Cyril Perducat (Schneider Electric) "Le sujet de l'edge est vital pour Schneider Electric car c'est là que convergent l'IT et l'OT"

La demande pour les solutions digitales de Schneider Electric est en pleine croissance. Son vice-président exécutif en charge de l'IoT revient sur les tendances depuis le début de la crise sanitaire et ses priorités pour les mois à venir.

JDN. Lors de l'événement annuel Innovation Summit World Tour 2020 de Schneider Electric le 8 octobre dernier, votre PDG Jean-Pascal Tricoire a affirmé que la crise sanitaire était l'occasion de s'engager pour l'efficacité énergétique. Comment cela se traduit-il en matière d'IoT ?

Cyril Perducat. Nos clients ont effectivement des problématiques d'efficacités énergétique et opérationnelle qui sont devenues une priorité depuis le début de la crise sanitaire. Les résoudre passe par des solutions connectées, pour être capable de gérer les processus à distance. Nous avons enregistré une augmentation de notre business sur les offres hardware et software sur le digital, en particulier pour toutes nos solutions en remote. C'est pourquoi nous présentons un tableau électrique connecté, ainsi qu'une nouvelle gamme d'armoires électriques basse tension et de disjoncteurs permettant la surveillance à distance du risque de feu électrique et de la disponibilité d'électricité dans les systèmes des bâtiments. Pour nous, l'IoT est un moyen de résoudre des problèmes clients spécifiques. Car dans l'infrastructure de nos clients, l'énergie est un point de pivot mais un grand nombre de data est nécessaire.

Y a-t-il un secteur qui se démarque dans la demande pour vos solutions  ?

On sent une accélération de l'intérêt dans le smart building car les acteurs du secteur veulent à la fois assurer l'efficacité énergétique des bâtiments, mais aussi garantir l'optimisation et la gestion de l'espace. Les clients veulent plus que jamais savoir quel est le taux d'occupation de leur bâtiment et assurer le confort des occupants. Les facilities management doivent par ailleurs faire face à des problématiques de maintenances électrique et informatique dans des bâtiments toujours plus sophistiqués. Ce secteur comprend un grand nombre d'acteurs sur la chaîne de valeur et les problématiques sont différentes, que l'on se place du côté de la construction ou de l'exploitation du bâtiment. Il n'en demeure pas moins qu'il est stratégique pour Schneider Electric, nous voulons y avoir un positionnement fort en étant présent à la fois sur la distribution électrique, sur la gestion des bâtiments et sur différents types d'automatismes.

Quelles sont vos priorités pour les mois à venir ?

Le sujet de l'edge est vital pour Schneider Electric car c'est à ce niveau que convergent l'IT (systèmes informatiques, ndlr) et l'OT (systèmes opérationnels, ndlr) et que s'effectue le traitement des données pour les contrôleurs et les automatismes. Nous menons ainsi des réflexions sur des architectures hybrides pour nos produits, et la manière d'associer du software on premise avec de l'edge car nos systèmes de contrôle ont des problématiques de temps réel qui ne peuvent être traités sur le cloud. La 5G est par ailleurs un marché important à deux titres : d'une part, nos clients opérateurs de datacenter et de télécoms sont engagés dans une démarche de réduction de leurs consommations d'énergie. Ils ont pris des engagements sur leur efficacité énergétique avec la 5G et ont besoin de partenaires comme nous pour les réaliser. D'autre part, dans notre stratégie de connecter nos produits, nous menons depuis deux à trois ans des expérimentations pour intégrer nativement les couches basses de la 5G, c'est-à-dire les réseaux LTE-M et NB-IoT, dans nos produits. Les offres seront disponibles à partir de 2021 en fonction des usages des équipements. Ces réseaux ont la particularité d'avoir une pénétration importante dans les bâtiments, notamment au sous-sol où sont généralement situés nos équipements.

Cyril Perducat a rejoint Schneider Electric en 1994. Depuis mai 2014, il dirige la transformation du groupe vers une activité numérique, en gardant à l'esprit l'efficacité opérationnelle des clients. Son équipe gère et opère la plateforme IoT EcoStruxure du groupe. Au cours de sa carrière chez Schneider Electric, il a occupé plusieurs postes de direction dans les domaines des ventes, du marketing, de la fabrication, de la technologie, de la stratégie et des fusions et acquisitions dans plusieurs pays (France, Allemagne, Chine, Singapour). Il est titulaire d'un master en ingénierie de l'Ecole nationale supérieure des arts et métiers (ENSAM ParisTech) et d'un master en gestion de projets internationaux de l'ESCP Europe Business School.