Les émissions de CO² à l’origine de l’acidification des océans

Cette information est pour l’instant toujours méconnue du grand public mais elle est bel et bien réelle : les émissions de dioxyde de carbone (CO²) ne sont pas seulement responsables du changement climatique mais aussi de l’acidification des océans.

Ce phénomène aura des conséquences plus qu’alarmantes sur la biodiversité marine dans les 90 années à venir.
C’est le mercredi 8 octobre 2014, lors de la 12ème Conférence des parties à la Convention sur la diversité biologique se déroulant à Pyeongchang en Corée du Sud qu’une trentaine de spécialistes internationaux de la biologie marine ont tiré la sonnette d’alarme. En effet, ce phénomène n’est pas une éventuelle conséquence des émissions humaines de CO² à venir mais il est déjà en marche.
« Par rapport à la période préindustrielle, l’acidité des océans a augmenté d’environ 26 % » écrivent-ils en introduction de leur rapport.

D’après les chercheurs, si l’Homme continue ses émissions de CO² à niveau équivalent, « les océans verront leur acidité augmenter d’environ 170 % par rapport aux niveaux préindustriels d’ici à 2100 ».
Ce phénomène est tellement hors-norme qu’il est d’une amplitude jamais atteinte depuis maintenant cinquante-six millions d’années et il va à une vitesse jamais observée en trois cents millions d’années. Selon le rapport, « dans les cinquante à cent prochaines années » les émissions de CO² auront inévitablement d’énormes conséquences sur les écosystèmes marins mais aussi sur les biens et les services qu’ils prodiguent. Ce rapport s’intéresse d’ailleurs aux effets sur la biodiversité en général.

Un phénomène aux conséquences désastreuses

Les créatures les plus vulnérables à cette acidification des eaux marines sont celles constituées d’une structure calcaire ou d’une coquille.
Soit, en majorité, les mollusques, les coraux et certaines espèces de planctons. On voit d’ailleurs déjà les effets de ce phénomène sur l’aquaculture dans le nord-ouest des États-Unis ou le rapport fait état d’un grand taux de mortalité dans les exploitations ostréicoles. 

Tout cela ne laisse pas présager de bonnes choses pour la fin du siècle, surtout que nous ne disposons d’aucun moyen de comparaison. En effet, il n’y pas eu de situations comparables dans le passé proche qui pourrait permettre d’évaluer les conséquences de l’acidification des eaux. Néanmoins une étude en Méditerranée d’une zone proche du Vésuve présentant un niveau d’acidité équivalent au niveau estimé pour 2100 suggère « une baisse de 70 % de la biodiversité des organismes calcaire et une chute de quelque 30 % de la diversité des autres organismes ». Une autre zone, cette fois en Papouasie-Nouvelle-Guinée montre que si les émissions de CO² continue sur la même lancée, nous nous exposons à une réduction de 40 % de la biodiversité des coraux.
A noter qu’aujourd’hui, les récifs coralliens restent indirectement la principale source de revenus de  400 millions de personnes vivant en zone tropicale.
Après le réchauffement climatique et maintenant l’acidification des océans, on peut être amené à se demander quelles seront les autres conséquences de nos émissions de dioxyde de carbone. Il devient de plus en plus impératif de les réduire d’autant plus que cette étude ne tient pas compte du réchauffement climatique qui, couplé à l’acidification, devrait avoir des conséquences encore plus désastreuses.