L'IoT, un outil pour donner un impact positif à ses projets

L'IoT, un outil pour donner un impact positif à ses projets Le cabinet de conseil BearingPoint a évalué l'impact environnemental de l'IoT dans une quinzaine d'usages. Son bilan, communiqué à travers deux livres blancs : le déploiement de la technologie est positif pour chacun des projets.

La technologie IoT, avec l'alimentation de ses capteurs et le processing de ses données, alourdit-elle l'impact environnemental des projets ou est-elle bénéfique ? C'est pour répondre à cette question et quantifier les gains environnementaux que le cabinet de conseil BearingPoint a réalisé courant 2022 en parallèle deux livres blancs sur le sujet. L'un avec l'entreprise française Mavana, spécialisée dans les stratégies bas carbone des entreprises et collectivités en optimisant leurs activités à l'aide d'IoT, l'autre avec l'opérateur Orange et sa branche des services aux entreprises OBS, dont les équipes planchent sur les retours d'expérience des clients pour optimiser la durée de vie des batteries. Après l'étude de quinze projets dans différents domaines, le résultat est unanime : l'IoT a un impact positif sur les usages sélectionnés. Un constat qui confirmerait l'estimation du World Economic Forum, pour qui 84% des applications de l'IoT peuvent adresser tous les objectifs de développement durable des Nations unies.

Pour aboutir à cette conclusion, BearingPoint a mobilisé pendant près de quatre mois des équipes chez ses partenaires et clients pour identifier les usages générant le plus d'émissions de gaz à effet de serre en France et pour lequel l'IoT pourrait être pertinent. "Les entreprises étaient volontaires pour participer car il y a peu de données sur cette question", souligne Gillo Malpart, président et cofondateur de Mavana, qui a régulièrement échangé avec des utilisateurs et des fabricants pour évaluer le coût environnemental des produits, notamment à partir de la méthode de l'Ademe Quanti GES. La difficulté rencontrée a justement résulté d'un manque de données, certains fabricants ne disposant pas d'informations précises sur certaines matières premières utilisées. "Les reporting sont encore peu nombreux et dans ceux qui existent, la mesure n'est pas toujours la même selon les normes", confirme de son côté Etienne Robert, directeur IoT & Interactive Solutions chez OBS.

L'un des usages où les retombées de l'IoT ont été les plus évidentes porte sur l'industrie agro-alimentaire. L'élevage émet en France 8% des gaz à effet de serre. L'étude de BearingPoint, menée sur cet usage avec Mavana et les entreprises françaises Koovea et Mojix, s'est focalisée sur le poulet, qui représente 20% de la viande produite. "20% de cette viande de poulet est gaspillée, dont la moitié durant le transport en raison de ruptures de la chaîne du froid en logistique et d'un mauvais monitoring des dates de péremption pendant la distribution", explique Sylvain Chevallier, associé Télécoms et Médias chez BearingPoint. Les modélisations des équipes ont abouti à quantifier l'apport du déploiement d'une solution IoT, notamment pour suivre les produits à bonne température : 80% des pertes peuvent être évitées au niveau du transport et 97% pendant la distribution.

ROI et gains environnementaux de pair

Les équipes ont tiré plusieurs enseignements de ces deux livres blancs. Le premier d'entre eux met en adéquations les gains environnementaux avec les initiatives portées jusqu'à présent pour des raisons économiques. "Les entreprises qui ont déployé ou veulent déployer de l'IoT avant tout pour optimiser un processus et aboutir à un retour sur investissement n'ont pas besoin d'investir dans des projets supplémentaires", assure Sylvain Chevallier. Et de citer l'exemple de la gestion de flottes de véhicules. "Les capteurs installés à des fins de géolocalisation permettent d'optimiser les trajets et de réduire la consommation de carburant." Ce fut le cas à Quimper. La collectivité, qui opérait en 2018 une flotte de 367 véhicules, les a équipés en collaboration avec Orange de module de géolocalisation afin d'identifier leurs usages, d'optimiser les tournées et de rentabiliser le parc. Cela s'est traduit par une réduction de 12% du carburant consommé et 8% de la flotte ont été supprimé.

Deuxième message sur lequel insiste Sylvain Chevallier : "Un confort d'usage n'est pas opposé à une démarche à impact positif." Dans le cas de l'irrigation intelligente par exemple, "avoir un impact positif ne signifie pas arroser moins souvent, mais quand la terre en a besoin, au bon moment. Cela passe par une analyse fine mesurée par IoT", poursuit Etienne Robert, chez OBS, qui s'appuie sur le cas de la mairie de Saint-Quentin : pour ses stades et aires sportives gazonnées, la Mairie effectuait des arrosages manuellement ou via des programmes prédéfinis de 2 heures. La connaissance de l'état des sols a abouti à 200 mètres cubes d'eau économisée par terrain les mois les plus chauds de l'année.

"Il y a dix millions de points lumineux en France et seuls 15% ont été rénovés avec des Led"

Nouvel aspect, la crise énergétique met en avant les besoins d'optimisation dans les bâtiments, ce qui permet aux équipes de BearingPoint d'affirmer que dans les secteurs où les rénovations prennent généralement du temps, comme l'éclairage, l'IoT favorise une action immédiate. "Il y a dix millions de points lumineux en France et seuls 15% ont été rénovés avec des Led", précise Christophe Bresson, directeur de la communication chez Signify, entreprise spécialisée dans la conception et la production d'éclairage qui mesure l'impact carbone de toutes ses solutions.

Enfin, l'étude des quinze projets a abouti à une certitude pour Sylvain Chevallier : "Avoir un impact positif passe par le cumul d'une multitude de projets à l'échelle locale." Et de citer l'exemple du monitoring par la société Hostabee de ruches connectées, qui engendre des économies de 146 tonnes de CO2 en permettant à l'apiculteur de ne se rendre auprès de ses ruches qu'au moment opportun, évitant ainsi les déplacements inutiles. Au final, 15% des émissions de CO2 pourraient être évitées en 2030 grâce à l'IoT, selon une étude d'Ericsson. "80% de l'empreinte environnementale des objets connectés provient de leur fabrication et distribution, et 20% de leur utilisation", souligne Gillo Malpart avant d'ajouter en conclusion : "La prochaine étape sera donc de sensibiliser les acteurs à l'étude de cycle de vie des produits et à l'économie circulaire. Mavana projette en ce sens de lancer courant 2023 une base de donnée ouverte, appelée Sobr-IoT, offrant une cartographie des solutions IoT éco-conçues."