L’IoT rend le Tour de France plus attractif

L’IoT rend le Tour de France plus attractif Grâce au sud-africain Dimension Data, Aso, l'organisateur de la course, récolte les données de géolocalisation de tous les coureurs et les rend accessibles au grand public.

Les spectateurs du Tour de France, massés derrière les barrières qui longent les routes de l'Hexagone, ne verront plus passer en coup de vent une silhouette non-identifiée sur un vélo. Depuis 2015, ils peuvent connaître la position exacte des coureurs en temps réel et être certains que la fusée qui vient de les décoiffer est bien Alberto Contador.

Amaury Sport Organisation (Aso), la société qui organise ce rendez-vous sportif estival, a tissé en 2015 un partenariat technique de cinq ans avec le spécialiste sud-africain du traitement de données, Dimension Data. Cette année-là, une version bêta du système (déjà accessible au spectateur lambda) a été testée. En 2016, elle est 100% opérationnelle et a été essayée entre le 5 et le 12 juin pendant le Critérium du Dauphiné, également orchestré par Aso.

Les 198 cyclistes qui s'affronteront cette année sur le circuit sont tous équipés d'un tracker GPS, fixé sous la selle de leur bicyclette. Il transmet en temps réel la position exacte de leur vélo au "race center". Ce module web, destiné au grand public, sera mis en ligne au démarrage de l'édition 2016 de la course sur l'application mobile et le site du Tour de France ainsi que sur ceux des 22 équipes participantes.

Le tracker GPS est fixé sous la selle des cyclistes. © ASO

Les données GPS empruntent un chemin tortueux avant d'arriver en ligne. Via des ondes radio, elles sont envoyées par les trackers à de petits récepteurs placés sur les motos qui encadrent les coureurs pendant la course. Ces récepteurs transmettent les data à un avion qui survole la zone, qui les communique lui-même à l'espace technique, souvent situé au niveau de l'arrivée des étapes. Elles sont traitées par la plateforme d'analyse de données de Dimension Data, avant d'être envoyées sur le Net. "Les informations effectuent ce long itinéraire en seulement trois secondes", assure Adam Foster, membre du comité de direction de Dimension Data qui pilote la division sport de ce groupe, fondé en 1983. "A chaque étape, nous traitons en moyenne six millions de paquets de données", poursuit-il.

Les data n'apparaissent pas telles quelles sur les écrans des curieux qui suivent le Tour en ligne : elles sont auparavant traitées par le spécialiste du Big Data. "En 2015, les spectateurs avaient accès à la position exacte des joueurs sur une carte, à leur vitesse moyenne, mais également au niveau du dénivelé lors de leurs acensions", détaille Adrien de Cheveigne, responsable du département digital chez Aso. Et Adam Foster de compléter : "Dans la version 2016, nous fournissons des données plus exhaustives. Nous complétons notamment les informations collectées par nos trackers avec des data extérieures, comme la météo d'un point GPS précis. Le sens et la puissance du vent, la pluie ou la chaleur influencent la performance des coureurs. Nous pouvons également donner en temps réel la composition des différents pelotons sur le parcours."

Les données GPS émises en temps réel par les capteurs ne mettent que 3 secondes à être traitées et envoyées sur le Net

Entre 2015 et 2016, Dimension Data a aussi entièrement transformé son capteur, pour qu'il transfère les données de manière plus fiable. "La V2 de l'appareil permet de transférer des data à un récepteur situé cinq fois plus loin que la V1", se félicite Adam Foster. Le système sera encore amélioré pour les prochaines éditions. "C'est vrai que nous ne sommes pas encore totalement à l'abri d'une rupture provisoire de connexion", reconnaît Adrien de Cheveigne.

Grâce à ce partenariat, Aso espère rendre sa course plus attractive pour les spectateurs, mais ses concurrents pourraient aussi décider d'utiliser cette solution, la rendant "mainstream" dans le secteur. D'autres acteurs, notamment des spécialistes de la sécurisation d'espaces publics, pourraient aussi être intéressés. La police anglaise a par exemple utilisé les trackers GPS de Dimension Data pour encadrer le Tour du Yorkshire, une autre épreuve cycliste d'Aso. "Ils savaient à tout moment où étaient situés les véhicules de leurs différentes équipes, ce qui a facilité la sécurisation de la course", explique Adam Foster.