CES : MicroEJ veut devenir l'Android des objets connectés

CES : MicroEJ veut devenir l'Android des objets connectés Cette start-up française développe un système d'exploitation basse consommation pour l'IoT qui équipe 37 millions d'appareils. Elle a annoncé au CES le lancement d'un magasin d'applications.

L'IoT aussi a besoin de ses applis. La start-up nantaise MicroEJ y travaille en développant un système d'exploitation (OS) adapté aux spécificités des objets connectés, une faible bande passante et une puissance informatique lilliputienne. Elle revendique 37 millions d'objets connectés équipés de son OS auprès de 25 partenaires comme Bosch, Thales, EDF ou Airbus. "Notre OS, basé sur Linux et Java comme Android, permet de charger dynamiquement une application dans un petit produit", explique Régis Latawiec, directeur opérationnel de MicroEJ, rencontré au Consumer electronics show (CES) à Las Vegas. "MicroEJ permet de développer des interfaces graphiques, prend en charge l'edge computing ainsi que les communications entre appareils et avec les clouds d'Amazon, Google ou Microsoft", détaille-t-il.

L'intérêt de passer par l'OS de MicroEJ, selon lui, est de faciliter leur reprogrammation lorsqu'un client souhaite par exemple changer la fréquence de relevé des données où les conditions qui vont déclencher une action. "Sans système d'exploitation, le client doit changer tout le firmware (le logiciel rudimentaire lié au hardware, Ndlr), alors que notre OS permet de modifier seulement la fonction souhaitée sans retélécharger tout le reste", explique Régis Latawiec. Un gain d'argent pour les clients, car le coût de la bande passante pour du téléchargement est particulièrement élevé sur les réseaux IoT.

IoT industriel et montrés connectées

Les utilisateurs de MicroEJ sont principalement des industriels, mais la société s'adresse aussi aux fabricants de montres connectées. Elle pense avoir un coup à jouer car elle estime qu'Android Wear, trop proche d'un système d'exploitation pour smartphones, est trop gourmand en ressources pour ces petits appareils.

Pour aller plus loin, MicroEJ a annoncé au CES la sortie d'un app store. Ou plutôt d'une multitude d'app stores : chaque client de son OS pourra créer son propre magasin d'applications IoT adaptées à ses besoins et fédérer une communauté de développeurs qui leur trouveront de nouveaux usages. "Puisque nous utilisons le même langage de programmation qu'Android, des millions de développeurs peuvent immédiatement coder pour MicroEJ", précise Régis Latawiec.

La société, qui opère via un modèle de licences facturées par appareil et pour un temps donné, est rentable. Elle a levé seulement cinq millions d'euros avant d'atteindre la rentabilité, mais a pu en investir 25 en R&D, via des accords de co-développement et de prototypage avec des acteurs industriels comme Bouygues ou Schneider Electric. Une partie minoritaire de son chiffre d'affaires provient toujours de cette R&D qu'elle effectue pour le compte de grands groupes. Elle souhaite à terme que 75% de ses revenus viennent des royalties sur ses licences, et 25 de ces prestations de R&D. MicroEJ emploie une cinquantaine de personnes, en France aux Etats-Unis, en Roumanie, au Japon, en Chine et en Corée. Si l'Europe représente 50% de son chiffre d'affaires, l'entreprise compte sur le reste du monde pour doper sa croissance : elle ambitionne de passer de 37 à 150 millions d'objets connectés à son OS d'ici trois ans.