CES 2017 : avec Oria, Sensorwake veut devenir le Nespresso des odeurs
Cet objet connecté olfactif aide ses utilisateurs à s'endormir plus vite et améliore la qualité du sommeil. La start-up compte en écouler 55 000 auprès du grand public d'ici fin 2018.
Guillaume Rolland n'a que 20 ans. Mais cet entrepreneur en herbe a déjà lancé sa start-up Sensorwake en mai 2015 et se rend cette année pour la deuxième fois au CES de Las Vegas, pour y dévoiler son nouveau produit Oria. Cet objet connecté de 16 centimètres de hauteur est un diffuseur de parfum. Il se pose sur la table de nuit et contient deux capsules odorantes qui permettent respectivement de faciliter l'endormissement et d'améliorer la qualité du sommeil (longueur et profondeur) de son utilisateur. La première diffuse ses effluves parfumés au moment du coucher et la seconde de manière cyclique, pendant toute la nuit. Une appli permet de piloter Oria et de savoir à quelle heure le système s'est mis en route.
Pour développer ce produit, Sensorwake a tissé un partenariat avec le spécialiste suisse du parfum et des arômes Givaudan, qui a travaillé deux années durant sur le développement de ces fragrances dans son centre du sommeil d'Ashford, en Angleterre. "Nous avons testé Oria sur une centaine de personnes équipées d'un électroencéphalogramme et d'une montre connectée. Résultat ? Une amélioration de 60% de l'endormissement et de la qualité du sommeil lorsque les individus dorment à côté de notre appareil", assure l'entrepreneur.
Givaudan a apporté au projet sa connaissance du monde de la parfumerie et Sensorwake son savoir-faire IoT. Car la start-up n'en est pas à son coup d'essai dans les objets connectés. Depuis septembre 2016, elle commercialise un réveil connecté olfactif baptisé Sensor Wake. Elle en a vendu 15 000 unités en 2016 et compte écouler 50 000 pièces en 2017. "Notre expérience nous a aidé à concevoir un produit capable de diffuser un parfum sans bruit, pour respecter le silence de la chambre de nos dormeurs", illustre le PDG de la pépite basée à Nantes. Il a décidé de se lancer dans cette aventure entrepreneuriale après avoir été repéré par Google grâce à son idée de réveil aromatique lors du Google Science Fair, un concours d'invention destiné aux 13-18 ans.
Les clients devront débourser 5 euros pour chaque capsule supplémentaire, un business model inspiré de Nestlé et de ses machines Nespresso
Avec Oria, Sensorwake vise un très large public. "Un Américain sur trois souffre de troubles du sommeil. Notre objet connecté est destiné à l'ensemble de cette clientèle potentielle, pas seulement à des geeks fans de nouvelles technologies. Oria est très facile à utiliser, il suffit de brancher le produit. Les personnes qui le souhaitent peuvent passer par l'application mobile pour une utilisation plus fine, mais ce n'est pas une obligation", souligne le patron. Les deux parfums encapsulés ne visent pas un sexe particulier, ils sont destinés aux hommes et aux femmes. "Leur odeur rassurante, un peu poudrée avec des notes de tête fruitées reste neutre", poursuit-il.
Oria sera commercialisé à partir de l'été 2017 à 149 euros, avec deux capsules offertes. Les clients devront débourser 5 euros pour chaque capsule supplémentaire, dont la durée de vie est estimée à deux mois. Un business model inspiré de celui de Nestlé avec ses machines à café Nespresso, qui permet à l'entreprise de s'assurer des revenus à long terme. La pépite tricolore compte vendre 10 000 appareils en 2017 et 45 000 en 2018, principalement en France, aux USA, en Allemagne, au Benelux et en Suisse.
Sensorwake veut capitaliser au maximum sur la création d'Oria. "Nous allons 'plateformiser' notre produit en y ajoutant des capsules odorantes liées à des fonctions autres que le sommeil", prévoit le jeune homme. "Le partenariat que nous avons tissé avec Givaudan est pérenne dans le temps. Nous travaillons déjà sur de nouveaux aromes avec le groupe", complète-t-il. Sensorwake a même intégré à son équipe de onze personnes un neurologue venu des Etats-Unis, pour étudier les effets des odeurs sur le cerveau. Améliorer l'efficacité d'un étudiant lorsqu'il apprend ses cours par cœur, donner la niaque à un sportif qui fait de la musculation en salle, les possibilités semblent infinies…