Mobilité étudiante : le nouvel enjeu économique de l'accueil des étudiants étrangers
Avec le double objectif d'accueillir un demi-million d'étudiants étrangers à l'horizon 2027 et de favoriser le départ à l'étranger de davantage d'étudiants, le gouvernement souhaite inverser la tendance pour saisir les opportunités économiques, diplomatiques et sociétales que la mobilité étudiante permet. L'enjeu est de taille et les moyens se doivent d'être conséquents.
Les étudiants en mobilité internationale sont aujourd’hui 5,5 millions à travers le monde et pourraient être 9 millions en 2025 (selon les données de l’UNESCO).
Représentant près de 13% des étudiants inscrits en France, les étudiants étrangers constituent une composante croissante du "soft power" français, comme pour tout pays désireux d'avoir une influence réelle sur la scène internationale. Les stratégies d'attractivité se multiplient dans le monde et la place de la France a reculé ces dernières années à la 5ème place, derrière l'Allemagne.
Attirer les étudiants étrangers : un enjeu économique certain
Le poids diplomatique des universités est considérable. Au-delà de contribuer au rayonnement intellectuel mondial d’un pays, elles en forment les élites, et deviennent un outil essentiel de diffusion d’une culture.
Les étudiants internationaux représentent également un intérêt économique pour les pays qui les accueillent - 1,7 milliard d’euros annuels d’apport économique net rien que pour la France*. Une goutte d’eau, pourtant, ramenée à la réalité mondiale d’une mobilité étudiante qui explose.
La France, qui compte historiquement parmi les premières destinations des étudiants internationaux, a toujours accueilli ces derniers à égalité avec les étudiants français, dans le cadre d’un enseignement supérieur parmi les moins chers du monde. Face à la fulgurance d’une concurrence renouvelée, le gouvernement a lancé l’ambitieux plan « Bienvenue en France » prévoyant de profondes modifications des conditions d’études en France pour les étudiants internationaux.
L’objectif : améliorer les conditions d’accueil des étudiants tout en renforçant sensiblement la qualité de l’enseignement. Parmi les mesures, certaines sont cependant sujettes à controverse. C’est notamment le cas de la hausse annoncée des frais d’admission, que d’aucuns anticipent comme contre-productive, en particulier dans un contexte où cette exception française apparaissait comme un avantage comparatif décisif. Nul doute que nous devrons collectivement faire émerger de nouveaux atouts pour relever le défi de l’attractivité.
Harmoniser les procédures pour fortifier le système éducatif français
Parmi les principaux freins à l’arrivée des étudiants internationaux en France, la complexité administrative est certainement la plus citée par les étudiants. Outre la lourdeur de la procédure elle-même, sa disparité de traitement relève du parcours du combattant et conduit souvent à un sentiment d'injustice. La France, pour relever le pari des 500 000 étudiants étrangers accueillis en 2027, devra impérativement procéder à une révision et une simplification des conditions d’accès.
L’attractivité de l’enseignement supérieur d’une nation dépend aussi des modalités d’entrée et de séjour sur son territoire : la procédure d’octroi des visas étudiants est régulièrement décrite comme à la fois complexe, lente et coûteuse. Les modalités et la durée d’instruction des dossiers par les consulats sont très variables et il arrive que le visa ne soit obtenu qu’après le début de l’année scolaire, ce qui peut être anxiogène pour les étudiants concernés.
Il convient de développer toutes les initiatives permettant à la fois de réduire la complexité des démarches et d’accélérer le traitement des dossiers. Seule la possession effective du titre de séjour permet aux étudiants, à la fois d’effectuer toutes les démarches nécessaires à la vie quotidienne (ouverture d'un compte bancaire, par exemple) et d’accéder à l’aide au logement.
Il faudrait donc parvenir à s’assurer de la prise en charge effective des étudiants. Plusieurs pistes mériteraient d'être explorées : rendre obligatoire l'utilisation de l'Attestation de Virement Irrévocable (AVI) ou compte bloqué pour justifier les ressources financières pour obtention de visa ; comme le fait l'Allemagne, harmoniser au niveau européen la politique d'octroi de visa étudiant, développer des dispositifs permettant un accès à un premier logement transitoire à l’arrivée des étudiants étrangers, ouvrir une réflexion sur les prêts à destination des étudiants étrangers, en prenant les précautions nécessaires…
*Rapport d’information parlementaire n°1763, sur l’accueil des étudiants étrangers en France, mission du 13 février 2019, co rapporteurs M. Pascal BRINDEAU et Mme Marion LENNE