Et si les mouvements géopolitiques de cet été bouleversaient radicalement le paysage économique de demain ?

Quel est le lien entre l'Afghanistan, la politique énergétique de l'Europe, les cryptomonnaies, le soft power de la Russie et le pyramide démographique de la Chine ? Tout simplement, votre avenir stratégique.

Beaucoup de personne pensent qu’il ne se passe rien en été.

Et pourtant, sur les dernières semaines du mois d’aout 2021, c’est peut-être bien le cadre géopolitique dominant des 60 dernières années qui vient de s’écrouler, sans grand bruit.

Oui, bien entendu, vous êtes pleinement conscients de la débâcle désastreuse de l’armée états-unienne, sur le sol afghan. Sans doute, beaucoup d’entre vous hausseront les épaules et diront : « Une de plus ! », les USA ayant perdus la totalité de leurs engagements militaires des 50 dernières années.

Et vous auriez raison.

Nous pourrions fort bien hausser les épaules, tous en cœur, face à cet énième ratage de la plus grande puissance militaire du monde, une fois de plus mise en déroute par des guerriers autochtones, ridiculement et si pauvrement équipés, mais si fortement et richement armés d’un désir brûlant à l’auto détermination.

Cependant, la situation est cette fois-ci très différente.

En effet, la crise migratoire qu’à subie l’Europe a fait monter dans de nombreux pays des sentiments nationalistes, qui ont été clairement matérialisés dans les urnes, et cela fait peur aux politiques classiques. Cette défaite et les scènes de cahot à Kaboul ont fait paniquer plus d’un responsable d’état et une murmure collégial monte dans les sénats et parlements : « Nous ne voulons plus subir les conséquences de la politique américaines. ».

Et discrètement, l’Europe valide la production énergétique par le gaz

En parallèle à ce triste évènement, l’Europe a validé le plan belge de sortie du nucléaire et le financement des futures centrales à gaz.

Or, la petite Belgique est souvent l’espace de test, des futures grandes actions de l’union et ce y compris pour le Green Deal Européen. Cette première validation, est sans doute la première pierre d’une reconstruction totale de nos approvisionnements énergétiques.

Cependant, cette décision pose fortement question, car l’approvisionnement en gaz n’est pas possible sur base des seules ressources européennes. L’Union devra donc se tourner vers la Russie, leader du secteur.

Certains analystes évoquent ouvertement que ce quasi-monopole est un réel danger car Moscou bénéficiera dès lors d’un levier trop important, pouvant ainsi faire totalement basculer les alliances traditionnelles, nées à la sortie de la seconde guerre mondiale.

Ces mêmes analystes préconisent dès lors un mix énergétique solaire, éolien, hydraulique, gaz et nucléaire, sur base du thorium, qui est nettement moins polluant et dangereux que l’uranium.

Cependant, ces mêmes analystes oublient que les centrales nucléaires actuellement construites dans le monde, le sont sous l’égide et l’expertise chinoise et russe, la France ayant perdu sa position d’acteur majeure du secteur, suite à l’hécatombe d’Areva sous la direction d’Anne Lauvergeon.

Le coup de grâce : l’avènement des cryptomonnaies.

Nous avons donc d’un côté l’influence américaine qui a été fortement secouée pour la défaite afghane et d’un autre côté, une Europe qui semble se lier à la Russie pour l’approvisionnement énergétique.

Et là, sans doute que beaucoup d’entre vous hausseront une nouvelle fois les épaules, en pointant une réalité bien établie : que les USA tiennent les rênes de la Banque Mondiale et qu’ils peuvent couper les échanges économiques du jour au lendemain. Cette politique de sanction a fait ses preuves et elle garantit aux Etats-Unis, même si leur position venait à devenir atrocement délicate, un instrument de soft power, d’une violence et d’une efficacité inouïe.

Sauf qu’entre temps, les cryptomonnaies ont fait leur apparition et que des états, comme la Russie, l’Iran, le Venezuela ou même la Chine (même si cette dernière veut créer une crypto liée à la banque centrale tenue par le parti communiste) ont miné leur propre solution monétaire virtuelle, qui leur permettra de complètement se libérer de la tutelle de la Banque Mondiale : ceci redistribuera complètement les cartes de la géopolitique et de l’économie mondiale.

Bien que touché par des sanctions, ces pays pourront ainsi contourner le bouclier financier imposé par les USA et positionner leurs pions sur l’échiquier mondial.

Vous pensez que le futur de votre croissance est en Chine ? Et bien vous vous trompez.

Depuis des années, tous les yeux sont rivés sur la Chine, ce pays étant vu comme étant le futur numéro 1 mondial de l’économie.

Bien des entreprises, la vôtre peut-être y comprise, ambitionnent de se positionner sur ce marché tentaculaire.

Le retrait progressif des USA, de ses moyens militaires et diplomatiques du moyen orient (à l’heure où j’écris ces lignes, il est quand même incroyable de constater que l’administration Biden n’ont toujours pas élu d’ambassadeur en Israël !), est tout simplement un exercice de redéploiement dans l’océan Pacifique où les USA vont, dans les prochaines années, se positionner de plus en plus comme les défenseurs de intérêts Coréen, Japonais et Australien face au géant rouge.

Il y a fort à parier que l’Europe ne suivra pas les USA sur ces nouveaux mouvements géostratégiques, qui sont trop éloignés géographiquement, ce qui ne justifie donc pas une prise de risque élevée basée sur une prévention d’un hypothétique (voire non existant) risque migratoire et terroriste.

De plus, l’Europe est clairement au fait d’un danger économique évident sur le marché sinophone : la population vieillit trop rapidement. En effet, d’ici 15 ans, les effets de la politique de l’enfant uniquement vont entrainer un bouleversement complet de la pyramide des âges. La Chine ne sera plus en mesure de fournir les volumes de force de travail nécessaires au maintien de son économie, ni même au maintien de ses armées.

La Russie, futur eldorado de nos relations économiques ?

Nous avons donc d’un côté, un Etats-Unis d’Amérique affaiblit politiquement, qui va se retirer peu à peu dans une zone d’influence plus immédiate, qu’est le bassin de l’océan pacifique.

Nous avons une Chine qui va entrer dans une crise démographique sans précédent, qui va impacter négativement ses performances tant économiques que militaires.

Et enfin, nous avons une Russie, accolée à l’Europe, qui débarrassée de la pression de la Banque Mondiale, sera devenue notre partenaire principale afin de répondre à nos indispensables besoins en énergie.

Se pose donc une question : et vous ?

Est-ce que dans votre gestion d’entreprise, vous avez déjà pris le recul nécessaire pour envisager l’avenir de votre entreprise à long terme.

Winston Churchill avait dit : « Le Politicien devient un homme d'Etat quand il commence à penser à la prochaine génération plutôt qu'à la prochaine élection. ».

N’est-ce pas là ce qui sépare aussi le simple CEO d’un réel capitaine de l’industrie économique ?

De plus en plus, des formations en géostratégie et intelligence économique voient le jour. De la formation ciblée, au MBA complet, le secteur de l’enseignement, de part le fait que la géopolitique est un domaine naturellement universitaire, a compris toute l’importance de ces analyses dans le jeu du management d’entreprise.

Force est de constater que cependant, ces outils sont encore bien rares dans l’escarcelle des PDG ; libre à vous de faire évoluer cela !