Guillaume de Lavallade (Hub One) "Les bagages spéciaux des athlètes des JO seront suivis par IoT"

Les Jeux olympiques représentent différents challenges pour les aéroports de Paris. Explications avec le directeur général de Hub One, filiale d'ADP, Guillaume de Lavallade.

Guillaume de Lavallade, directeur général de Hub One. © Hub One

JDN. Les Jeux olympiques laissent présager des tensions sur les transports. Quel sera le rôle de Hub One, opérateur de télécommunication filiale d'ADP ?

Guillaume de Lavallade. Lors des Jeux olympiques, la problématique ne sera pas liée à la fréquentation, le nombre de passagers devrait être en moyenne le même (l'aéroport de Roissy accueille 200 000 voyageurs chaque jour), mais à la distribution de ces personnes. Nous nous attendons à deux jours de pic, le jour de la cérémonie de clôture et le lendemain, les 12 et 13 août 2024, au moment où toutes les délégations sportives partiront. Pour gérer cette affluence momentanée, nous mettrons en place des enregistrements déportés, pour que les voyageurs puissent réaliser ces procédures depuis le village olympique ou dans les hôtels. Sur place, nous aurons des bus autonomes, dont de premières expérimentations sont en cours sur la plateforme aéroportuaire de Roissy. Pour gérer l'ensemble, notre nouvelle plateforme de données va s'avérer indispensable.

Pouvez-vous en rappeler le fonctionnement ?

La plateforme de données Hub One Data Trust a été lancée en juin pour favoriser les échanges de données entre les différents métiers et leur valorisation (lire notre article "L'aéroportuaire, premier chantier de valorisation de la donnée pour Hub One Data Trust"). Par exemple, les assistants aéroportuaires peuvent avoir des informations des essenciers pour savoir quand le plein d'essence de l'avion est fait, ce qui permet d'optimiser les opérations. Nous avons une infrastructure 5G en exploitation pour bénéficier d'une bonne bande-passante, qui sera utile à ce moment-là. Les données IoT en temps réels aideront les équipes à s'ajuster en cas de modifications de porte d'embarquement par exemple. La plateforme va donc être clé pour une bonne gestion lors des Jeux olympiques.

Comment seront pris en charge les bagages spéciaux des athlètes ?

Les bagages spéciaux des athlètes, comme les perches du saut en hauteur ou les kayaks, représentent un deuxième enjeu fort. Les athlètes y tiennent comme à la prunelle de leurs yeux. Nous renforcerons leur suivi dans le cadre d'un projet IoT dédié et nous créerons des zones d'entreposage dédiées, inhabituelles, sur le tarmac ou dans des aérogares actuellement fermés. Des tags RFID seront utilisés à la fois pour suivre ces colis, mais aussi pour s'assurer que rien ne sort de la zone prévue, dans un usage de sécurité. Je suis sûr que les fédérations utiliseront aussi des traqueurs de leur côté, cette stimulation des clients finaux oblige les compagnies et les aéroports à assurer un niveau de suivi équivalent. La technologie RFID a plus de 30 ans mais avec l'arrivée des Jeux olympiques, on assiste à de nouveaux usages, qui se développent grâce à la baisse du prix des tags.

Pouvez-vous citer un autre usage IoT qui se développe au sein de l'aéroport ?

L'accès à de la mobilité en chaise roulante est un droit que les aéroports garantissent gratuitement. Cette assistance enregistre une demande qui croît de 20% chaque année. A tel point que nous étudions la possibilité d'équiper les chaises roulantes de traqueurs connectés. A la fois pour nous assurer qu'il y a la bonne quantité de chaises roulantes dans tel local, les traquer dans l'aéroport, mais aussi pour éviter qu'une personne en chaise roulante soit abandonnée sans service d'assistance. Il y a eu un précédent où une personne est restée deux heures sans assistance. Pour cet usage, nous étudions la combinaison entre les réseaux LoRaWAN, Wifi et la RFID. Avec les Jeux paralympiques, le projet va certainement s'accélérer.

Et qu'en est-il de la cybersécurité ?

La cybersécurité va être un axe fort car la France représentera une cible au moment des Jeux olympiques. Les attaques seront volumiques et variées en termes d'applicatifs. Il faut que l'on estime tout ce qui peut se produire. Nous mobiliserons toutes les équipes et nous gérerons l'événement comme un moment de crise. Nous travaillons notamment avec Orange sur le sujet. La cybersécurité fait partie de nos métiers. Nous avons racheté en 2018 Sysdream pour nous doter d'une offre de SOC (security operational center, ndlr) qualifié par l'Anssi, ADP étant un opérateur d'importance vitale (OIV). Du côté de l'événement, nous allons devoir mener ces prochains jours des tests de mesures par drones pour vérifier que les activités de l'aéroport n'engendrent pas d'interférences lors des Jeux olympiques.

Guillaume de Lavallade occupe le poste de directeur général d'Hub One, filiale du groupe ADP née en 2001, depuis mai 2018. Il commence sa carrière comme ingénieur avant-vente GSM, chez Nortel Networks de 1997 à 1999. Il a par la suite passé trois ans comme consultant en stratégie au Boston Consulting Group. En 2002, il est nommé directeur d'une business unit chez Thomson, puis au sein de la joint-venture créée avec la société chinoise TCL. Il rejoint SFR en 2007 en tant que directeur marketing réseau, avant de devenir directeur relation client B-to-B et enfin, en 2015, directeur général B2B.