Les algues normandes bientôt dans les assiettes grâce à l'IoT
La jeune start-up Magma met à profit la technologie pour produire en Normandie des algues de qualité, à destination de l'agroalimentaire et de la cosmétique.
Les algues, sources de nombreux bienfaits pour la santé, n'en finissent pas d'envahir notre quotidien. Elles servent d'épaississant dans les crèmes desserts, dans l'agar-agar de pâtisseries et elles donnent leur couleur à divers dentifrices, notamment. "Mais la plupart des acteurs français importent les algues dont ils se servent", regrette Sophie Perdriel. C'est ce qui a poussé la jeune entrepreneuse à fonder à Caen sa start-up Magma, la première entreprise locale de production d'algues de haute qualité pour l'agroalimentaire. Et pour garantir à ses futurs clients cette qualité, Magma mise sur l'IoT.
"Ce sont les capteurs qui vont nous permettre de monitorer nos bassins pour optimiser la production et assurer un approvisionnement fiable", indique Sophie Perdriel. Chaque bassin devra être doté de six capteurs, pour contrôler en temps réel tous les paramètres de production, à savoir la température, la luminosité, la turbidité et la salinité de l'eau ou encore le taux de nutriments dans l'eau, comme le phosphate ou l'azote, nécessaires à la croissance des algues. "Mesurer la qualité de l'eau par des capteurs est indispensable pour s'assurer de la bonne santé des algues", soutient Sophie Perdriel. Les capteurs permettront par ailleurs à Magma de cultiver différentes espèces d'algues pour continuer à produire quelle que soit la saisonnalité. "Par exemple, l'été nous pourrons cultiver des laitues de mer, qui poussent à des températures allant jusqu'à 24°C, et l'hiver des algues rouges, qui se plaisent plutôt à des températures avoisinant les 13°C", détaille Sophie Perdriel.
Une mise sur le marché en 2026
Trouver les bons capteurs reste un challenge pour Sophie Perdriel, qui a commencé par analyser les IoT utilisés en pisciculture et en ostréiculture. "Il faut que les solutions soient très résistantes à la corrosion de l'eau", souligne la fondatrice. Des expérimentations devront lui permettre de quantifier les rendements des algues. Elle se fixe jusqu'à début 2025 pour trouver ses prestataires. Fille d'ostréiculteurs, Sophie Perdriel souhaite se différencier sur le marché par la technologie et démontrer que le secteur peut innover et favoriser la réindustrialisation.
L'objectif pour la jeune start-up, fondée en novembre 2023 après deux années de recherches, est de commencer à vendre sur le marché en 2026. Trois marchés sont ciblés par Magma : l'agroalimentaire, la cosmétique et la nutraceutique (l'industrie des compléments alimentaires, ndlr). Pour l'heure, Magma recherche, dans sa phase actuelle de R&D, des financements et du foncier où implanter ses bassins. "La culture en terre permet de préserver l'environnement marin et de produire de manière standardisée. Nous ne cultiverons que des algues endémiques, qui pousseront près de la ferme", précise Sophie Perdriel. Une ambition qui s'inscrit dans le projet régional lié aux algues : les acteurs de la filières algues en Normandie sont en phase de structuration et de rédaction d'une feuille de route accompagnée d'un plan d'action. Le gouvernement a de son côté lancé une feuille de route nationale pour le développement des filières algales françaises, qui fixe l'objectif de 1 000 tonnes d'algues cultivées produites d'ici 2027, contre 200 tonnes par an actuellement.