Innovation française : la propriété industrielle se porte bien

Après 4 années de crise, les dépôts de brevets sont repartis à la hausse en France, en 2023. Une vigueur intellectuelle synonyme d'innovation et d'atouts face aux concurrences européennes ou chinoises

Les chiffres de l’Institut national de la propriété industrielle (INPI) donnent du baume au cœur : selon les Echos, en 2023, l’INPI a enregistré 15 566 demandes de brevets, soit une hausse de +5,6% en un an. Du jamais vu. La France retrouve ainsi le niveau de l’ère pré-COVID 19. Un indicateur significatif de la vitalité des entreprises françaises, malgré les différentes crises – sanitaires comme énergétiques – que la France et l’Union européenne ont traversées ces dernières années. Avec, comme leitmotiv politique et économique : l’innovation.

« S’il y a un point sur lequel les entrepreneurs convergent, c’est bien celui de l’innovation, source de compétitivité, se félicite Pascal Faure, directeur général de l’INPI. Création, recherche et développement, protection de la propriété industrielle, levée de fonds, développement à l’international… Grâce aux évolutions apportées par la loi PACTE, la France se place désormais au meilleur niveau mondial en termes de propriété industrielle, à jeu égal avec les plus grandes puissances économiques. » Et les exemples d’entreprises novatrices sont nombreux.

L’innovation comme moteur

En France, tout le monde innove, grands groupes comme PME et startups. Selon le palmarès 2023 de l'INPI, le constructeur automobile Stellantis a mis les petits plats dans les grands, en devenant l’entreprise nº1 en termes de dépôts de brevets (1542), devant l’entreprise du secteur de la Défense Safran (1232) et l’équipementier Valeo (681). Si le TOP10 est dominé par des mastodonte comme Airbus, Thalès et même L’Oréal, les entreprise

Les chiffres de l'Institut national de la propriété industrielle (INPI) donnent du baume au cœur : selon les Echos, en 2023, l'INPI a enregistré 15 566 demandes de brevets, soit une hausse de +5,6% en un an. Du jamais vu. La France retrouve ainsi le niveau de l'ère pré-COVID 19. Un indicateur significatif de la vitalité des entreprises françaises, malgré les différentes crises – sanitaires comme énergétiques – que la France et l'Union européenne ont traversé ces dernières années. Avec, comme leitmotiv politique et économique : l'innovation.

" S'il y a un point sur lequel les entrepreneurs convergent, c'est bien celui de l'innovation, source de compétitivité, se félicite Pascal Faure, directeur général de l'INPI. Création, recherche et développement, protection de la propriété industrielle, levée de fonds, développement à l'international… Grâce aux évolutions apportées par la loi PACTE, la France se place désormais au meilleur niveau mondial en termes de propriété industrielle, à jeu égal avec les plus grandes puissances économiques. " Et les exemples d'entreprises novatrices sont nombreux.

L'innovation comme moteur

En France, tout le monde innove, grands groupes comme PME et startups. Selon le palmarès 2023 de l'INPI, le constructeur automobile Stellantis a mis les petits plats dans les grands, en devenant l'entreprise nº1 en termes de dépôts de brevets (1542), devant l'entreprise du secteur de la Défense Safran (1232) et l'équipementier Valeo (681). Si le TOP10 est dominé par des mastodonte comme Airbus, Thalès et même L'Oréal, les entreprises de taille intermédiaire et autres PME ont elles aussi fourni leur lot d'innovations et de brevets dans les secteurs de la mobilité, de l'énergie, de la fiducie, des télécoms ou de la santé.

Qui dit dépôt de brevets, dit recherche et développement et concurrence à mettre au pas. Dans le domaine de la R&D automobile, les entreprises françaises surperforment, car la bataille de l'électrification devra être gagnée avant la fin de la décennie : batteries toujours plus performantes, chaînes d'approvisionnement sécurisées, innovations tous azimuts… " On est au début de l'histoire de l'électrification, avance Anne Laliron, directrice de l'innovation sur les technologies vertes, l'énergie et le cycle de vie des véhicules chez Stellantis (Peugeot, Citroën, Fiat, Jeep…). Nous avons une douzaine d'équipes de recherche de ce type, dans lesquelles nos ingénieurs sont associés à des chercheurs et des universitaires. " Objectif : garder une longueur d'avance sur la concurrence européenne… et surtout chinoise.

