La réussite de l'industrialisation au cœur de la stratégie de We Network

La réussite de l'industrialisation au cœur de la stratégie de We Network Le centre technique dédié à l'IoT et à l'industrie du futur We Network a axé la première édition de son Startup Tour sur des conseils concrets pour éviter aux start-up tout risque d'échec.

Encore trop de start-up se lance dans la réalisation de produits qui ne seront ensuite pas industrialisables, constate avec regret Sébastien Rospide, directeur général du centre technique dédié à l'IoT et à l'industrie du futur We Network. Pour contribuer à y remédier, la structure a fait du partage des clés de réussite le mot d'ordre de son nouvel événement itinérant Startup Tour, dont la première édition a été organisée sur le site du technocampus d'Angers le mardi 7 juin (lire notre interview "Le Start-up Tour contribuera à la relocalisation industrielle en France")

Bien détailler le cahier des charges

We Network dispose d'ateliers permettant à ses clients de réaliser leur prototype ou leur pré-série. © Célia Garcia-Montero

Le premier conseil martelé par Pascal Blot, expert conception et industrialisation électronique chez We Network, porte sur la rédaction du cahier des charges. "Il est important de bien détailler l'usage du produit, mais il ne faut pas se limiter aux questions techniques : il faut aussi indiquer les volumes prévisionnels, le prix de revient, le temps de mise sur le marché, etc. Mais surtout, il faut veiller à ce que chacun ait le même niveau de compréhension du projet", précise-t-il en citant l'exemple d'un client s'étant retrouvé avec un mauvais prototype à la suite d'une incompréhension avec son bureau d'étude. Un point de vigilance que confirme Pierre Régnier, CEO et cofondateur de Velco, start-up française proposant des solutions connectées pour l'industrie du cycle : "Nous avions fait évoluer petit à petit notre prototype. Le problème, c'est que dès que l'on change quelque chose, avec la pénurie de composants, cela fait perdre près d'un an et demi." Le développement de son guidon de vélo connecté, aujourd'hui commercialisé à plus de 35 000 exemplaires, lui a ainsi demandé plus de trois ans de R&D.

Bien choisir ses partenaires

La deuxième clé pour réussir son industrialisation, selon Pascal Blot, réside dans une consultation pour choisir ses partenaires. "C'est aux côtés d'un bureau d'étude que l'on effectue l'industrialisation, il faut donc comparer leurs offres pour choisir celui qui correspond le mieux à la vision de l'entreprise", préconise-t-il. Un avis partagé par Anthony Gourde, directeur de la start-up Beefutures en France, qui conçoit des ruches connectées : "Avoir un partenaire est primordial, cela nous a conforté dans le design des produits, la validation des composants, la certification." La crise sanitaire a en effet contraint Beefutures à changer de stratégie et à s'orienter vers l'analyse des données.

Réaliser une étude de faisabilité

Enfin, l'étude de faisabilité n'a lieu que s'il y a des enjeux financiers ou technologiques pour le projet. Sinon, ce n'est pas indispensable aux yeux de Pascal Blot. "Il faut prendre en compte au plus vite les certifications et les aspects législatifs entourant l'innovation – ce que beaucoup négligent", indique-t-il, donnant l'exemple d'un client ayant passé du temps à développer un produit dont l'utilisation du système est interdit par la loi. Pour Philippe Clément, conseiller commercial chez Orange projetant un projet IoT dans l'apiculture, la principale barrière est d'ordre législative, pour savoir précisément "quelle norme il faut suivre ou quels documents sont à remplir". Les questions financières, pour fixer un prix de revient notamment, entrent aussi en jeu dans l'étude de faisabilité. Pascal Blot précise que selon la complexité du projet les budgets à prévoir peuvent aller de 100 000 euros à plus de 400 000 euros pour l'industrialisation complète d'une solution. 

Ludovic Marquet, ingénieur commercial chez We Network, a accompagné les premières productions de la chaussure connectée Parade d'Eram. © Célia Garcia-Montero

Dernier conseil concernant cette étude de faisabilité : "Réaliser une présérie afin de valider également les machines de production, et que le produit soit bien industrialisable", préconise Ludovic Marquet, ingénieur commercial chez We Network, qui a accompagné au technocampus la réalisation des préséries pour la chaussure connectée Parade d'Eram ou l'objet connecté de mesure du bruit dans les open space Sono Quiet de la SNCF. "Au final, préparer l'industrialisation de son projet peut prendre plus d'une bonne année de travail", indique Pascal Blot.

Pour aller plus loin dans l'accompagnement des start-up industrielles, We Network s'interroge sur extension de son site. Le centre technique a racheté en 2019 la Cité de l'objet connecté, dont les locaux appartiennent à la région, et un entrepôt de 8 000 mètres carrés reste encore sans usage. We Network songe à y créer un espace appelé le Launchpad où les start-up pourront venir prototyper et stocker leur innovation, tout en échangeant avec des partenaires de l'écosystème. 

L'idée d'un tel projet, évoqué lors de l'événement, suscite déjà un vif intérêt des start-up présentes : "C'est exactement ce qu'il me faut. Si cela se concrétise, je signe sur le champ", affirme avec enthousiasme Joslain Brisseau, qui prépare pour le deuxième semestre 2022 l'industrialisation de son tapis connecté de pesée des bovins avec sa start-up Qwintal. Le projet doit d'abord être discuté avec la Région. Un projet à suivre.