Plein emploi : quel projet professionnel pour les NEETs ?

Alors qu'un accord sur la loi pour le Plein Emploi semble trouvé, la France compte encore 1,4 million de NEETS, des jeunes de 16 à 29 ans qui ne sont ni en emploi, ni en étude, ni en formation...

La question des NEETs reste absente des débats médiatiques

Pour les NEETs (jeunes qui ne sont ni en emploi, ni en études, ni en formation), s'insérer dans la société relève du véritable parcours du combattant : 85% de ceux qui candidatent à une formation qualifiante ne sont tout simplement pas admis selon l'INSEE. A l'ère de ChatGPT et de l'accélération de la numérisation de la société, il convient de s’interroger sur le sort et la place de ces jeunes “décrocheurs” sur le marché du travail, a fortiori lorsque l’on sait qu’en 2022, 1 personne en situation de pauvreté sur 2 à moins de 30 ans... Quelle place pour eux dans les secteurs en tension ou dans les secteurs en plein développement ? Puisque le Plein emploi est l’un des objectifs du gouvernement, il est urgent de trouver collectivement des solutions pour donner les clés de l’insertion professionnelle aux 100 000 jeunes qui quittent le système scolaire sans diplôme chaque année.

Des plans gouvernementaux qui restent insuffisants…

Face à ce défi sociétal majeur, l'État agit mais les résultats sont contrastés. En 2020, alors que la crise sanitaire frappe durement les jeunes, le gouvernement lance la plateforme “1 jeune 1 solution”. Mais, si le gouvernement se félicite de son impact, la Cour des comptes est plus mitigée, révélant que « L'efficacité de certaines mesures sur l'emploi, notamment les plus coûteuses, n'est pas avérée »… En 2022, l'État lance le « Contrat engagement jeune » qui vise spécifiquement les NEETs. Mais, une fois encore, un an plus tard le bilan reste contrasté… Si plus de 301 725 contrats ont bien été signés, seuls 40% des jeunes atteignent le seuil de 15 heures de formation par semaine (sur 15h à 20h hebdomadaire prévues dans le programme)  ; quant aux entretiens hebdomadaires, ils sont réalisés dans moins d’1 cas sur 2 (selon un rapport de l'IGAS). Si l’intention est là, la méthode est à revoir.

Des formations sur-mesure qui doivent s’adapter aux profils de ces jeunes

Il ne fait aucun doute que la formation est la pierre angulaire de l’insertion professionnelle des NEETs, mais encore faut-il que celle-ci soit parfaitement adaptée à leurs profils et à leurs besoins. Le challenge est de taille puisqu’il s’agit de redonner le goût de l’apprentissage à des jeunes qui ont quitté les bancs de l’école et de les aider à acquérir les connaissances de base qui leur manquent. Cela passe donc forcément par une remise à niveau en mathématiques, en sciences, en logique, en numérique… des matières essentielles dont le niveau ne cesse de baisser en France, comme en témoigne le rapport « L’Europe de l’éducation en chiffres » : environ 21 % des élèves âgés de 15 ans n’ont pas un niveau suffisant de compétences en compréhension de l’écrit, culture mathématique et culture scientifique…. Des chiffres alarmants tant ces compétences sont déterminantes dans les métiers et les secteurs d’avenir (numérique, travail des auxiliaires de vie et des aides à domicile, développement durable). De plus, au-delà d'être suffisamment attractifs pour pouvoir retenir ces jeunes, les parcours de formation pensés pour les NEETS ne peuvent se passer de l’apprentissage des soft skills. Ces compétences comportementales sont désormais une composante majeure dans les critères de sélection et essentielle dans l’évolution professionnelle.

Collaborer pour leur redonner confiance dans l’avenir

S’il est clair que seule une approche sur-mesure permettra de sortir ces jeunes de la précarité, la réussite de ces programmes ne pourra se faire sans l’aide de partenaires engagés, publics comme privés. Chacun a son rôle à jouer pour aider à la découverte des différents métiers, à la rencontre de role models, à l’intégration dans les entreprises, dans les équipes… L’enjeu est de donner envie à ces jeunes de rejoindre le monde du travail, de leur donner confiance en l’avenir et pourquoi pas en l’écrivant avec eux. En effet, de nombreux secteurs sont en tension, à l’instar du numérique ou encore la filière de l'énergie qui offre également de nombreuses opportunités,  et les talents manquent à l’appel. 

En impliquant les différentes parties prenantes et en favorisant les échanges, les collaborations entre les différents acteurs, associations, entreprises privées et publiques, élus locaux, gouvernement, ces formations pourraient enfin donner des perspectives réelles à ces jeunes. L'écosystème doit agir dans l’unité et ne pas être concurrent pour maximiser son impact. En agissant tous ensemble, il est tout à fait possible d’offrir un avenir à ces jeunes et pourquoi pas, faire le pari de les former aux 85% des métiers qui seront exercés en 2030 et qui n’existent pas encore ?