Les questions de concurrence sont centrales. Dans le secteur fiduciaire par exemple, l'innovation est cruciale, afin d'être à la pointe de la sécurité pour les billets de banque et les documents administratifs officiels. " Le secteur fiduciaire est extrêmement compétitif, constate Thomas Savare, CEO d'Oberthur Fiduciaire, l'un des leaders mondiaux du secteur. Il y a peu d'acteurs par rapport à d'autres secteurs, mais le besoin d'innovation est poussé à l'extrême. Nous devons innover afin de toujours garder une ou plusieurs longueurs d'avance sur les contrefacteurs. L'innovation est également nécessaire pour se démarquer de la concurrence et garantir la confiance des banques centrales et des milliards de personnes qui utilisent les billets de banque au quotidien. " Une entreprise comme Oberthur propose également ses brevets sous forme de licences – comme son produit-phare Bioguard (virucide et biocide) – à d'autres imprimeurs et papetiers de précision. Innover et développer la R&D en France, ça paye à l'international. Pour les entreprises françaises, il est également possible aussi d'étoffer leurs champs de compétences en acquérant des sociétés étrangères détentrices de brevets complétant leur cœur de métier. Chez Oberthur, la direction a ainsi choisi de racheter, en 2023, le Suédois Rolling Optics, afin de développer et d'intégrer son dispositif de sécurité micro-optique Anima.

Des trouvailles, tous secteurs confondus

Si l'on a évoqué les constructeurs et les équipementiers automobiles comme grands pourvoyeurs de brevets made in France, d'autres secteurs ne sont pas en reste. Les noms des entreprises concernées ne sont pas forcément connus du grand public, mais des fleurons sont très actifs. Comme dans la construction – avec de nouveaux matériaux dont Arkema s'est fait une spécialité –, dans l'électronique et la micro-électronique – avec la pépite Soitec – ou encore dans les process industriels – voir les groupes Fives et ARaymond. Beaucoup ont un point commun : intégrer la transition énergétique dans leur ADN. " Nous sommes un acteur de la science des matériaux et développons un positionnement sur des matériaux innovants pour un monde durable, avance Marie-José Donsion, directrice générale en charge des Finances chez Arkema. Notre politique d'innovation est alignée sur les mégatendances que constituent les objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies. Nous nous engageons pour cela dans la transformation des matériaux afin de préserver les ressources naturelles et de contribuer à la décarbonation de l'industrie. "

À noter aussi le rôle prépondérant de la recherche conventionnelle, issue de centres publics ou d'universités. En 2023, des institutions comme le Centre national de la recherche scientifique (CNRS), le Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) ou l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) se sont démarquées, aux côtés de pôles universitaires d'excellence comme l'Université Grenoble Alpes, l'Université de Bordeaux et l'Université Claude Bernard Lyon 1.

Le futur est encore à inventer

Enfin, quand on parle d'innovation, le gros dossier des années à venir se résume en deux lettres : IA, comme Intelligence Artificielle. Toutes les grandes entreprises de l'informatique et des télécommunications tentent de se placer sur ce créneau qui, d'ici 2050, reste à inventer. Car ChatGPT – même dans sa nouvelle version 4.o (o comme omnimodal) – n'est que le début d'une révolution en profondeur de nos métiers et du monde en général.

Chez Orange par exemple, on se prépare en effet à une véritable révolution qui touchera également les questions de propriété intellectuelle. " L'intelligence artificielle va absolument tout changer, assure Bruno Zerbib, directeur exécutif en charge de l'innovation chez Orange. La connectivité telle qu'on la connaît, dans un monde qui va être dominé par l'intelligence artificielle, va radicalement évoluer. On parle là d'un bouleversement de nos utilisations. Pour nous, c'est donc un défi technologique gigantesque. On passe d'une vision historique des réseaux de download à un réseau d'upload, notamment sur les réseaux mobiles. C'est une véritable révolution. " Ces défis entraîneront évidemment de nouvelles technologies encore insoupçonnées, et les brevets qui iront avec. La France va donc devoir innover, encore et encore.

s de taille intermédiaire et autres PME ont elles aussi fourni leur lot d’innovations et de brevets dans les secteurs de la mobilité, de l’énergie, de la fiducie, des télécoms ou de la santé.

