Vous voulez créer un mouvement ? Prenez exemple sur les activistes contre le SIDA
Les mouvements sociaux issus des années 1980 ont prouvé leur efficacité dans le rassemblement des forces axé vers un idéal.
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Créer des
mouvements sociaux. J'ai souvent entendu parler du besoin de créer des
mouvements sociaux afin de s'attaquer à nombre de défis globaux établis tel que
mettre fin à la pauvreté
extrême, promouvoir une plus grande égalité
des revenus et combattre le changement
climatique.
L'histoire
est remplie de mouvements sociaux qui ont connu le succès et l'échec. Les
leçons d'un mouvement actuel que je connais bien (la lutte contre le SIDA)
devraient être examinées de plus près par ceux qui envisagent aujourd'hui de
créer des mouvements.
Leçon n° 1 : le mouvement AIDS croit uniquement en la possibilité et pas en la fatalité du succès.
Les opposants vont se battre et paraîtront inflexibles. Comme ceux
d'entre nous qui ont vécu à travers les premiers jours la lutte
contre le SIDA, il a toujours été tout à fait incertain que nous
atteindrions nos objectifs.
Lorsque nous avons préconisé de fournir ces traitements aux pauvres, il nous a été dit que cela coûtait trop cher, que c'était trop compliqué et que cela offrait de minces perspectives de succès. En fait, quelques-uns des plus importants dirigeants de santé publique se sont opposés avec colère et ont tourné nos efforts en ridicule. Ils parlaient de se concentrer sur la génération suivante en mettant l'accent sur la prévention.
Heureusement, beaucoup d'autres ont vu la souffrance et ont été obligé d'agir, notamment par le biais du mouvement ACT UP, qui était le nom de l'un des groupes activistes phares contre le SIDA. Par conséquent, des millions ont été traités, des millions de vies ont été épargnées et des coûts incalculables humains et économiques ont été évités.
Leçon n° 2 : les activistes doivent être organisés et méthodiques
Les
médicaments contre le SIDA ont été développés en partie parce que les activistes
attaquaient chaque maillon de la chaîne de valeur pour les médicaments et les
traitements, poussant vers plus de financement, plus de recherche, plus de
développement des médicaments et plus de tests. Ils ont démarré avec rien et
dans une période incroyablement courte, des scientifiques ont développé des
médicaments qui traitent la maladie. Aujourd'hui, des scientifiques ont
développés plus de 30 médicaments approuvés par la Food and Drug Administration
(FDA ou l'Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux) pour
traiter le SIDA.
Lorsque
j'étais jeune étudiant en médecine au début des années 1980, les personnes
infectées par le VIH survivaient à peine 28 semaines. Aujourd'hui, grâce à ces
avancées médicales, une personne jeune qui a le VIH devrait vivre 50 ans de
plus.
Le personnel
de santé et les activistes ont également bousculé les ministres de la santé à
travers le monde pour intégrer le traitement contre le SIDA au sein de leurs
systèmes de santé nationaux. Ils ont largement rassemblé et partagé toutes les
preuves concernant les meilleures méthodes pour traiter et prévenir la maladie.
Alors que
nous construisons la prochaine génération de mouvements pour mettre fin à la
pauvreté, combattre le changement climatique et réduire les inégalités, il faut
se souvenir de ces leçons. Les mouvements sociaux font face à des obstacles
redoutables. Certains diront que les buts sont impossibles à atteindre. Mais si
les architectes des mouvements en herbe d'aujourd'hui identifient chaque
obstacle, élaborent des plans détaillés afin de les surmonter et expriment des raisons
impérieuses pour atteindre ces objectifs ambitieux, les mouvements peuvent
réussir et changer le monde.
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Cette chronique est adaptée d'un discours prononcé en Thaïlande par Kim à l'occasion du prix Prince Mahidol qui lui a été remis pour sa contribution dans la lutte contre le SIDA. Trois autres personnes ont également reçu le prix : le docteur Peter Piot pour la santé publique, le docteur David Ho et le docteur Anthony Fauci pour la médecine.
Traduction par Sylvie Ségui, JDN
Cette chronique traduite par le JDN a été publiée via le programme Influencers de LinkedIn, où s'expriment près
de 300 leaders d'opinion. Retrouvez la version originale en anglais ici.