L’IoT et la course automobile au service de la voiture de demain
La course automobile a toujours été l'un des moteurs de l'innovation pour la voiture. Avec l'arrivée de la voiture autonome et connectée, ce constat se vérifie au quotidien, notamment dans le travail qui est aujourd'hui fait pour faire transiter, utiliser et traiter la donnée.
Quand on parle de l’automobile du futur, on imagine généralement une voiture, ou même un objet volant, qui se conduit sans qu’une action humaine soit nécessaire - mais l'innovation dans l'industrie automobile va bien au-delà de la simple autonomie.
Selon Gartner, il y aura plus de 250 millions de véhicules connectés dans les rues d'ici fin 2020. "Véhicule connecté" ne signifie pas seulement "voiture autonome" – le terme est bien plus large et inclut tout ce qui peut améliorer les conditions du conducteur et de ses passagers sur la route, la voiture étant ici capable de communiquer avec d'autres appareils.
De l’ABS aux rétroviseurs, le sport automobile a été le pionnier d'un grand nombre de choses qui sont maintenant installées de série sur les véhicules de notre quotidien - et vous aurez encore du mal à trouver aujourd’hui un véhicule plus connecté qu'une voiture de Formule 1 moderne.
Au cours d'un week-end de course, une équipe de Formule 1 exploitera environ 2 To de données pour chaque voiture. Tout un réseau de capteurs recueille des informations sur les différents éléments du véhicule, de la température à la pression, en passant par les forces qui s’exercent dans les virages. Cela permet aux ingénieurs et aux conducteurs de se faire une idée plus complète des performances de la voiture, et les aide à l’améliorer afin de gagner ces quelques secondes qui font toute la différence. Ainsi, dans le championnat tout électrique de Formule E, 150 capteurs surveillent les statistiques et paramètres vitaux de chaque voiture pendant les essais, même si seule une fraction de ces données sera ensuite utilisée pendant la course.
Alors que des équipes comme Mercedes AMG Petronas, Red Bull ou Ferrari utilisent les données recueillies pour optimiser les performances et faire rouler leurs voitures toujours plus vite, il y a un également un second avantage qui s'est déjà répercuté sur l’industrie automobile grand public, et qui ne fera que s'améliorer à l'avenir.
Ainsi, plutôt que de vous indiquer comment prendre les virages à la corde pour vous rendre plus rapidement au travail, la technologie de maintenance prédictive utilise des capteurs pour avertir les propriétaires de voitures lorsqu'une pièce est susceptible de tomber en panne. En surveillant l'état de la batterie en temps réel, par exemple, des algorithmes basés dans le cloud peuvent évaluer les risques de panne, et avertir le conducteur à l'avance via son smartphone ou tout autre moyen mis en place.
Ce type de technologie repose sur le transfert de données entre la voiture et le serveur, secteur dans lequel les équipes de Formule 1 sont également pionnières. En course, la majorité des données collectées ne peut être transféré que lorsque la voiture est dans les stands, mais comme pour tout ce qui concerne le sport automobile, le temps est un facteur essentiel. Pour pallier ce problème, les équipes utilisent depuis 2017 deux normes sans fil pour transmettre les données. La communication démarre dès que la voiture entre dans la voie de dégagement. Arrivée à moins de quatre mètres du stand, la communication se fait plus rapidement, atteignant des taux de 1,9 gigabit par seconde, ce qui signifie qu'un gigaoctet de données peut être transféré en moins de cinq secondes.
Plus il y aura de véhicules autonomes sur la route, plus la capacité à transférer une grande quantité de données en temps réel va devenir cruciale pour assurer une bonne circulation sur la voie publique, en particulier si les conducteurs humains sont peu à peu sortis de l'équation du fait de l’autonomisation des véhicules. Le lancement de la technologie 5G sera essentiel pour faciliter cela, avec une portée, une latence et une vitesse accrues par rapport à ce qui est possible avec les réseaux 4G actuels.
Bien sûr, sur la route, l'élément compétitif n’existe pas. Mais il faudra tenir compte du fait que, contrairement à ce qui se passe sur une piste de course, tous les véhicules ne circulent pas dans la même direction. C'est là qu'intervient la technologie V2X. Il s’agît du protocole de communication bidirectionnelle entre le véhicule et les dispositifs qui l'entourent, et il devrait impacter durablement notre façon de conduire. Cette technologie est fondamentale pour la viabilité des voitures autonomes : grâce à une communication constante avec le monde qui l’entoure, elle permet à chaque véhicule de naviguer dans un réseau de rues où évoluent d’autres usagers motorisés, des piétons et bien d'autres dangers.
Si les technologies venues de la Formule 1 ne sont pas d’une grande utilité pour travailler cette problématique, un autre type de courses pousse déjà les véhicules autonomes à leurs limites. La Roborace en est à sa première saison de courses – "Saison Alpha" – de véhicules entièrement autonomes. Les limites extérieures du tracé du circuit sont scannées en amont par le biais de systèmes GPS de haute précision montés sur des scooters. Une fois que la voiture sait où se termine l'asphalte, c'est aux algorithmes de l'équipe de trouver le moyen le plus rapide d’avaler la piste – tout en évitant les carambolages.
Les voitures Devbot 2.0 de Roborace sont ainsi équipées de cinq capteurs lidar (détection de la lumière et télémétrie), deux radars, six caméras et 18 capteurs à ultrasons, qui leur permettent de naviguer sur les circuits à des vitesses supérieures à 320 Km/h sans collision. Et même si un accident devait arriver, l'absence de tout pilote embarqué fait de la piste un terrain d'essai beaucoup plus sûr qu'une rue pour le V2X et les véhicules autonomes.
Le potentiel du V2X ne se limite cependant pas à la conduite autonome. Elle fera également évoluer l'expérience des passagers. À l'avenir, les véhicules ne seront plus seulement considérés comme un moyen de transport, mais offriront également aux passagers des divertissements à bord des voitures. Cela sera particulièrement vrai pour les voitures sans conducteur, où le divertissement ira bien au-delà de la radio ou de la vidéo embarquée. Les passagers des prochaines voitures autonomes - qui ne seront plus obligés de conduire ou même de vérifier un itinéraire – feront très probablement la joie des spécialistes du marketing. Il s’agira en effet d’une audience captive, disposant d’une connexion 5G stable à bord de la voiture. Un nouveau temps libre pour la consommation de médias, qui se traduira par de nouvelles options de revenus pour les entreprises des secteurs de l'automobile, des télécommunications, de la publicité et du contenu/streaming, qui se battront probablement pour attirer l'attention de cette nouvelle espèce de passager.
En mettant fortement l'accent sur l'innovation, le sport automobile teste de nouvelles technologies et repousse les limites de ce qui est possible. Grâce à l’IoT et aux communications V2X améliorées, ces innovations travaillent quotidiennement à faire de l'expérience de la nouvelle voiture connectée une réalité.