de financements pour construire leur stratégie IA. Mais la fracture est particulièrement marquée en fonction de la taille des organisations. Là où 66% des PME de 50 à 99 salariés se disent démunies, les grandes entreprises de plus de 250 collaborateurs ne sont "que" 49% dans cette situation.

Vient ensuite en second point de blocage les difficultés techniques à la mise en place de l'IA. Pour 57% des organisations ayant pourtant franchi le pas d'une stratégie dédiée à l'IA, la maîtrise des données reste l'obstacle principal. Et sans données de qualité, point d'IA de qualité : garbage in, garbage out. Enfin la difficulté de la mesure précise du retour sur investissement (45%) et la sélection des cas d'usage pertinents (33%) complètent la liste des frictions.
Conscient de ces difficultés, le gouvernement a annoncé un énième plan IA doté de 200 millions d'euros pour accélérer l'adoption et freiner le retard français. Le dispositif mise notamment sur la sensibilisation, la formation de 15 millions de professionnels d'ici 2030, et l'accompagnement financier des entreprises. L'objectif ? Porter l'adoption à 100% des grandes entreprises et 50% des TPE d'ici 2030. Mais au regard des blocages structurels (manque de talents spécialisés en IA, difficultés techniques, difficulté à analyser le ROI…), ces mesures risquent de peiner à combler un retard déjà bien installé.