Qui dit dépôt de brevets, dit recherche et développement et concurrence à mettre au pas. Dans le domaine de la R&D automobiles, les entreprises françaises surperforment, car la bataille de l’électrification devra être gagnée avant la fin de la décennie : batteries toujours plus performantes, chaînes d’approvisionnement sécurisées, innovations tous azimuts… « On est au début de l’histoire de l’électrification, avance Anne Laliron, directrice de l’innovation sur les technologies vertes, l’énergie et le cycle de vie des véhicules chez Stellantis (Peugeot, Citroën, Fiat, Jeep…). Nous avons une douzaine d’équipes de recherche de ce type, dans lesquelles nos ingénieurs sont associés à des chercheurs et des universitaires. » Objectif : garder une longueur d’avance sur la concurrence européenne… et surtout chinoise.

Les questions de concurrence sont centrales. Dans le secteur fiduciaire par exemple, l’innovation est cruciale, afin d’être à la pointe de la sécurité pour les billets de banque et les documents administratifs officiels. « Le secteur fiduciaire est extrêmement compétitif, constate Thomas Savare, CEO d’Oberthur Fiduciaire, l’un des leaders mondiaux du secteur. Il y a peu d’acteurs par rapport à d’autres secteurs, mais le besoin d’innovation est poussé à l’extrême. Nous devons innover afin de toujours garder une ou plusieurs longueurs d'avance sur les contrefacteurs. L’innovation est également nécessaire pour se démarquer de la concurrence et garantir la confiance des banques centrales et des milliards de personnes qui utilisent les billets de banque au quotidien. » Une entreprise comme Oberthur propose également ses brevets sous forme de licences – comme son produit-phare Bioguard (virucide et biocide) – à d’autres imprimeurs et papetiers de précision. Innover et développer la R&D en France, ça paye à l’international. Pour les entreprises françaises, il est également possible aussi d’étoffer leurs champs de compétences en acquérant des sociétés étrangères détentrices de brevets complétant leur cœur de métier. Chez Oberthur, la direction a ainsi choisi de racheter, en 2023, le Suédois Rolling Optics, afin de développer et d’intégrer son dispositif de sécurité micro-optique Anima.

Des trouvailles, tous secteurs confondus

Si l’on a évoqué les constructeurs et les équipementiers automobiles comme grands pourvoyeurs de brevets made in France, d’autres secteurs ne sont pas en reste. Les noms des entreprises concernées ne sont pas forcément connus du grand public, mais des fleurons sont très actifs. Comme dans la construction – avec de nouveaux matériaux dont Arkema s’est fait une spécialité –, dans l’électronique et la micro-électronique – avec la pépite Soitec – ou encore dans les process industriels – voir les groupes Fives et ARaymond. Beaucoup ont un point commun : intégrer la transition énergétique dans leur ADN. « Nous sommes un acteur de la science des matériaux et développons un positionnement sur des matériaux innovants pour un monde durable, avance Marie-José Donsion, directrice générale en charge des Finances chez Arkema. Notre politique d’innovation est alignée sur les mégatendances que constituent les objectifs de développement durable (ODD) des Nations unies. Nous nous engageons pour cela dans la transformation des matériaux afin de préserver les ressources naturelles et de contribuer à la décarbonation de l’industrie. »

À noter aussi le rôle prépondérant de la recherche conventionnelle, issue de centres publiques ou d’universités. En 2023, des institutions comme le Centre national de la recherche scientifique (CNRS), le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) ou l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM) se sont démarquées, aux côtés de pôles universitaires d’excellence comme l’Université Grenoble Alpes, l’Université de Bordeaux et l’Université Claude Bernard Lyon 1.

Le futur est encore à inventer

Enfin, quand on parle d’innovation, le gros dossier des années à venir se résume en deux lettres : IA, comme Intelligence Artificielle. Toutes les grandes entreprises de l’informatique et des télécommunications tentent de se placer sur ce créneau qui, d’ici 2050, reste à inventer. Car ChatGPT – même dans sa nouvelle version 4.o (o comme omnimodal) – n’est que le début d’une révolution en profondeur de nos métiers et du monde en général.

Chez Orange par exemple, on se prépare en effet à une véritable révolution qui touchera également les questions de propriété intellectuelle. « L’intelligence artificielle va absolument tout changer, assure Bruno Zerbib, directeur exécutif en charge de l’innovation chez Orange. La connectivité telle qu’on la connaît, dans un monde qui va être dominé par l’intelligence artificielle, va radicalement évoluer. On parle là d’un bouleversement de nos utilisations. Pour nous, c’est donc un défi technologique gigantesque. On passe d’une vision historique des réseaux de download à un réseau d’upload, notamment sur les réseaux mobiles. C’est une véritable révolution. » Ces défis entraîneront évidemment de nouvelles technologies encore insoupçonnées, et les brevets qui iront avec. La France va donc devoir innover, encore et encore.